Cet Abécédaire interroge la sensibilité des chercheurs et des chercheuses, quelle qu'elle soit, pour en faire une matière à penser. En fil rouge, émerge l'idée selon laquelle la connaissance sensible vient enrichir la connaissance conceptuelle et non lui faire obstacle. Riche de quatre-vingt-quatre entrées claires et synthétiques rédigées par des spécialistes de lettres, sciences humaines et sociales, il propose une réflexion ancrée dans le monde de la recherche, et plus précisément sur sa part du " sensible ", mot dont la polysémie évoque à la fois la perception par les sens, la vulnérabilité des universitaires, et l'aspect parfois polémique de leurs travaux. Chaque contributeur, chaque contributrice décline ainsi son rapport à la connaissance sensible, toujours en lien avec l'actualité scientifique. La réflexion collective proposée dans ces pages vise, in fine, à ausculter l'acte de recherche en lettres, sciences humaines et sociales, et à orienter le regard non vers les découvertes produites, mais bien vers celles et ceux qui en sont à l'origine.
Cet ouvrage propose un modèle théorique, appelé co-illocutions, qui rend compte du caractère procédural et séquentiel des actes de langage.L'analyse des discours institutionnels et en particulier du rapport d'information parlementaire permet de questionner la conception classique de la performativité et d'en redéfinir les conditions de réussite. Le concept de " performativité déléguée " résulte de cette refonte et nous incite à replacer la problématique du sujet parlant au cœur d'une théorie de l'énonciation.
Michel Foucault est une figure phare de la vie intellectuelle dans le monde entier. Il a été l'un des penseurs qui ont mis la notion de discours au centre de la réflexion des sciences humaines et sociales et il a contribué au développement de champs nouveaux comme les études sur la sexualité, les études culturelles ou encore les études sur la gouvernementalité. Même s'il s'est refusé à se poser en fondateur d'un courant d'analyse du discours, il a aussi été une source constante d'inspiration pour ce champ de recherche alors émergent, en particulier par son livre l'Archéologie du savoir.Ce numéro de Langage & Société ne cherche pas à retracer la déjà longue histoire de l'influence de Foucault sur l'analyse du discours; il ne cherche pas non plus à éclaircir la signification d'un certain nombre de ses concepts (" formation discursive ", " dispositif ", " archive "…). Il s'attache plutôt à mettre en évidence le rôle d'inspirateur qu'il continue à jouer dans l'étude du discours. C'est ce dont témoignent les articles présentés, qui abordent des questions très diverses, à la mesure d'une œuvre protéiforme qui associe une créativité conceptuelle sans cesse renouvelée à un savoir historique considérable.Parmi les objets choisis par les auteurs et les autrices, on compte les discours contemporains du religieux, la discipline des corps, la production journalistique, le débat sur le néolibéralisme et la critique du pouvoir.
Cet ouvrage envisage la littérature comme un phénomène dialogique qui met en contact plusieurs instances énonciatives en relation actuelle: ces acteurs sont l'écrivain, le lecteur, les instances de production et de réception mais aussi le thésaurus. En envisageant le discours romanesque en termes de communication, l'auteur articule son propos autour d'une problématique à deux volets: d'une part, il analyse la façon dont le dysfonctionnement de l'interlocution fausse le rapport du sujet communiquant aux autres et à lui-même, d'autre part le positionnement (dans certains cas conflictuel) des écrivaines dans l'espace littéraire africain et francophone.
Une réponse à la crise de l'éducation et de la formation
La reconstruction du processus apprentissage-développement sous la forme d'un système de concepts est au fondement d'une formation universitaire professionnelle des professeurs des écoles et de leurs formateurs. L'appropriation de ce système génère une psychologie de l'activité du maître en situation et une psychologie éducative de l'apprentissage-développement à l'École primaire dont le fait central est celui de la médiation. Lorsque le maître les a intériorisées sous la forme d'un système de médiations conceptuelles, il devient un " professionnel scientifiquement qualifié " capable " d'organiser lui-même son propre travail " (Vygotski).
Comment les enseignants préparent-ils leurs cours? Quel rôle joue l'écrit dans ce travail de conception et de préparation? Les professeurs ont-ils toujours écrit pour enseigner? Les professeurs des écoles, de collège et d'université écrivent-ils leur cours de la même manière? C'est à ce type de questions que cherche à répondre cet ouvrage. Les notes de cours des enseignants examine l'activité de préparation des cours en observant les écrits que les enseignants produisent dans ce cadre: leurs notes de cours. Sur cet objet peu exploré, ce livre réunit sept contributions de chercheurs issus de différents champs: sciences de l'éducation, didactique du français et des mathématiques, histoire des sciences, sociologie. Dans une approche résolument pluridisciplinaire, l'ouvrage envisage l'écriture des cours aux différents niveaux d'enseignement (primaire, secondaire, supérieur). Les analyses croisées révèlent les tensions que génère le travail de conception et d'écriture en amont des situations de classe. Les notes de cours des enseignants projette ainsi des lumières nouvelles sur cette part souterraine, mais cruciale, de l'activité enseignante.
Cet ouvrage offre un aperçu de la recherche francophone actuelle sur les langues coréenne et japonaise, encore trop rarement comparées ou contrastées. Il aborde de nombreux domaines de la linguistique, par des auteurs issus de différents champs disciplinaires au sein des sciences du langage, de cadres théoriques variés et de différentes générations.Il intéressera les chercheurs en linguistique coréenne et japonaise, en linguistique générale, mais aussi les étudiants de ces langues, de plus en plus nombreux en France, et plus largement le public intéressé par les langues coréenne et japonaise.
L'analyse du discours francophone en Afrique de l'Ouest – Perspective historique et épistémologique
La contextualisation historique et épistémologique des disciplines est une préoccupation qui revient à intervalles réguliers dans les Suds, en Afrique notamment, sous la forme d'un appel pressant à la décolonisation des savoirs. Ce numéro, inscrit dans ce cadre politico-scientifique, vise à décrire l'histoire, la généalogie et les perspectives de l'analyse du discours dans la sous-région Ouest, tout en examinant ses enjeux épistémologiques. Ce faisant, il répond à une actualité en Afrique, marquée par la création du Réseau africain d'analyse du discours (R2AD) en 2019, qui a stimulé l'intérêt pour structurer le champ de l'analyse du discours francophone, alors peu développé. La problématique centrale de ce dossier est l'urgence de la valorisation des savoirs endogènes, souvent minorés au profit de la " bibliothèque coloniale " témoignant de la domination de la recherche africaine par des institutions et chercheurs et chercheuses de l'Occident.Les auteurs et autrices y élaborent une cartographie de l'analyse du discours en Afrique de l'Ouest en examinant ses trajectoires théoriques, ses terrains et projets ouverts par la jeune recherche, et ses liens avec la sociolinguistique. Le numéro propose enfin une bibliographie raisonnée et commentée.
Ce numéro propose aux chercheurs et étudiants se destinant à la recherche et à l'enseignement de revenir sur la notion de transitivité en croisant les perspectives proposées par différentes langues (anglais, finnois, français, géorgien et vietnamien). Les articles permettent d'explorer des mécanismes très variés de transitivisation et montrent dans quelle mesure les spécificités des langues amènent une révision de la notion de transitivité dans une perspective plus adaptée à la diversité de ses manifestations.
Enjeux didactiques pour la formation des travailleurs migrants
Les pratiques langagières des travailleurs migrants dans le secteur de la propreté révèlent des enjeux méconnus, mêlant autonomie et interactions limitées. Souvent orienté vers ce métier en raison de son apparente simplicité verbale, ce public mobilise pourtant une part langagière intériorisée indispensable pour conceptualiser l'action, gérer les imprévus et dépasser les consignes de travail. Ces recherches menées au lycée Joliot Curie à Oignies analysent les interactions en formation initiale, mettant en lumière l'importance des échanges, des simulations et des hésitations comme outils d'apprentissage qui sont les constituants d'une part langagière invisible. Ces travaux enrichissent la didactique du français sur objectif spécifique en valorisant des pratiques langagières invisibilisées mais indispensables. Ils ouvrent la voie à des réflexions visant à renforcer l'autonomie professionnelle des apprenants allophones et à mieux accompagner les formateurs d'adultes face aux besoins variés des travailleurs migrants.
Variations en anthropologie (&) linguistique offertes à Aurore Monod Becquelin, vol. 1
L'ouvrage réunit un ensemble de travaux consacrés aux discours et aux langues d'Amazonie et du monde maya, rédigés par des spécialistes de renommée internationale. Les analyses abordent des thématiques phares de l'anthropologie linguistique, à partir d'études de cas issues d'enquêtes de terrain ou d'archives. Des aspects structurels de certaines langues amérindiennes – portant notamment sur l'espace, le temps ou l'agentivité – sont examinés dans une approche discursive et pragmatique. Différentes formes orales, en particulier celles de registres rituels, mais aussi mythiques ou conversationnels, sont étudiées tant pour leurs qualités poétiques que pour leurs modes spécifiques de significations et d'efficacité. La polyphonie énonciative ainsi que l'intertextualité de ces paroles sont mises en lumière, de même que les usages de la vocalité, de la gestualité et d'autres modes co-expressifs de la communication. L'ouvrage met en valeur les paroles étudiées dans leur langue originale et s'interroge, dans une perspective réflexive à la fois contemporaine et historique, sur les révélations et effets produits par la traduction de langues si éloignées des nôtres. Le livre est dédié à Aurore Monod Becquelin, américaniste et ethnolinguiste dont les contributions essentielles aux différents domaines abordés constituent une source d'inspiration pour les auteurs. L'introduction et le chapitre final offrent une présentation historique inédite du parcours de cette chercheuse et du champ des études qu'elle a largement contribué à fonder et à animer en France, en dialogue constant, depuis plus de cinquante ans, avec ses terrains et ses collègues du proche et du lointain.