Les libraires du Comptoir vous proposent des sélections thématiques. Celle d'aujourd'hui se concentre sur l'autisme.
Le 2 avril est la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, qui vise à mettre en lumière ce trouble encore mal connu pour lutter contre les préjugés qui persistent à son encontre. Malgré une évolution des mentalités sur le sujet, nombre de personnes atteintes d'autisme continuent de se sentir incomprises et isolées. Afin d'inverser cette tendance et de construire un monde plus inclusif, l'heure est à l'information et à la lecture.
L'autiste créateur, Gwénola Druel (Presses universitaires de Rennes)
Ce n'est pas sur les déficits, les incapacités, les aspects handicapants de l'autisme que se focalise le présent ouvrage, mais sur les inventions de l'autiste pour parer à ce qui l'inquiète, l'envahit et ordonner le monde extérieur et le tourment intérieur. L'autiste veille à ce que l'environnement demeure "immuable" (L.Kanner), à la recherche de repères fixes qui ordonneraient le chaos du monde et de leurs émotions. Ainsi, l'immuabilité que l'autiste peut rechercher avec insistance témoigne d'un effort constant de maîtrise, d'ordonnancement, tentative pour vivre dans un monde qu'il se doit de sécuriser afin d'éviter l'insupportable d'une rencontre avec l'imprévisible, l'inattendu. L'autiste se caractérise par une "extrême solitude" (L.Kanner), un retrait du lien social, non pas sur le versant d'une incapacité à entrer en contact avec autrui, mais comme" manière d'être" au monde. Quelque soit la massivité du repli, nous pouvons parier sur ses compétences singulières et réserver toute sa place au potentiel de créativité de chaque autiste. Telle est l'hypothèse qui traverse les contributions présentées dans cet ouvrage collectif, réunissant médecins, psychiatres, chercheurs, enseignants, éducateurs, psychologues, psychanalystes, tous praticiens auprès d'autistes.
L'Autiste, son double et ses objets, Jean-Claude Maleval (Presses universitaires de Rennes)
L'autiste n'est pas un handicapé mental, mais un sujet au travail pour tempérer son angoisse. Telle est l'hypothèse première qui traverse les articles présentés dans ce livre collectif, réunissant médecins, psychiatres, chercheurs, enseignants, psychologues, psychanalystes, instituteurs, tous praticiens auprès d'autistes. Il met l'accent sur deux points essentiels concernant la construction subjective de l'autiste : l'appui trouvé sur un double et l'importance capitale de l'objet autistique.
Actualités sur l'autisme, Laetitia Baggioni, Aline Tessari Veyre et Evelyne Thommen (Éditions de l'EESP)
Metteur en scène français atypique, André Engel travaille depuis 1972 pour le théâtre et l'opéra. Venu au théâtre par hasard, il crée d'abord ses spectacles "hors les murs" (haras, usine, hangar) avec une même équipe de création, les dramaturges Bernard Pautrat puis Dominique Muller, le décorateur Nicky Rieti et l'éclairagiste André Diot. Nourri de philosophie allemande et de lectures situationnistes, André Engel a proposé un renouvellement du statut du spectateur. Son œuvre portée par la tentation du cinéma est une aventure théâtrale soutenue par une poésie de l'errance, du voyage et de la dérive. Véritable machine de guerre contre "la société du spectacle", le théâtre est pour lui le lieu et le moyen d'un combat contre le monde aliéné, pour la reconquête de l'authenticité du réel. Étayé par des analyses de spectacles, cet ouvrage biographique vient combler une lacune manifeste dans l'histoire théâtrale du dernier quart du vingtième siècle en faisant place à un de ses artistes majeurs.
Pour en finir avec les malheurs de Sophie, Isabel Messer et Mireille Scholder (Éditions Alphil)
Il s'agit du récit croisé des différents protagonistes qui ont oeuvré à la liberté retrouvée d'une jeune femme atteinte d'autisme. Au moment où cette histoire commence, Sophie (nous l'avons appelée ainsi) vit à l'hôpital, attachée depuis presque deux ans. Plusieurs médecins prétendent qu'elle ne pourra jamais vivre détachée et d'aucuns vont même jusqu'à demander qu'une exception soit prévue dans les directives légiférant les mesures de contrainte: une exception qui permette de contenir Sophie à jamais, devenue dans le jargon des spécialistes, "une situation extrême".
Affinity therapy, Myriam Perrin (Presses universitaires de Rennes)
Tout s'est précipité aux États-Unis à partir du printemps 2014. Le célèbre journaliste politique Ron Suskind publie le 1er avril Life, animated. Il y décrit "sa rencontre" avec son fils autiste Owen grâce au monde de Disney. Owen est ainsi sorti de son retrait, il s'est mis à parler et a développé de nombreuses capacités. R. Suskind témoigne précisément du soutien des inventions d'un autiste par les membres de sa famille. C'est ce qu'il nomme, fort justement, l'Affinity therapy. Nombreux sont les parents qui parient, souvent contre l'avis des experts, sur les capacités auto-thérapeutiques de leur enfant autiste, accueillant leurs affinités quelles qu'elles soient. Nombreux sont les autistes qui témoignent de l'appui fondamental qu'elles constituent, tout comme le soutien d'un de leurs proches. Il s'agit pour le chercheur, le professionnel et le psychanalyste d'apprendre des conséquences de l'Affinity therapy, non seulement d'écouter les autistes, mais aussi le savoir-y-faire des parents, leurs paroles transmettant inventions et trouvailles de chacun pour créer du lien L'écho considérable dans les médias américains et britanniques de l'ouvrage de Ron Suskind contraint aujourd'hui les spécialistes et chercheurs du monde entier à une modification radicale de la considération des obsessions ou fixations, des passions ou intérêts spécifiques dans le traitement des autismes, majoritairement fustigés ou considérés comme des lubies passagères, à éradiquer. Cet ouvrage interroge ainsi la considération des affinités dans diverses approches de l'autisme et ouvre le débat quant à la question du diagnostic, de l'étiologie et du déterminisme de l'autisme, et plus largement les points de butées que la science rencontre chez l'autiste. La visée majeure de cet ouvrage – visée politico-clinique – est de montrer l'intérêt de l'Affinity therapy, d'en déplier la portée ainsi que ses accointances avec le traitement de l'autisme mis en oeuvre dans la " pratique à plusieurs " s'orientant du discours analytique.
Autisme et intégration, Jean-Claude Grubar, Monique Martinet, Jean-Pierre Müh et Bernadette Roger (Presses Universitaires du Septentrion)
À des prises en charge de type ségrégatif des enfants autistiques, des parents et des professionnels ont tenté des prises en charge intégratives, en particulier, à l'école, milieu de socialisation par excellence. Autisme et intégration fait le bilan d'expériences françaises de tentatives d'intégration d'enfants autistiques dans le système scolaire ordinaire.
Lors de chaque événement de notre programmation, nos libraires vous accueillent au Comptoir, au 1er étage de la Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 54 Boulevard Raspail - Paris 6.
Les libraires du Comptoir vous proposent des sélections thématiques. Aujourd'hui, projecteurs sur les arts de la scène...
Chaque année, le théâtre est célébré le 27 mars à l'occasion de la Journée Mondiale qui lui est consacrée. Reflet de la société, l'art dramatique est depuis l'Antiquité un support de réflexion et de dialogue, ainsi qu'un moyen d’explorer la condition humaine. Afin de souligner son importance majeure pour notre société, nos libraires vous invitent à les suivre dans les coulisses des planches et de la scène...
Au Théâtre !, Pascale Goetschel, Jean-Claude Yon (Éditions de la Sorbonne)
Aller au spectacle, à l'époque contemporaine, est une activité relativement banale et pratiquée dans toutes les parties du monde, selon toutefois des modalités et des enjeux qui varient considérablement dans le temps et l'espace. L'objet des quinze études réunies dans ce volume est d'étudier ce phénomène dans toute sa variété. De la fin du XVIIIe siècle à nos jours, de l'Amérique latine à la Russie en passant par Londres et Paris, Au théâtre! en présente les différents aspects. Attente dans la queue, trafic de billets, goûts et stratégies sociales, codes et rituels, petits métiers liés à la sortie: tous ces éléments et bien d'autres sont ici analysés pour mieux appréhender cette expérience singulière qu'est la sortie au spectacle.
Anthologie du théâtre irlandais d'Oscar Wilde à nos jours, Élisabeth Hellegouarc'h (Presses universitaires de Caen)
Cette anthologie bilingue rend compte de la floraison exceptionnelle du théâtre irlandais depuis les dernières années du XIXe siècle jusqu'aux productions actuelles de McGuinness ou de Barry, grâce à un choix d'extraits des meilleures pièces que précèdent des introductions rédigées par des spécialistes de chacun des auteurs. C'est un foisonnement de courants, d'idées et de formes que cet ouvrage nous invite à découvrir.
André Engel. Œuvre théâtrale, Véronique Perruchon (Presses Universitaires du Septentrion)
Metteur en scène français atypique, André Engel travaille depuis 1972 pour le théâtre et l'opéra. Venu au théâtre par hasard, il crée d'abord ses spectacles "hors les murs" (haras, usine, hangar) avec une même équipe de création, les dramaturges Bernard Pautrat puis Dominique Muller, le décorateur Nicky Rieti et l'éclairagiste André Diot. Nourri de philosophie allemande et de lectures situationnistes, André Engel a proposé un renouvellement du statut du spectateur. Son œuvre portée par la tentation du cinéma est une aventure théâtrale soutenue par une poésie de l'errance, du voyage et de la dérive. Véritable machine de guerre contre "la société du spectacle", le théâtre est pour lui le lieu et le moyen d'un combat contre le monde aliéné, pour la reconquête de l'authenticité du réel. Étayé par des analyses de spectacles, cet ouvrage biographique vient combler une lacune manifeste dans l'histoire théâtrale du dernier quart du vingtième siècle en faisant place à un de ses artistes majeurs.
Actrices mythiques, mythe de l'actrice sur les scènes occidentales (1870-1910), Yannick Hoffert, Lucie Kempf (Presses universitaires de Nancy - Editions Universitaires de Lorraine)
Durant la période 1870-1910, des femmes règnent sur les scènes européennes. Elles se nomment Sarah Bernhardt, Eleonora Duse, Polina Strepetova, Maria Savina, Maria Ermolova, Vera Komissarjevskaïa. La dimension mythique qu'elles acquièrent entre en dialogue avec l'affirmation, dans les textes dramatiques européens, d'un mythe de l'actrice. À travers ces actrices vues sur les scènes, starifiées par la presse, rêvées par la littérature et par le cinéma, la culture occidentale d'hier et d'aujourd'hui projette et interroge ses représentations de l'individu, de l'autre, du désir, mais également de la place de la femme dans l'espace public. Les chapitres de cet ouvrage, rédigés par des spécialistes russes, italiennes, françaises, américaines, sont présentés tantôt en français, tantôt en anglais.
Coulisses, n° 44/Printemps 2012, David Ball (Presses universitaires de Franche-Comté)
Espace technique et dramatique, lieu ouvert ou lieu clos, le hors-scène pose la question des frontières de la scène à travers le décentrement et le dépaysement du regard, focalisé non plus sur la lumière et les planches, mais sur son dehors, son extérieur, son autre ou son envers. Chaque mot compte pour dire le hors-scène et pour le mettre en jeu. De façon radicale, l'imaginaire du hors scène, distinct de celui de la scène, se développe à partir d'une matrice plus obscure du spectateur, faite de dégagements – les entrées et les sorties des acteurs, et prenant ses racines dans les enfers – les dessous de la scène. Du côté des Théâtres d'ailleurs, pleins feux sur Haïti avec la pièce contemporaine d'Évelyne Trouillot, Le Bleu de l'Île et sur la Côte d'Ivoire autour de Maurice Bandaman.
Directeurs de théâtre XIXe-XXe siècles, Pascale Goetschel, Jean-Claude Yon (Éditions de la Sorbonne)
Claretie, Larochelle, Astruc... Ces noms de directeurs de théâtre évoquent- ils encore quelques souvenirs aujourd'hui ? Est-il d'ailleurs possible de donner une définition du métier de directeur de théâtre ? Gestionnaire, meneur, artiste, il est censé réunir des qualités si diverses qu'il est bien difficile d'en dresser un profil type. Aussi l'ambition de cet ouvrage collectif n'est-elle pas mince : éclairer, sur deux siècles, les XIXe et XXe siècles, les contours de cette profession - vocation ? fonction ? - encore largement méconnue. Pour ce faire, les études rassemblées ici croisent les approches, au carrefour de l'économique et du social, du politique et du culturel. Elles proposent des lectures des représentations et des discours mais aussi des règles, des usages et des pratiques. Appréhendant le théâtre privé comme le théâtre public, le cas français comme celui de plusieurs pays européens, l'ensemble des contributions entend proposer, par la description, la confrontation et la comparaison, des pistes pour l'histoire d'une profession au coeur du spectacle vivant.
Double jeu, n°18/2021, Pierre Causse, Léa Chevalier, Valérie Vignaux (Presses universitaires de Caen)
Longtemps restés à l'ombre des ateliers et des studios, les décorateurs se trouvent rarement au centre de l'attention. Loin des usuelles perspectives dramaturgiques ou auteuristes, ce numéro de Double Jeu propose de mettre en lumière les techniques et le savoir-faire de ce groupe professionnel. Au croisement du théâtre et du cinéma, il interroge les manières de penser et fabriquer les décors: comment sont-ils conçus ? Quel est leur rôle et leur statut ? Les textes organisés en trois axes problématiques questionnent les méthodologies d'approche du décor au regard des diverses ressources mises à disposition dans les fonds d'archives. Forts de ces premières recherches, les auteurs écrivent une histoire des pratiques et examinent les processus de représentation du réel au théâtre, au cinéma mais aussi à l'opéra entre le XIXe et XXIe siècle.
Écritures théâtrales du traumatisme, Christiane Page (Presses universitaires de Rennes)
Tout au long du XXe siècle, et notamment depuis les deux guerres mondiales, la question du traumatisme est devenue objet de réflexion et de discours, objet d'art pourrait-on ajouter, ou du moins source de création. Les artistes contemporains, tous champs confondus, la mettent au centre de leurs recherches et de leurs œuvres, inlassablement. Leur acte est une tentative de transformer un réel insupportable en expérience à partager ou à transmettre. Les écritures contemporaines du traumatisme s'inscrivent dans une quête difficile, questionnant l'idée d'une "évolution" continue, d'un progrès de l'espèce humaine, car la barbarie régulièrement fait retour provoquant un effet de choc inassimilable. De ce traumatisme prenant des formes différentes mais pouvant se lire comme des répétitions de l'histoire, qu'est-ce qui peut se transmettre ? L'acte artistique, l'écriture théâtrale ont-ils un pouvoir, et lequel ? L'ouvrage montre la diversité des réponses et des approches. La première partie "De l'écriture théâtrale du traumatisme à une esthétique de la résistance " est consacrée à Charlotte Delbo, qui a choisi de faire œuvre littéraire en réponse à la barbarie. La deuxième, "La barbarie : avenir de l'humanité ? Une esthétique du cri ou du silence ?", étudie la problématique de l'écriture théâtrale du traumatisme à partir du répertoire international, de manière transhistorique et transdisciplinaire, en privilégiant les expériences et écritures de femmes. Pour aborder ces questions, le projet de cet ouvrage a été de solliciter, non seulement des chercheurs en études théâtrales, langue ou ethnologie mais aussi des chercheurs orientés par la psychanalyse dont on connaît la relation étroite avec le théâtre.
Cahiers du théâtre antique, nouvelle série n° 4/2021, Agnès Lafont, Marie-Pierre Noël, Pierre Pontier (Presses universitaires de Franche-Comté)
Dans son récent Qu'est-ce que la mythologie grecque ?, Claude Calame relève "l'inépuisable richesse sémantique et figurée des récits que nous identifions comme mythiques". Le mythe, par nature polysémique, est ainsi l'affaire de chaque génération qui en hérite et qui le transpose dans des aires culturelles et selon des perspectives nouvelles, recréant ainsi à l'infini sa forme et sa signification. Ce sont les processus à l'œuvre dans cette recréation permanente – assimilation, comparaison, superposition, concaténation mythologique – que nous nous proposons d'étudier dans ce recueil sur la longue durée, de l'Antiquité gréco-romaine au xviie siècle, en France et en Angleterre.
Lors de chaque événement de notre programmation, nos libraires vous accueillent au Comptoir, au 1er étage de la Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 54 Boulevard Raspail - Paris 6.
Les libraires du Comptoir vous proposent des sélections thématiques. Pour la journée internationale de commémoration des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, ils ont choisi de mettre en lumière des ouvrages essentiels pour approfondir la compréhension de cette histoire et de ses héritages.
En 2006, l'Assemblée générale des Nations Unies a reconnu que "la traite des esclaves et l’esclavage sont à compter parmi les plus graves violations des droits de l’homme dans l’histoire de l’humanité, notamment de par leur ampleur et leur durée". En conséquence, et depuis 2008, le 25 mars est devenu la Journée internationale de commémoration des victimes de l'esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. L'objectif de cette journée de mémoire est triple : reconnaître le passé, réparer le présent et construire un avenir de dignité et de justice.
Jacques Louis David, la traite négrière et l'esclavage, Philippe Bordes (Éditions de la MSH)
De son voyage à Nantes au printemps 1790, Jacques Louis David rapporta une vaste composition allégorique, inspirée par l'esprit révolutionnaire qui avait très tôt pris racine dans la cité portuaire. Le présent essai en propose une analyse serrée soulignant que, lors de son séjour dans le premier port négrier de France, le peintre fut inévitablement confronté à la réalité du commerce des esclaves. En déchiffrant la polysémie iconographique de son dessin, Philippe Bordes y voit une métaphore de l'esclavage – ou plus exactement d'un esclavage Noir-Blanc, dans le double sens colonial et métropolitain – que David voulut y déployer. Il met en lien cette composition avec l'influence de son entourage parisien, qui comptait plusieurs membres de la Société des Amis des Noirs, et avec les vifs débats sur l'abolition de la traite négrière au sein de l'Assemblée nationale et en dehors. L'histoire renouvelée du séjour nantais de David se révèle alors comme le moment de l'entrée en Révolution de ce géant de la peinture en tant que citoyen et artiste.
Écrire l'esclavage dans la littérature pour la jeunesse, Christiane Connan-Pintado, Sylvie Lalague-Dulac, Gersende Plissoneau (Presses universitaires de Bordeaux)
Depuis la promulgation de la loi Taubira qui, en 2001, institue l'esclavage comme crime contre l'humanité et prescrit son enseignement dans les classes, l'édition pour la jeunesse et la recherche se sont emparées de cette question vive. Ce contexte mémoriel, éditorial et scientifique invite à étudier, au plan historique et littéraire, la prise en compte de l'esclavage dans les livres pour la jeunesse, ses modalités et ses enjeux. Il s'agit d'interroger le genre de la fiction historique, ses atouts et ses limites dans un domaine régi par une tension permanente entre le docere et le placere.
La Suisse et l'esclavage des noirs, Thomas David, Bouda Etemad, Janick Marina Schaufelbuehl (Éditions Antipodes)
En septembre 2001, la Suisse a signé, avec 162 autres pays, la Déclaration de Durban élaborée au terme de la troisième Conférence mondiale contre le racisme, reconnaissant que "l'esclavage et la traite des esclaves constituent un crime contre l'humanité". Tout en s'associant à cette occasion à la communauté internationale, la Suisse a voulu marquer sa différence en soulignant, par la voix de son représentant, qu'elle n'avait "rien à voir avec l'esclavage (ou) la traite négrière". Au vu de ce que révèle ce livre, ce point de vue n'est guère défendable. Il y est établi qu'aux XVIIIe et XIXe siècles des marchands, des maisons de commerce et des financiers suisses ont été impliqués dans la traite des Noirs soit en fournissant des produits contre lesquels étaient échangés des captifs noirs sur les côtes africaines, soit en participant à au moins une centaine d'expéditions négrières lancées avec des navires baptisés La Ville de Basle, Les 13 Cantons, La Ville de Lausanne, Le Pays de Vaud ou L'Helvétie. Au total, les Suisses auraient directement ou indirectement contribué à la déportation de quelque 175'000 Noirs vers les Amériques. Ce livre révèle par ailleurs que des Helvètes n'étaient pas seulement des négriers, mais également des esclavagistes, et qu'ils ont de surcroît contribué à maintenir le système américain de plantation esclavagiste. D'un côté, ils ont exploité des Noirs sur des plantations dont ils étaient les propriétaires dans les Caraïbes et sur le continent américain. De l'autre, des soldats confédérés ont participé à la répression de révoltes d'esclaves. En Suisse, comme dans le reste de l'Europe, de telles pratiques n'ont pas manqué d'être dénoncées par des associations antiesclavagistes, apparues dans plusieurs cantons au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Ce livre caractérise pour la première fois le mouvement abolitionniste suisse en scrutant les motivations, les valeurs et les arrières pensées de ses membres.
La revue du philanthrope, "Les ports négriers et les mémoires de la traite et de l'esclavage", n° 7/2018, Bernard Michon, Éric Saunier (Presses universitaires de Rouen et du Havre)
Depuis 1998, l'histoire de la traite atlantique, de l'esclavage et de leurs abolitions est l'objet d'une patrimonialisation particulièrement perceptible dans les espaces urbain et muséographique des anciens ports négriers des trois continents qui furent au cœur de "l'odieux commerce". Partant de ce constat, il semblait nécessaire de réunir, 20 ans après ce moment fondateur, des chercheurs et des acteurs de la société civile pour engager une réflexion collective sur les problèmes et les enjeux inhérents à ce processus récent d'appropriation du passé négrier. C'est le résultat de cette réflexion qui est au cœur de ce nouveau numéro de la Revue du Philanthrope.
Isaac Mason. Une vie d'esclave, (Presses universitaires de Rouen et du Havre)
Né esclave en 1822 sur la rive est du Maryland, Isaac Mason échappe à sa condition en prenant la fuite en 1847, à l'âge de 25 ans. Ce n'est toutefois qu'en 1893, soit près de 30 années après l'abolition de l'esclavage par les États-Unis, qu'il publie Life of Isaac Mason as a Slave. Comme son auteur, ce récit est inconnu du grand public – y compris aux États-Unis. Écrit des décennies après l'émancipation, le récit d'Isaac Mason dénonce bien sûr les souffrances endurées par les esclaves, ce qui n'est pas sans rappeler les récits canoniques de Frederick Douglass ou William Wells Brown, mais est aussi une formidable histoire de résilience et de fierté. Il constitue également un témoignage éclairant sur la mobilité et la circulation des Noirs, esclaves, fugitifs ou libres, dans l'Amérique d'avant la guerre de Sécession.
Figures d'esclaves : présences, paroles, représentations, Éric Saunier (Presses universitaires de Rouen et du Havre)
Quelles sources les chercheurs mobilisent-ils pour approcher la complexité du "fait esclavagiste" issu de la traite transatlantique ? Que tirent les historiens de leur retour vers des sources d'archives utilisées par leurs prédécesseurs et de l'entrée d'instruments méthodologiques novateurs dans ce champ de la recherche pour lequel on observe un regain d'intérêt ? Que peuvent apporter la peinture, le cinéma ou l'étude de l'imaginaire visuel à la connaissance de l'impact de l'esclavage dans les sociétés depuis plus de trois siècles ? Telles sont les principales questions qui constituent l'aiguillon de Figures d'esclaves, un ouvrage dans lequel quinze historiens, sociologues, anglicistes, anthropologues et spécialistes de littérature se sont réunis dans le but de présenter des études inédites.La publication de cet ouvrage s'inscrit dans le cadre du programme de recherche financé par la région Haute-Normandie : "La Haute-Normandie : une tradition d'ouverture sur le monde". Ouvrage dirigé par Éric SaunierAvec les contributions d'Harry-Pascal Bannais, Sylvie Barot, Jacques de Cauna, Prosper Eve, Richard Flamein, Bernard Gainot, Brigitte Kowalski, Nick Nesbitt, Érick Noël, Claire Parfait, Thomas Raffin, Frédéric Regent, Marie-Jeanne Rossignol, Philippe Vitale et Anne Wicke.
Lors de chaque événement de notre programmation, nos libraires vous accueillent au Comptoir, au 1er étage de la Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 54 Boulevard Raspail - Paris 6.
Les libraires du Comptoir vous proposent des sélections thématiques. À l'occasion de la journée mondiale de la poésie, ils se donnent pour mission de nous en faire découvrir davantage sur cet art littéraire.
Véritable porte sur l'imaginaire, la poésie est une façon unique d’exprimer les émotions et les pensées à travers le rythme et les mots. C'est un vecteur qui permet de voir le monde autrement, d'en explorer la beauté pour cultiver notre regard sur la vie et sur ce qui nous entoure. Aujourd'hui plus que jamais, elle est nécessaire en raison même de sa contignence ; elle nous invite à nous souvenir de l'universalité humaine et des liens qui existent entre les individus par-delà les frontières et les différences.
Poèmes à Chieko, Éric Benoit (Presses universitaires de Bordeaux)
TAKAMURA Kôtarô (1883-1956) a beaucoup contribué à la fondation de la poésie japonaise moderne. Son livre, Chieko-shô, traduit ici sous le titre Poèmes à Chieko, demeure l'un des recueils de poèmes les plus lus au Japon depuis la parution de sa première édition. Il rassemble surtout des poèmes en vers libres où TAKAMURA évoque son amour pour sa femme Chieko, ainsi que sa douleur face à la maladie et à la mort de celle-ci. C'est ici la première traduction française de ce recueil.
Dans une rime de bois, Eve De Dampierre-Noiray (Presses universitaires de Bordeaux)
Cet ouvrage plurilingue, où deux poèmes en arabe sont confrontés à leur traduction en français, allemand, espagnol, anglais, italien et hébreu, a pour objet d'éclairer à travers un extrait de l'œuvre du poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008), certains des enjeux spécifiques à la langue arabe et à sa traduction, mais aussi à la traduction poétique. Comment peut-on transmettre les spécificités rythmiques et sonores d'une langue et de la tradition littéraire dans laquelle elle se déploie ? Quels partis pris de lecture sont les nôtres devant un texte étranger, exotique, ou perçu comme irréductiblement "autre" ? Dans quelle mesure le rôle politique qui fut celui de Darwich en tant que porte-parole de la cause palestinienne voire poète national de la Palestine peut-il influencer la manière de traduire ses textes poétiques, selon les langues concernées ? Les lecteurs trouveront dans cet ouvrage une tentative de réponse à ces différentes questions et, qu'ils soient seulement francophones ou portés vers d'autres langues (maîtrisées ou simplement abordées), qu'ils soient en mesure de comprendre la langue originale ou s'intéressent peut-être à la graphie ou au dessin de l'arabe, ils pourront parcourir ce florilège de traductions. Cet ouvrage, composé d'une présentation et de fiches numérotées, que l'on peut manipuler à sa guise, tel un manuel ou des cartes à jouer, ou encore étaler sur la table devant soi comme un seul grand texte, nous invite à découvrir à la fois la langue arabe, la poésie de Mahmoud Darwich, et le chemin qui relie l'écriture et la lecture à travers la traduction.
Sortir de l'est de la Méditerranée, Nouri Al-Jarrah (Europia productions)
"Veine rare et d'autant plus précieuse, Une barque pour Lesbos est un poème épique et polyphonique : les Syriens quittent leur Troie en flammes et tentent, au péril de leur vie, de rejoindre l'île de Lesbos où la poétesse Sappho, elle aussi contrainte à l'exil, accueille ses enfants naufragés. Né en 1956 à Damas et exilé à Londres depuis 1986, le grand poète syrien Nouri Al-Jarrah, ressuscitant les mythes grecs, fait entendre, dans cette épopée tragique et élégiaque traduite par un écrivain tunisien (dont un roman, L'impasse, paraît chez le même éditeur), les "voix" douloureuses de son peuple martyr : sur ses "tablettes" de sang, s'inscrivent les visages cuivrés de ses frères qui viennent mourir avecl'écume sur les plages de l'Occident aussi bien que "les chagrins de Télémaque" ou "le regard de Pénélope" au départ de son "Ulysse" dont bientôt elle ne pourra plus lire que "les lettres". Le poète engagé dénonce la terreur sanguinaire. Il lance un immense cri de détresse et de révolte devant l'enfant noyé, symbole de tous les naufragés. Il s'émeut de "la soif des jeunes femmes et la douleur de la voix". Il pleure avec les siens le "petit verger brûlé à l'oasis […] de Damas". Mais, au milieu du sang et des cris, ce témoin essentiel ne sombre pas dans le désespoir, ni dans la violence. Au contraire, le prophète désigne des " éclairs "à nos sombres fenêtres. Il nous exhorte tous, hôtes de cette terre, à nous lever pour construire une humanité solidaire." Yves Leclair, revue Études
Txus García : poèmes queer, Txus García (Presses universitaires Blaise-Pascal)
L'écrivaine activiste Brigitte Vasallo dit de la poésie de Txus García (Tarragone, 1974) qu'elle est "pleine des douleurs et des joies quotidiennes d'une vie monstrueuse, comme toutes les vies qui méritent d'être vécues". Si les poèmes de Poésie pour bonnes petites filles (tits in my bowl) et de Cet amour tordu (la tendresse des noyés), que nous traduisons ici pour la première fois en français, sont largement autobiographiques, c'est dans le but de "rapprocher la poésie de la rue de l'usine, du bureau, du bar et du lycée", parce que l'autofiction sert un engagement politique et social en faveur des femmes, des lesbiennes, des trans, de toutes les figures "nouvelles" de la communauté LGBTQI qui surgissent en creux de notre société hétérocentrée. La poésie de Txus García se veut à la fois scripturale et scénique, faite de masques et de voix plurielles, mêlant humour et tragique. L'écriture est informée dans son lexique, sa syntaxe, sa tonalité, par les glissements – ludiques, parodiques ou sérieux – des genres. L'inclusion de registres souvent écartés, d'une culture populaire parfois méprisée (notamment télévisuelle), d'un lexique technique participent d'une refonte du langage poétique à l'aune d'une tendance "lesbienne queer".
Poèmes, poèmes, semble-t-il, Hank Lazer (Presses universitaires de Rouen et du Havre)
Ce volume fait suite au précédent, Poèmes cachés en évidence (PURH, 2016), qui était en quelque sorte un échantillon des dix carnets écrits pendant la lecture d'Être et temps de Heidegger. La principale influence, telle celle d'une lune dans l'orbite d'une planète dont elle affecte les saisons, a été cette fois Phénoménologie de la perception. Quelques rares poèmes sont tirés du carnet 31. Celui-là a été écrit tandis que je lisais Trésor de l'œil du véritable dharma, du prêtre bouddhiste zen du XIIIe siècle Dogen.
Liberté, égalité, propriété, Daniel Mercier (Presses universitaires de Franche-Comté)
Cet essai invite à la lecture des grands textes qui racontent l'invention de nos idées politiques. C'est, après la naissance des concepts modernes de liberté, d'égalité et de propriété aux XVIIe et XVIIIe siècles, une rencontre avec les grandes œuvres qui ponctuent et structurent le très conflictuel affrontement politique et social des XIXe et XXe siècles, sous l'emprise obsessionnelle d'un héritage révolutionnaire dont les lectures demeurent puissamment antagonistes. C'est aussi une rencontre directe avec les œuvres fondatrices, de John Locke à Hayek et Friedman, de Jean-Jacques Rousseau à Marx, de Joseph de Maistre à Maurras.
L'Invention de l'esthétique, Alexander Gottlieb Baumgarten (Presses universitaires de Paris Nanterre)
"Presque tous les êtres qui sentent vivement les arts font un peu plus que de les sentir; ils ne peuvent échapper au besoin d'approfondir leur jouissance." Cette remarque de Paul Valéry résume parfaitement l'esprit qui a présidé à l'introduction, au cœur du XVIIIe siècle, de l'idée et du vocable même de l'"esthétique". La paternité de ce néologisme revient à Alexander Gottlieb Baumgarten, auteur d'une célèbre Aesthetica en deux volumes; mais sa première occurrence remonte à un opuscule de 1735, les Méditations philosophiques sur quelques sujets se rapportant au poème. De ce texte généralement méconnu, Jean-Yves Pranchère propose ici une traduction révisée et annotée. La préface qu'y joint Pierre Sauvanet met en perspective une version inhabituelle de l'affaire esthétique, dont l'objet apparaît à la fois plus large et plus précis que chez des philosophes ultérieurs tels que Kant ou Hegel. Plus large, puisque l'esthétique de Baumgarten se présente comme une théorie générale de la connaissance sensible. Plus précis cependant, dans la mesure où c'est bien le poème qui condense de manière exemplaire toutes les qualités sensibles que devra élucider l'enquête esthétique, laquelle se trouve dès lors essentiellement liée à la rhétorique et à la poétique, et même plus spécialement à des questions de mètre et de rythme. Baumgarten recommandait, parmi d'autres exercices, qu'on écrivît chaque jour un poème. Qu'il y ait là un enjeu proprement philosophique est déjà une bonne raison de revenir à ce texte.
Le Pin sur la lune et autres poèmes inédits, Séverine Orban (Presses universitaires de Liège)
Valentine Penrose (1898-1978), poétesse et artiste française influencée par le mouvement surréaliste, côtoya les artistes et poètes de son temps tels que Miró, Picasso, Paul Éluard*, Max Ernst.Cette nouvelle anthologie de Penrose se veut innovatrice. Elle offre une collection de textes encore jamais publiés à ce jour: des vers de jeunesse, des poèmes inédits datant de la seconde guerre mondiale ou encore des séries poétiques inspirées par ses voyages en Inde et à Ténériffe.Au fil des pages, le lecteur découvre les multiples facettes de l'écriture d'une poétesse au langage déraisonnable, indispensable*: apparente simplicité? obscurantisme éclairé? À l'amateur de poésie d'en décider.
Les Représentations du désir féminin dans la poésie latine, de Catulle à Juvénal, Giacomo Dimaggio (MOM Éditions)
L'érotisme féminin est l'un des thèmes les plus fascinants de la littérature antique. Cependant, les travaux qui s'y intéressent considèrent souvent la littérature comme une source à partir de laquelle reconstituer la réalité des pratiques et des mœurs du monde romain. C'est une perspective différente qu'adopte cette étude des représentations du désir féminin chez les poètes latins de la fin de la République au Haut-Empire : le désir féminin est observé en tant qu'objet construit et modelé par la littérature, qui doit avant tout aux codes génériques, à la langue poétique et à ses spécificités, ou encore à certains traits auctoriaux. La poésie est à la fois un espace de liberté et un espace de contrainte pour le sujet érotique : le poète joue avec les codes du genre et met en place des stratégies pour rendre la représentation du désir de la femme acceptable, dans un contexte culturel où il est condamné, voire nié. La forme poétique exerce une influence considérable sur la représentation du désir et ses modalités : c'est alors le processus de construction de cet objet par le poète que nous mettons en lumière. Cet ouvrage éclaire, dans une première partie, les différents types de condamnations de la libido féminine chez les poètes et les différentes représentations qui leur sont associées. La deuxième partie étudie l'exaltation du désir féminin et les formes qu'il prend lorsqu'il est chanté par des poètes masculins.
Lors de chaque événement de notre programmation, nos libraires vous accueillent au Comptoir, au 1er étage de la Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 54 Boulevard Raspail - Paris 6.
Les libraires du Comptoir vous proposent des sélections thématiques. À l'approche du 8 mars, le féminin est mis à l'honneur.
Célébrée tous les ans le 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes a été officialisée en 1977, suite aux manifestations féminines du début du XXe siècle en Europe et aux États-Unis pour l'égalité des droits, de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Cette année, elle aura pour thème "Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation".
Qu'est-ce qu'une éducation féministe ?, Vanina Mozziconacci (Éditions de la Sorbonne)
À l'heure où la défense des "éducations à l'égalité" semble plus audible et plus urgente et où les polémiques autour de la "théorie du genre" à l'école dramatisent la nécessité de se positionner en tant que féministe sur le terrain éducatif, cet ouvrage constitue une rupture épistémologique avec des impératifs tactiques qui semblent s'imposer d'eux-mêmes. En refusant de considérer qu'il va de soi que l'éducation est une modalité de la lutte féministe, l'autrice se propose de faire un pas de côté afin de mener un travail de clarification conceptuelle. Il s'agit ici de suspendre le postulat selon lequel l'éducation serait une évidence féministe pour laquelle les seules questions qui persistent seraient d'ordre technique, et se réduiraient au "comment faire?", afin de revenir à une interrogation plus fondamentale, celle du "pourquoi faire?". En effet, si l'éducation est bien omniprésente historiquement dans les revendications féministes, sa place mérite d'être problématisée philosophiquement. Alors même que le féminisme connaît de nombreuses transformations et variations, l'éducation en est une constante historique, et c'est précisément pour cela qu'elle mérite d'être étudiée de façon critique: la forte persistance de cette tradition jette en effet un soupçon sur sa consistance théorique et politique. De l'éducation conçue comme un droit auquel les femmes devraient également avoir accès jusqu'aux institutions éducatives utopiques qui subvertissent la frontière entre privé et public, en passant par la coéducation, la sororité émancipatrice et les pédagogies féministes, cette recherche vise à mettre en lumière les partis-pris épistémologiques, les dialectiques et les tensions qui traversent la conceptualisation de l'éducation au prisme des féminismes.
Le Spéculum, la canule et le miroir, Lucile Ruault (ENS Éditions)
La promulgation de la loi relative à l'IVG en 1975 est un retournement majeur dans l'histoire des femmes : l'État parvient enfin à réguler la pratique abortive. Faisant de l'acte une prérogative exclusive des médecins, la "loi Veil" est un retour à l'ordre. Elle referme une phase d'appropriation revendiquée des savoirs abortifs par des femmes ordinaires. Comment expliquer que, à un moment de l'histoire où la maîtrise de l'avortement par le groupe social des femmes est à portée de main, cette possibilité tourne si rapidement court ? Pour élucider cette énigme, Lucile Ruault s'intéresse au Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception (MLAC), et en particulier à l'action insoupçonnée de groupes dissidents ayant poursuivi la pratique des aspirations abortives jusqu'en 1984. En montrant que la constitution de l'avortement en question sanitaire a été l'enjeu de conflits, cette ethnographie historique tient ensemble la médicalisation de l'avortement et les résistances à ce processus par la pratique abortive profane, dans un sens féministe.
Voix de femmes, Christine Hivet (Éditions Rue d'Ulm)
Le roman féminin anglais des années 1790-1820 offre un vaste panorama de la condition féminine vue par les femmes, panorama révélateur des aspirations des unes et des craintes des autres. Cet ouvrage offre une relecture de grandes romancières comme Ann Radcliffe ou Jane Austen et une réévaluation de multiples auteurs féminins dits "secondaires".
Féminisme(s) et droit public, Mélanie Dubuy, Pascaline Motsch et Johanna Noel (Presses universitaires de Nancy - Editions Universitaires de Lorraine)
Par l'adoption d'un titre aux allures intrigantes – Féminisme(s) et droit public – cet ouvrage s'analyse de suite comme une volonté de dépasser le lien a priori ténu entre les deux concepts ; le droit n'est pas indifférent aux femmes, sujets du droit et sujets de droits. Au cœur même des théories et des mobilisations féministes, le droit est pensé dialectiquement comme un instrument d'oppression et de domination des femmes dans les sociétés politiques patriarcales mais aussi comme le levier imparable de leur émancipation. Questionner ainsi la condition juridique des femmes en France, en Europe et dans le monde revêt un réel intérêt tant théorique que pratique. Cet ouvrage propose ainsi différentes lectures pouvant intéresser le juriste, le politiste mais aussi tout simplement le citoyen concerné et intéressé par une question sociétale désormais incontournable. Tentant de comprendre l'essence plurielle du féminisme (dès lors des féminismes), cherchant à dévoiler leurs réceptions par les juridictions nationales, supranationales mais aussi par différents ordres juridiques, ces contributions dressent certains états des lieux afin de poursuivre les recherches sur un thème médiatiquement exposé, même si scientifiquement peu exploité, notamment en France. Si chaque lecteur garde discrétionnairement le soin de tisser sa propre vision des liens entre féminisme(s) et droit public, celui-ci, spécialiste ou profane, pourra néanmoins trouver à travers ces onze contributions des éléments de réponse à certaines questions désormais cruciales pour appréhender de manière normative les femmes et les théories féministes.
Nouvelles Questions Féministes, vol. 43(2)/2024, Collectif (Éditions Antipodes)
Que font nos institutions publiques pour véritablement lutter contre les violences patriarcales ? Pourquoi des femmes meurent-elles de féminicides alors qu'elles avaient alerté la police de la violence de leur conjoint ? Pourquoi les agressions sexuelles sont-elles si répandues, si banales et si peu sanctionnées par la Justice ? Il faut bien constater que les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux et de nos légitimes attentes. L'indignation face à cette situation a déclenché une vaste mobilisation féministe, à l'échelle mondiale, qui a abouti en ce début des années 2020 à l'obtention de nouvelles mesures, que les articles réunis dans ce numéro ont décidé d'examiner avec minutie. Au Chili, des Centres d'accueil pour victimes de violences sexuelles ont été mis en place. En France, Le Téléphone Grave Danger et les bracelets anti-rapprochement ont été adoptés pour protéger les victimes de violences conjugales, tandis que des cellules d'écoute ont été mises sur pied dans les universités pour accompagner les victimes de harcèlement sexuel. Ces dispositifs sont-ils efficaces et apportent-ils les réponses espérées ? L'analyse critique menée par ces équipes de recherche témoigne de certaines avancées, mais aussi des obstacles qu'il reste à surmonter.
L'Art est une arme de combat féministe, Samantha Faubert et Fanny Jedlicki (Presses universitaires de Rouen et du Havre)
Que signifie la pratique artistique féminine, professionnelle et amateure ? C'est la question à laquelle s'efforce de répondre ce volume en faisant appel à des disciplines multiples et en étudiant des contextes historico-politiques et des aires géographiques contrastés. La domination masculine, et ses formes aigües de violence contre les femmes, engage en effet l'acte créateur féminin, qu'il soit sciemment féministe ou non, dans la voie de la subversion et de l'émancipation. Militantes MLF, Femen, ancienne guerillera salvadorienne ou encore artistes reconnues s'élèvent également contre les systèmes d'oppression économique et racialiste. C'est ainsi que les arts plastiques, le cinéma (de fiction et documentaire), la danse, la poésie ou encore le théâtre de Jacqueline Audry, Gioconda Belli Griselda Gambaro, Ana Istarú, Maggie Hadleigh-West, Rokhsareh Ghaem Maghami, Sarah Maldoror, Silvia Ethel Matus Avelar, Sofie Peeters, Ana María Rodas Shoshana Roberts, Clementina Suárez et Nil Yalter, constituent une véritable arme de combat.
Féminismes et artivisme dans les Amériques (XXe-XXIe siècles), Lissell Quiroz (Presses universitaires de Rouen et du Havre)
"Y la culpa no era mía, ni dónde estaba, ni cómo vestía", chantaient des femmes aux yeux bandés dans différentes villes d'Amérique latine en novembre 2019. Cette performance créée par le collectif féministe Las Tesis, a fait le tour du monde. Elle montre la force et la vitalité de l'artivisme dans les Amériques. En 2017, un colloque intitulé "Féminismes et Artivisme dans les Amériques (20e-21e siècles) s'est tenu à l'Université de Rouen et a proposé différentes analyses sur cette thématique. Ce volume monographique est le résultat de cette réflexion collective. Il s'intéresse à la diversité des théorisations et des mobilisations féministes du continent américain, très dynamiques historiquement et de plus en plus visibles depuis la fin du 20e siècle. Le féminisme des Amériques est pluriel et possède une généalogie propre. Ce volume s'attache à décliner ses différentes formes, à savoir, chicano, décolonial, lesbien, queer, entre autres. L'originalité des actions féministes de la région provient de la mobilisation politique de genres artistiques, qu'ils soient musicaux (rap, reggaeton), picturaux ou des arts visuels. Cet artivisme joue ainsi un rôle central dans les formes d'action du continent et ce volume présente leur diversité, leur richesse et leur force créatrice et politique.
Lors de chaque événement de notre programmation, nos libraires vous accueillent au Comptoir, au 1er étage de la Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 54 Boulevard Raspail - Paris 6.
Les libraires du Comptoir vous proposent des sélections thématiques. Celle-ci propose de porter attention à l'univers maritime...
Du 3 au 7 mars 2025 se tiendra la deuxième édition des Journées européennes de l'océan, à Bruxelles - une semaine d'événements liés aux thèmes marins et maritimes européens. Pour cette occasion, nos libraires vous proposent différentes pistes de lectures autour du monde océanique.
Évolution du climat et de l'océan, Édouard Bard (Éditions du Collège de France)
Prononcée en 2002, la leçon inaugurale d'Édouard Bard n'a rien perdu de son actualité. Elle nous rappelle que le réchauffement climatique est une préoccupation de longue date d'une partie de la communauté scientifique, qui disposait déjà depuis des décennies de données nombreuses et étayées. À travers une description de l'histoire du climat, l'auteur croise les approches complémentaires de la paléoclimatologie, de l'océanographie et de la géologie pour mieux analyser et contextualiser le réchauffement global que subissent aujourd'hui le climat et les océans. Ce texte précurseur résonne comme un avertissement qui vient faire écho aux préoccupations contemporaines face aux grands enjeux climatiques de notre époque.
La Biodiversité, de l'océan à la cité, Gilles Boeuf (Éditions du Collège de France)
Née dans l'océan ancestral il y a plus de 3,8 milliards d'années, quand les premières cellules se sont clonées par scissiparité, la vie s'est ensuite diversifiée avant d'exploser sur les continents. Bien plus qu'un simple inventaire d'espèces élaboré depuis plusieurs siècles, la biodiversité se définit comme l'ensemble des relations entre les êtres vivants et leur environnement : c'est la fraction vivante de la nature. Elle est actuellement très menacée par la croissance démographique et l'urbanisation, la destruction et la contamination des milieux naturels, la surexploitation des ressources, l'introduction anarchique d'espèces et le réchauffement climatique. Saurons-nous, au XXIe siècle, mettre fin à cette crise écologique sans précédent ?
La Fabrique de l'océan Indien, Emmanuelle Vagnon et Éric Vallet (Éditions de la Sorbonne)
Richement illustré, cet ouvrage invite à un voyage à travers plus de vingt siècles de cartographie, où l'on découvre comment l'océan Indien a été imaginé et représenté, en Orient et en Occident, depuis les premières cartes babyloniennes jusqu'aux planisphères de la fin du XVIe siècle. Il ne se contente pas de décrire l'émergence d'une cartographie moderne à partir des navigations européennes du XVIe siècle; il considère aussi les savoirs issus des grandes aires de l'Ancien monde, de l'Extrême-Orient à l'Europe, en passant par les mondes de l'Islam, pour croiser les regards et explorer les approches communes qui, au-delà des distances géographiques et culturelles, ont façonné une image progressivement unifi ée de cet espace. Par l'observation des tracés, des noms et des illustrations fi gurant sur de nombreux documents – mappemondes, schémas, cartes régionales, globes et planisphères – construits à plusieurs échelles, le lecteur est ainsi convié à parcourir et découvrir les multiples représentations d'un vaste espace maritime commun à plusieurs cultures.
Îles intimes, Magali Compan (Presses Universitaires du Septentrion)
Comment l'espace insulaire est-il imaginé et représenté par les artistes insulaires de l'océan Indien ? Quels rapports de pouvoirs l'analyse de leurs représentations paysagères révèle-t-elle ? Le but de cette étude est de décontinentaliser – et décoloniser – le discours afin de rendre l'ile aux insulaires et d'examiner cette mise en parole car, plus que tout autre espace, l'île n'existe qu'en tant que représentation de l'île. Ce travail aborde non seulement les questions propres à la spécificité géographique, mais également celles relatives au passé colonial, au néocolonialisme et à la globalisation. Dépassant les frontières nationales, il donne à penser un espace alternatif qui ne se conçoit pas à travers les épistémologies exclusives et extranéisantes européennes, mais à travers les notions de connectivités, de territoire, et de réseaux établissant ainsi de nouvelles généalogies et cosmogonies qui s'étendent au-delà de l'espace insulaire.
Mémoire de mer, océan de papiers, Jean-Sébastien Guibert (Presses universitaires de Bordeaux)
Cet ouvrage passionnant et facile à lire, richement documenté, s'intéresse aux Antilles de la période coloniale et en particulier sur la Guadeloupe. Cependant, les histoires de mer qui s'y racontent sont d'une portée universelle, à l'image de celle du radeau de la Méduse. Les conséquences des batailles navales et des épisodes de guerres maritimes sont comparées aux pertes liées aux aléas climatiques, coups de vent et ouragans... L'histoire des naufrages y révèle les faces cachées de l'histoire des Antilles: fréquentation maritime économiques et militaires, dangers et risques, ports et mouillages, marins et cargaisons. Ce remarquable travail synthétise et définit le potentiel archéologique des épaves et de leur identification, et plus largement du patrimoine maritime antillais.
Pavonia, Tito Moccia (Éditions Antipodes)
Parfois on se couche en pensant qu'on ne peut rien y changer, que nous sommes petits, insignifiants. Sur une plage lointaine, entourée de phoques, un petit demande à sa mère un conte pour s'endormir. Commence alors l'histoire des neuf bandits; pillards et bagarreurs, ces pirates aux visages cassés parcourent et ravagent les océans jusqu'au jour où ils finissent par fâcher le peuple de la mer. Réunis en assemblée autour de madame et monsieur sirène, les organismes marins décident alors de faire appel à la jeune Calypso…
Les Mains glacées, Marie-Morgane Adatte (Éditions Antipodes)
Bande dessinée "reportage", Les mains glacées donne une vision sensible du milieu marin polaire et de la fragilité de son éco-système. De retour d'une résidence le long des côtes du Groenland sur le voilier Knut de l'association MaréeMotrice, MarieMo élabore cette série de petits sketches magnifiquement illustrés à l'encre de chine. Mélanges entre réalité et imaginaire marin, ils dévoilent un certain regard sur les aléas d'un continent en proie au réchauffement climatique. Un dialogue entre l'océan, la glace, la faune et l'illustratrice.
Lors de chaque événement de notre programmation, nos libraires vous accueillent au Comptoir, au 1er étage de la Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 54 Boulevard Raspail - Paris 6.
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