L'œil des libraires : poésie, rimes et rythmes

Les libraires du Comptoir vous proposent des sélections thématiques. À l'occasion de la journée mondiale de la poésie, ils se donnent pour mission de nous en faire découvrir davantage sur cet art littéraire.

Véritable porte sur l'imaginaire, la poésie est une façon unique d’exprimer les émotions et les pensées à travers le rythme et les mots. C'est un vecteur qui permet de voir le monde autrement, d'en explorer la beauté pour cultiver notre regard sur la vie et sur ce qui nous entoure. Aujourd'hui plus que jamais, elle est nécessaire en raison même de sa contignence ; elle nous invite à nous souvenir de l'universalité humaine et des liens qui existent entre les individus par-delà les frontières et les différences. 

 

Poèmes à Chieko, Éric Benoit (Presses universitaires de Bordeaux)

TAKAMURA Kôtarô (1883-1956) a beaucoup contribué à la fondation de la poésie japonaise moderne. Son livre, Chieko-shô, traduit ici sous le titre Poèmes à Chieko, demeure l'un des recueils de poèmes les plus lus au Japon depuis la parution de sa première édition. Il rassemble surtout des poèmes en vers libres où TAKAMURA évoque son amour pour sa femme Chieko, ainsi que sa douleur face à la maladie et à la mort de celle-ci. C'est ici la première traduction française de ce recueil.

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Dans une rime de bois, Eve De Dampierre-Noiray (Presses universitaires de Bordeaux)

Cet ouvrage plurilingue, où deux poèmes en arabe sont confrontés à leur traduction en français, allemand, espagnol, anglais, italien et hébreu, a pour objet d'éclairer à travers un extrait de l'œuvre du poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008), certains des enjeux spécifiques à la langue arabe et à sa traduction, mais aussi à la traduction poétique. Comment peut-on transmettre les spécificités rythmiques et sonores d'une langue et de la tradition littéraire dans laquelle elle se déploie ? Quels partis pris de lecture sont les nôtres devant un texte étranger, exotique, ou perçu comme irréductiblement "autre" ? Dans quelle mesure le rôle politique qui fut celui de Darwich en tant que porte-parole de la cause palestinienne voire poète national de la Palestine peut-il influencer la manière de traduire ses textes poétiques, selon les langues concernées ? Les lecteurs trouveront dans cet ouvrage une tentative de réponse à ces différentes questions et, qu'ils soient seulement francophones ou portés vers d'autres langues (maîtrisées ou simplement abordées), qu'ils soient en mesure de comprendre la langue originale ou s'intéressent peut-être à la graphie ou au dessin de l'arabe, ils pourront parcourir ce florilège de traductions. Cet ouvrage, composé d'une présentation et de fiches numérotées, que l'on peut manipuler à sa guise, tel un manuel ou des cartes à jouer, ou encore étaler sur la table devant soi comme un seul grand texte, nous invite à découvrir à la fois la langue arabe, la poésie de Mahmoud Darwich, et le chemin qui relie l'écriture et la lecture à travers la traduction.

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Sortir de l'est de la Méditerranée, Nouri Al-Jarrah (Europia productions)

"Veine rare et d'autant plus précieuse, Une barque pour Lesbos est un poème épique et polyphonique : les Syriens quittent leur Troie en flammes et tentent, au péril de leur vie, de rejoindre l'île de Lesbos où la poétesse Sappho, elle aussi contrainte à l'exil, accueille ses enfants naufragés. Né en 1956 à Damas et exilé à Londres depuis 1986, le grand poète syrien Nouri Al-Jarrah, ressuscitant les mythes grecs, fait entendre, dans cette épopée tragique et élégiaque traduite par un écrivain tunisien (dont un roman, L'impasse, paraît chez le même éditeur), les "voix" douloureuses de son peuple martyr : sur ses "tablettes" de sang, s'inscrivent les visages cuivrés de ses frères qui viennent mourir avecl'écume sur les plages de l'Occident aussi bien que "les chagrins de Télémaque" ou "le regard de Pénélope" au départ de son "Ulysse" dont bientôt elle ne pourra plus lire que "les lettres". Le poète engagé dénonce la terreur sanguinaire. Il lance un immense cri de détresse et de révolte devant l'enfant noyé, symbole de tous les naufragés. Il s'émeut de "la soif des jeunes femmes et la douleur de la voix". Il pleure avec les siens le "petit verger brûlé à l'oasis […] de Damas". Mais, au milieu du sang et des cris, ce témoin essentiel ne sombre pas dans le désespoir, ni dans la violence. Au contraire, le prophète désigne des " éclairs "à nos sombres fenêtres. Il nous exhorte tous, hôtes de cette terre, à nous lever pour construire une humanité solidaire." Yves Leclair, revue Études

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Txus García : poèmes queer, Txus García (Presses universitaires Blaise-Pascal)

L'écrivaine activiste Brigitte Vasallo dit de la poésie de Txus García (Tarragone, 1974) qu'elle est "pleine des douleurs et des joies quotidiennes d'une vie monstrueuse, comme toutes les vies qui méritent d'être vécues". Si les poèmes de Poésie pour bonnes petites filles (tits in my bowl) et de Cet amour tordu (la tendresse des noyés), que nous traduisons ici pour la première fois en français, sont largement autobiographiques, c'est dans le but de "rapprocher la poésie de la rue de l'usine, du bureau, du bar et du lycée", parce que l'autofiction sert un engagement politique et social en faveur des femmes, des lesbiennes, des trans, de toutes les figures "nouvelles" de la communauté LGBTQI qui surgissent en creux de notre société hétérocentrée. La poésie de Txus García se veut à la fois scripturale et scénique, faite de masques et de voix plurielles, mêlant humour et tragique. L'écriture est informée dans son lexique, sa syntaxe, sa tonalité, par les glissements – ludiques, parodiques ou sérieux – des genres. L'inclusion de registres souvent écartés, d'une culture populaire parfois méprisée (notamment télévisuelle), d'un lexique technique participent d'une refonte du langage poétique à l'aune d'une tendance "lesbienne queer".

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Poèmes, poèmes, semble-t-il, Hank Lazer (Presses universitaires de Rouen et du Havre)

Ce volume fait suite au précédent, Poèmes cachés en évidence (PURH, 2016), qui était en quelque sorte un échantillon des dix carnets écrits pendant la lecture d'Être et temps de Heidegger. La principale influence, telle celle d'une lune dans l'orbite d'une planète dont elle affecte les saisons, a été cette fois Phénoménologie de la perception. Quelques rares poèmes sont tirés du carnet 31. Celui-là a été écrit tandis que je lisais Trésor de l'œil du véritable dharma, du prêtre bouddhiste zen du XIIIe siècle Dogen.

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Liberté, égalité, propriété, Daniel Mercier (Presses universitaires de Franche-Comté)

Cet essai invite à la lecture des grands textes qui racontent l'invention de nos idées politiques. C'est, après la naissance des concepts modernes de liberté, d'égalité et de propriété aux XVIIe et XVIIIe siècles, une rencontre avec les grandes œuvres qui ponctuent et structurent le très conflictuel affrontement politique et social des XIXe et XXe siècles, sous l'emprise obsessionnelle d'un héritage révolutionnaire dont les lectures demeurent puissamment antagonistes. C'est aussi une rencontre directe avec les œuvres fondatrices, de John Locke à Hayek et Friedman, de Jean-Jacques Rousseau à Marx, de Joseph de Maistre à Maurras.

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L'Invention de l'esthétique, Alexander Gottlieb Baumgarten (Presses universitaires de Paris Nanterre)

"Presque tous les êtres qui sentent vivement les arts font un peu plus que de les sentir; ils ne peuvent échapper au besoin d'approfondir leur jouissance." Cette remarque de Paul Valéry résume parfaitement l'esprit qui a présidé à l'introduction, au cœur du XVIIIe siècle, de l'idée et du vocable même de l'"esthétique". La paternité de ce néologisme revient à Alexander Gottlieb Baumgarten, auteur d'une célèbre Aesthetica en deux volumes; mais sa première occurrence remonte à un opuscule de 1735, les Méditations philosophiques sur quelques sujets se rapportant au poème. De ce texte généralement méconnu, Jean-Yves Pranchère propose ici une traduction révisée et annotée. La préface qu'y joint Pierre Sauvanet met en perspective une version inhabituelle de l'affaire esthétique, dont l'objet apparaît à la fois plus large et plus précis que chez des philosophes ultérieurs tels que Kant ou Hegel. Plus large, puisque l'esthétique de Baumgarten se présente comme une théorie générale de la connaissance sensible. Plus précis cependant, dans la mesure où c'est bien le poème qui condense de manière exemplaire toutes les qualités sensibles que devra élucider l'enquête esthétique, laquelle se trouve dès lors essentiellement liée à la rhétorique et à la poétique, et même plus spécialement à des questions de mètre et de rythme. Baumgarten recommandait, parmi d'autres exercices, qu'on écrivît chaque jour un poème. Qu'il y ait là un enjeu proprement philosophique est déjà une bonne raison de revenir à ce texte.

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Le Pin sur la lune et autres poèmes inédits, Séverine Orban (Presses universitaires de Liège)

Valentine Penrose (1898-1978), poétesse et artiste française influencée par le mouvement surréaliste, côtoya les artistes et poètes de son temps tels que Miró, Picasso, Paul Éluard*, Max Ernst.Cette nouvelle anthologie de Penrose se veut innovatrice. Elle offre une collection de textes encore jamais publiés à ce jour: des vers de jeunesse, des poèmes inédits datant de la seconde guerre mondiale ou encore des séries poétiques inspirées par ses voyages en Inde et à Ténériffe.Au fil des pages, le lecteur découvre les multiples facettes de l'écriture d'une poétesse au langage déraisonnable, indispensable*: apparente simplicité? obscurantisme éclairé? À l'amateur de poésie d'en décider.

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Les Représentations du désir féminin dans la poésie latine, de Catulle à Juvénal, Giacomo Dimaggio (MOM Éditions)

L'érotisme féminin est l'un des thèmes les plus fascinants de la littérature antique. Cependant, les travaux qui s'y intéressent considèrent souvent la littérature comme une source à partir de laquelle reconstituer la réalité des pratiques et des mœurs du monde romain. C'est une perspective différente qu'adopte cette étude des représentations du désir féminin chez les poètes latins de la fin de la République au Haut-Empire : le désir féminin est observé en tant qu'objet construit et modelé par la littérature, qui doit avant tout aux codes génériques, à la langue poétique et à ses spécificités, ou encore à certains traits auctoriaux. La poésie est à la fois un espace de liberté et un espace de contrainte pour le sujet érotique : le poète joue avec les codes du genre et met en place des stratégies pour rendre la représentation du désir de la femme acceptable, dans un contexte culturel où il est condamné, voire nié. La forme poétique exerce une influence considérable sur la représentation du désir et ses modalités : c'est alors le processus de construction de cet objet par le poète que nous mettons en lumière. Cet ouvrage éclaire, dans une première partie, les différents types de condamnations de la libido féminine chez les poètes et les différentes représentations qui leur sont associées. La deuxième partie étudie l'exaltation du désir féminin et les formes qu'il prend lorsqu'il est chanté par des poètes masculins.

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Lors de chaque événement de notre programmation, nos libraires vous accueillent au Comptoir, au 1er étage de la Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 54 Boulevard Raspail - Paris 6. 

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