Calamités et catastrophes naturelles dans les textes antiques et médiévaux
Depuis le milieu du XXe siècle, les réflexions consécutives aux divers désastres qui ont frappé l'humanité depuis la Deuxième Guerre mondiale ont favorisé de nouvelles approches concernant les calamités et les catastrophes naturelles. Leurs apports ont ainsi contribué à constituer en objet d'étude spécifique un type d'événement auquel les historiens se sont toujours intéressés, mais dont ils ont aussi renouvelé et approfondi l'examen dans le cadre de travaux portant notamment sur l'Antiquité et le Moyen Âge.Les études réunies dans cet ouvrage participent à cet effort de renouvellement en considérant les textes antiques et médiévaux traitant de catastrophes naturelles dans leur dimension proprement littéraire. En tant qu'écrits auctoriaux, ils sont en effet le produit d'une subjectivité s'exprimant dans un genre, une période et une langue donnés. La philologie et l'analyse littéraire apparaissent donc essentielles pour comprendre comment et pourquoi ces événements ont été transposés dans l'ordre de la parole. Rédigés en latin, en grec ou en ancien français, les textes étudiés relèvent de genres extrêmement variés, tels que l'historiographie, l'éloquence, la poésie ou la philosophie.
Surnaturel et critique sociale dans la littérature suédoise
Comparer l'emploi du merveilleux scandinave chez les auteurs et les autrices de la Percée moderne, c'est chercher à saisir l'impact de la voix féminine et son rôle de contournement dans la littérature. À travers différents genres littéraires de la littérature de formation, ce volume entend interroger les voies que les autrices scandinaves, pourtant nombreuses et connaissant un réel succès, pouvaient emprunter comme stratégie narrative de contournement à une constante critique cherchant à diminuer leurs écrits. Le contexte sociopolitique et historique des pays scandinaves au tournant du XXe siècle est fondamental pour comprendre la façon dont les autrices s'emparent du surnaturel différemment des écrivains, afin de s'adapter à une norme et de pratiquer un genre littéraire, proche du conte, compatible avec l'idée que les critiques se faisaient des lettres féminines. Leur approche témoigne d'une tendance partagée à employer esthétiquement le surnaturel pour traiter les débats modernes sur les droits des femmes, ouvrant de la sorte un passage vers les thématiques du folkhem à venir. Et si le merveilleux pouvait servir à narrer une vision utopique de la femme?
Vestiges de l'amour et ferments de la liberté dans l'œuvre de Claire de Duras
L'œuvre de Claire de Duras déjoue l'image convenue de l'aristocrate éclairée et de la salonnière influente sous la Restauration. Ses trois romans donnent voix à des figures marginales, dont les souffrances révèlent les contradictions idéologiques et les désillusions de l'ère postrévolutionnaire. Loin de se conformer pleinement aux attentes du roman sentimental, son œuvre explore le " mal du siècle " selon une perspective singulière, pour en dénoncer les racines sociales et politiques. Elle examine ainsi la persistance des préjugés de race et de classe, non sans conserver les ambivalences d'un imaginaire colonial et genré. Cet essai entend montrer que le cadre traditionnel du roman sentimental n'est ici que prétexte à une redéfinition du canon romanesque, qui s'ouvre aux questions sociales pour déployer une critique, en creux, des inégalités et des structures oppressives.À défaut d'un salut possible dans l'amour, Ourika, Édouard et Olivier ou le secret explorent un horizon de solitude adoucie par les valeurs de l'amitié et de la spiritualité. Longtemps reléguée au second plan des histoires littéraires, l'œuvre de Claire de Duras esquisse les prémisses d'une pensée lucide sur la condition féminine entravée – qui est aussi celle des autrices de son temps – et préfère, aux impasses de l'idéal amoureux, des liens plus justes fondés sur l'égalité et l'émancipation.
Ce numéro est consacré au poète et romancier Raoul Schrott (1964) mettant en avant sa facette de " poète érudit " en quête de savoir animant sa démarche créatrice. Figure singulière et originale de la littérature autrichienne contemporaine, il est un écrivain éclectique, dont l'œuvre prolifique fait dialoguer les époques, les genres et les savoi
Dans quelle mesure peut-on faire confiance aux documents que l'on a sous les yeux? Sont-ils authentiques? Sont-ils complets? Ces objets, matériels ou numériques, produits il y a une minute ou rédigés il y a un siècle, de quoi sont-ils la trace?Depuis a création de la discipline par Jean Mabillon au XVIIe siècle, la diplomatique s'attache méthodiquement à démontrer l'authenticité ou la fausseté des actes, puis de tout type de document d'archives.Cet ouvrage présente, sous forme d'une édition commentée et enrichie, une sélection de billets de blog publiés par l'auteur entre 2011 et 2020 évoquant directement ou indirectement la diplomatique et ses fondamentaux. Grâce à son approche humoristique et à son ton personnel, parfois joyeusement provocateur, Marie-Anne Chabin initie le lecteur aux concepts de la critique diplomatique contemporaine et l'invite à s'interroger sur la portée et la fiabilité des écrits du quotidien. Ce sont ainsi soixante petits textes qui ont été rassemblés et dont la foisonnante diversité se laisse deviner par l'originalité de leurs titres: Temporalité, Stabilo, Sincérité, Osso bucco, Purgatoire…Huit chapitres thématiques replacent les observations et les questions abordées dans une réflexion construite et pédagogique. Une partie complémentaire de l'ouvrage propose d'aiguiser le regard diplomatique du lecteur à travers l'analyse de quatre documents très contemporains: un ticket de métro, une image "à la une", l'attestation de déplacement dérogatoire Covid-19 et un arrêté municipal.
p.p1 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 11.0px Helvetica}p.p2 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 11.0px Helvetica; min-height: 13.0px}" J'ai, à l'égard de la Suisse, une dette morale immense. " Ces paroles, rédigées par Ignazio Silone (Secondino Tranquilli) lors de son incarcération à Zurich au début des années quarante, témoignent du lien qui unit l'auteur Italien à notre pays. " En Suisse - poursuit-il - je suis devenu écrivain, et plus encore, un homme. "Fuyant l'Italie de Mussolini, désabusé par la politique menée par Staline, en proie au désespoir depuis l'arrestation de son jeune frère en 1928 par les Fascistes, Silone, au moment de son exil, traverse une crise profonde. L'écriture sera pour lui salvatrice. C'est à Ascona, à Davos et à Zurich que Silone rédige et fait publier Fontamara entre 1929 et 1933 avec, entre autres, l'aide du couple Rosenbaum-Valangin. Le récit dépeint, loin de tout folklore, le quotidien harassant des paysans d'un village (imaginaire) des Abruzzes, avec ses vicissitudes, ses douleurs et les injustices, ancestrales. Le roman connaîtra, dès sa première édition (en allemand, chez Emil Oprecht) un succès fulgurant. Traduit dans le monde entier, Fontamara fait de Silone un auteur reconnu. Il poursuit une carrière littéraire, aussi en tant qu'éditeur, notamment en Suisse, où il demeurera jusqu'en 1944.La présente bande dessinée ne propose pas une adaptation du roman. L'objectif est ici de mettre en images les événements et le contexte qui ont précédé et accompagné l'écriture et la publication de cette oeuvre littéraire. Et par là, esquisser un fragment de la vie culturelle en Suisse au début des années trente.
Qu'auriez-vous fait, si comme moi, vous aviez dû fuir un foyer empreint de violence?Qu'auriez-vous fait, si comme moi, vous aviez été obligé de vous arrêter sur la route, au milieu de nulle part? Auriez-vous pris une chambre au Motel Scarlet?Auriez-vous réagi comme moi si le concierge de l'établissement vous avait dit de ne pas quitter votre chambre après minuit, l'auriez-vous écouté? Et lorsque quelqu'un avait frappé à votre porte et aurait laissé d'autres clés sur le palier, les auriez-vous prises?Dans les motels, les âmes transitent. Elles se croisent sans jamais se regarder, les visages se confondent et s'effacent, au profit de l'anonymat. Mais le Motel Scarlet n'est pas de cette trempe-là. Son esprit et ses fantômes m'ont permis de réaffirmer mon identité.Les lieux abandonnés forcent la fascination. Ils invitent à la peur. Qu'ils soient en ruines, inaccessibles ou encore en parfait état, ils nous poussent à les investir d'une histoire. Avec le temps, celles-ci deviennent des mythes qui se répandent et s'inscrivent dans les contes d'une région. Un lieu sans histoire ne perdure pas. Le plus souvent, il est détruit et oublié.En cherchant bien, la Suisse nous a dévoilé plusieurs lieux désertés, toujours debout, mais vides et sans mémoires. Avant qu'ils soient perdus à jamais, et à travers de nouvelles légendes, nous avons donc décidé de les faire exister comme passeurs de récits intimes et sociaux.
La vache aux yeux de loup est un conte jeunesse inspiré d'une histoire vraie sur un alpage suisse. Il interroge notre rapport à la nature, entre monde sauvage et monde domestiqué. Sur fond de tensions liées au retour des grands prédateurs, le livre ouvre un espace de dialogue entre traditions pastorales et visions urbaines. Porté par des illustrations sensibles, il invite petits et grands à repenser leur lien au vivant.
Le présent ouvrage est le fruit d'un colloque international qui s'est tenu en 2021 à la faculté des lettres de Sorbonne Université, à l'occasion du dixième anniversaire de la disparition du professeur Jacqueline Dangel. Il a réuni des spécialistes des littératures grecque et latine autour de la question des représentations du lecteur dans la poésie antique.C'est à la présence du lecteur et à ses relations avec l'auteur et à leur impact sur le texte lui-même que s'intéressent les différents articles ici regroupés, en s'interrogeant sur la pertinence, pour les corpus antiques, de certaines notions définies par Umberto Eco et l'école de Constance. Sont ainsi explorés les multiples visages du " lecteur empirique ", l'inscription dans le poème de la confrontation de ce lecteur empirique avec le " lecteur modèle ", la dialectique qui préside aux rapports du poète et du lecteur lorsque le second est impliqué par le premier dans le processus de création, la position particulière du lecteur dans des performances (théâtre, récitations) qui constituent, pour les Anciens, des formes de lecture, ou encore le statut de la lectrice, qui peut être représentée par un auteur ou par une autrice. Ces questionnements mettent à l'épreuve des théories de la réception des œuvres empruntées à des ères chrono-culturelles variées, depuis la Grèce archaïque et classique jusqu'à la latinité tardive, en passant par la latinité classique et impériale, avec une incursion du côté du néo-latin.
Inédite jusqu'alors, la correspondance d'Henri Bosco et Joseph d'Arbaud rassemble 25 lettres écrites de 1924 à 1947, ici éditées par Jean-Yves Casanova, spécialiste de langue et littérature provençales. La relation presque filiale du cadet, Bosco, au " parrain " d'Arbaud, auteur de La Bête du Vaccarès qui inspirera Malicroix, y apparaît inséparable de la relation de Bosco avec son propre père disparu, et avec la langue provençale.Trois études critiques de Danièle Henky, Christian Morzewski et Bernard Vigneron complètent le sommaire de ce volume, avec la bibliographie des études bosquiennes pour les années 2023 et 2024 établie par Arnaud Dhermy.
Province des littératures de l'imaginaire, la science-fiction apparaît d'emblée comme cross age, n'ayant pas pour vocation première d'instruire ou d'éduquer, mais de donner du futur une configuration plausible ou délirante, mais toujours spéculative. Or la question d'une SF lue, pratiquée, enseignée par et à la jeunesse n'avait pas encore été posée, systématiquement et précisément. Le présent volume, porteur d'une parole multiplement vive et critique, où s'éveillent les anticipations et où se révèle un " usage " pédagogique de la SF, comme il y a un " usage " du monde, se veut donc un rendez-vous des thèmes, formes et supports: un carrefour générationnel.C'est quand, la jeunesse? a-t-on envie d'écrire. Les réponses ici apportées racontent aussi l'histoire d'une légitimation, ce dont la génération Z ne se préoccupe même plus, acquise d'entrée de jeu à lamultiplicité et à la pluralité des oeuvres offertes/ouvertes.
Locus politicus, locus secretus en littérature (XVIIe-XIXe siècles)
La fin de l'Ancien Régime voit disparaître les privilèges attachés à l'exercice d'un pouvoir puissamment hiérarchisé, ce qui laisse à penser que le fait politique se déploie alors selon des modalités plus transparentes et horizontales. Pour autant, l'imaginaire d'un pouvoir opaque, usant de cabinets dérobés et d'espaces interdits demeure, et les contre-pouvoirs mobilisent tout autant sociétés secrètes, mots de passe, masques et rendez-vous cachés. Par-delà les soubresauts politiques, de la Révolution à la Restauration, de la Monarchie à l'Empire et à la République, le pouvoir tend à s'enraciner dans le secret, dans des confidences, mais aussi, au sens le plus concret du terme, dans des espaces confidentiels où s'exerce une autre forme d'autorité. Les chapitres de ce volume mettent au jour les lieux secrets de célèbres fictions de Rousseau, Balzac ou Zola, des récits de voyage et des pièces de théâtre comme autant de lieux politiques, c'est-à-dire où se décide, s'exerce ou échoue l'action politique.