Cette nouvelle bande dessinée d'Hélène Becquelin nous embarque dans les années 80, dans les pas d'une jeune fille solitaire, férue de punk. Suivie par un monstre à la fois coach mental et ami imaginaire, elle va quitter son Valais natal et poursuivre ses études aux Beaux-Arts de Lausanne. Elle se confronte rapidement à la concurrence entre camarades, à la compétition féroce entres filles et au machisme ambiant. Au fil de ses nouvelles expériences faites de rencontres, de concerts punk et d'histoires d'amour pleines de décibels et de rock, elle découvre le coeur battant de lieux alternatifs, aujourd'hui emblématiques, de Suisse romande, comme la Dolce Vita à Lausanne, les Caves du Manoir à Martigny, le Frisson à Fribourg, ...
Qu'auriez-vous fait, si comme moi, vous aviez dû fuir un foyer empreint de violence?Qu'auriez-vous fait, si comme moi, vous aviez été obligé de vous arrêter sur la route, au milieu de nulle part? Auriez-vous pris une chambre au Motel Scarlet?Auriez-vous réagi comme moi si le concierge de l'établissement vous avait dit de ne pas quitter votre chambre après minuit, l'auriez-vous écouté? Et lorsque quelqu'un avait frappé à votre porte et aurait laissé d'autres clés sur le palier, les auriez-vous prises?Dans les motels, les âmes transitent. Elles se croisent sans jamais se regarder, les visages se confondent et s'effacent, au profit de l'anonymat. Mais le Motel Scarlet n'est pas de cette trempe-là. Son esprit et ses fantômes m'ont permis de réaffirmer mon identité.Les lieux abandonnés forcent la fascination. Ils invitent à la peur. Qu'ils soient en ruines, inaccessibles ou encore en parfait état, ils nous poussent à les investir d'une histoire. Avec le temps, celles-ci deviennent des mythes qui se répandent et s'inscrivent dans les contes d'une région. Un lieu sans histoire ne perdure pas. Le plus souvent, il est détruit et oublié.En cherchant bien, la Suisse nous a dévoilé plusieurs lieux désertés, toujours debout, mais vides et sans mémoires. Avant qu'ils soient perdus à jamais, et à travers de nouvelles légendes, nous avons donc décidé de les faire exister comme passeurs de récits intimes et sociaux.
Écrit au début des années 1980, dans un contexte d'émergence des women studies et des feminist studies au sein des universités américaines, Lire la romance s'intéresse à un phénomène culturel alors en plein essor, qui se décline presque exclusivement au féminin: la consommation de romances. Devenu un véritable best-seller des sciences sociales anglo-américaines, l'ouvrage déploie une méthodologie inédite qui lui permet d'étudier les romans de ce genre littéraire populaire, depuis leur production jusqu'à leur réception. Lire la romance constitue en particulier la première enquête sociologique sur les lectrices de romances, et contribue par conséquent à démystifier cette pratique dénigrée et prise en tenaille entre le mépris culturel et la condamnation féministe. La démonstration de l'ouvrage s'articule autour d'une question centrale: la lecture de romances renforce-t-elle la culture patriarcale et les systèmes de croyances qui la soutiennent, ou bien dote-t-elle les femmes d'une forme de pouvoir résultant de la revendication d'une pratique peu conforme à leurs rôles sociaux d'épouses et de mères?Cette traduction inédite de l'édition de 1991 de Reading the Romance met à la disposition d'un lectorat francophone un texte majeur.
Bien avant le théâtre de l'" après Auschwitz " et le plateau ultraviolent du XXIe siècle, meurtres, viols, tortures et autres inhumanités envahissent les répertoires dramatiques des scènes européennes de la première modernité et saisissent d'effroi les spectateurs des théâtres français, espagnols et élisabéthains. Dans le contexte des guerres de religion, cette irruption de la violence, que donnent à voir les dramaturges de l'après 1590 propose une forme de sidération face à des situations tantôt narrées par des personnages, comme dans le théâtre sénéquéen, tantôt représentées sur la scène. L'image joue un rôle prépondérant dans l'écriture de la sidération mais aussi dans sa réception par l'expérience de la représentation théâtrale ou de la lecture. Quelle est la postérité de ce " théâtre de la sidération "? Les travaux réunis ici se situent dans le sillage des recherches menées par Christian Biet autour de cette " sidération des sensations " que les spectacles sanglants du théâtre contemporain ont héritée des scènes de la première modernité. Huit spécialistes des littératures anglaise, française et espagnole du XVIIe siècle sondent les ressorts esthétiques et psychologiques de ce théâtre du faire-retour dans une perspective à la fois comparatiste et diachronique, avec le contrepoint de dramaturges de la scène contemporaine.
Ce numéro est consacré au poète et romancier Raoul Schrott (1964) mettant en avant sa facette de " poète érudit " en quête de savoir animant sa démarche créatrice. Figure singulière et originale de la littérature autrichienne contemporaine, il est un écrivain éclectique, dont l'œuvre prolifique fait dialoguer les époques, les genres et les savoirs.
Calamités et catastrophes naturelles dans les textes antiques et médiévaux
Depuis le milieu du XXe siècle, les réflexions consécutives aux divers désastres qui ont frappé l'humanité depuis la Seconde Guerre mondiale ont favorisé de nouvelles approches concernant les calamités et les catastrophes naturelles. Leurs apports ont ainsi contribué à constituer en objet d'étude spécifique un type d'événement auquel les historiens se sont toujours intéressés mais dont ils ont aussi renouvelé et approfondi l'examen dans le cadre de travaux portant notamment sur l'Antiquité et le Moyen Âge.Les études réunies dans cet ouvrage participent à cet effort de renouvellement en considérant les textes antiques et médiévaux traitant de catastrophes naturelles dans leur dimension proprement littéraire. En tant qu'écrits auctoriaux, ils sont en effet le produit d'une subjectivité s'exprimant dans un genre, une période et une langue donnés. La philologie et l'analyse littéraire apparaissent donc essentielles pour comprendre comment et pourquoi ces événements ont été transposés dans l'ordre de la parole. Rédigés en latin, en grec ou en ancien français, les textes étudiés relèvent de genres extrêmement variés, tels que l'historiographie, l'éloquence, la poésie ou la philosophie.
Surnaturel et critique sociale dans la littérature suédoise
Comparer l'emploi du merveilleux scandinave chez les auteurs et les autrices de la Percée moderne, c'est chercher à saisir l'impact de la voix féminine et son rôle de contournement dans la littérature.À travers différents genres de la littérature de formation, ce volume entend interroger les voies que les autrices scandinaves, pourtant nombreuses et connaissant un réel succès, pouvaient emprunter pour contourner une critique cherchant constamment à les minorer.Le contexte sociopolitique et historique des pays scandinaves au tournant du XXe siècle est fondamental pour comprendre la façon dont les autrices s'emparent du surnaturel différemment des écrivains, afin de s'adapter à une norme et de pratiquer un genre littéraire, proche du conte, compatible avec l'idée que les critiques se faisaient des lettres féminines. Leur approche témoigne d'une tendance partagée à employer esthétiquement le surnaturel pour traiter les débats modernes sur les droits des femmes, ouvrant de la sorte un passage vers les thématiques du folkhem à venir. Et si le merveilleux pouvait servir à narrer une vision utopique de la femme ?
La collection "L'Année Sartrienne" prend la relève de la revue du même nom, créée en 1987, comme Bulletin d'information du Groupe d'Études Sartriennes (GES, Paris). Elle propose annuellement une bibliographie des ouvrages et des articles sur et autour de Sartre, des dossiers thématiques sur les différents aspects de son œuvre, ainsi qu'une rubrique de comptes rendus et de recensions critiques faisant état des publications sartriennes au niveau international. Au-delà d'un état de la recherche universitaire à propos d'une des figures intellectuelles les plus célèbres du XXe siècle, les spécialistes de Sartre et les amateurs de Sartre trouveront dans "L'Année Sartrienne" un grande nombre d'informations sur les résonances médiatiques, culturelles, sociales et politiques de son œuvre.
Vestiges de l'amour et ferments de la liberté dans l'œuvre de Claire de Duras
L'œuvre de Claire de Duras déjoue l'image convenue de l'aristocrate éclairée et de la salonnière influente sous la Restauration. Ses trois romans donnent voix à des figures marginales, dont les souffrances révèlent les contradictions idéologiques et les désillusions de l'ère postrévolutionnaire. Loin de se conformer pleinement aux attentes du roman sentimental, son œuvre explore le " mal du siècle " selon une perspective singulière, pour en dénoncer les racines sociales et politiques. Elle examine ainsi la persistance des préjugés de race et de classe, non sans conserver les ambivalences d'un imaginaire colonial et genré. Cet essai entend montrer que le cadre traditionnel du roman sentimental n'est ici que prétexte à une redéfinition du canon romanesque, qui s'ouvre aux questions sociales pour déployer une critique, en creux, des inégalités et des structures oppressives.À défaut d'un salut possible dans l'amour, Ourika, Édouard et Olivier ou le secret explorent un horizon de solitude adoucie par les valeurs de l'amitié et de la spiritualité. Longtemps reléguée au second plan des histoires littéraires, l'œuvre de Claire de Duras esquisse les prémisses d'une pensée lucide sur la condition féminine entravée – qui est aussi celle des autrices de son temps – et préfère, aux impasses de l'idéal amoureux, des liens plus justes fondés sur l'égalité et l'émancipation.
Dans quelle mesure peut-on faire confiance aux documents que l'on a sous les yeux? Sont-ils authentiques? Sont-ils complets? Ces objets, matériels ou numériques, produits il y a une minute ou rédigés il y a un siècle, de quoi sont-ils la trace?Depuis a création de la discipline par Jean Mabillon au XVIIe siècle, la diplomatique s'attache méthodiquement à démontrer l'authenticité ou la fausseté des actes, puis de tout type de document d'archives.Cet ouvrage présente, sous forme d'une édition commentée et enrichie, une sélection de billets de blog publiés par l'auteur entre 2011 et 2020 évoquant directement ou indirectement la diplomatique et ses fondamentaux. Grâce à son approche humoristique et à son ton personnel, parfois joyeusement provocateur, Marie-Anne Chabin initie le lecteur aux concepts de la critique diplomatique contemporaine et l'invite à s'interroger sur la portée et la fiabilité des écrits du quotidien. Ce sont ainsi soixante petits textes qui ont été rassemblés et dont la foisonnante diversité se laisse deviner par l'originalité de leurs titres: Temporalité, Stabilo, Sincérité, Osso bucco, Purgatoire…Huit chapitres thématiques replacent les observations et les questions abordées dans une réflexion construite et pédagogique. Une partie complémentaire de l'ouvrage propose d'aiguiser le regard diplomatique du lecteur à travers l'analyse de quatre documents très contemporains: un ticket de métro, une image "à la une", l'attestation de déplacement dérogatoire Covid-19 et un arrêté municipal.
Geert Vandamme propose ici une biographie qui renouvelle indéniablement la connaissance de Raymond De Kremer, et ce en suivant patiemment trois lignes de force.La première, c'est celle qui mène de Gand à Gand, avec le passé de Raymond De Kremer dans la ville, et ses différentes formes de recréation par l'écrivain Jean Ray / John Flanders.La deuxième ligne de force, c'est celle qui nous fait suivre le milieu social dans lequel évolue Raymond De Kremer, avec les les tensions du positionnement, qu'il soit linguistique, idéologique ou politique.La troisième, c'est celle qui se dessine entre la réalité et ce que Geert Vandammee appelle la "rayalité", avec un dialogue entre les "versions réalistes" et les "versions rayalistes".Mais l'intérêt extrême de cette biographie, c'est de voir que ces trois lignes de force s'entrelacent. La rayalité se construit, en effet, autour de l'imaginaire de Gand tel qu'il est assimilé par l'auteur, ainsi que par sa manière singulière de revisiter son milieu social. Le tout pour construire un monde fantastique: celui de Jean Ray / John Flanders.
La vache aux yeux de loup est un conte jeunesse inspiré d'une histoire vraie sur un alpage suisse. Il interroge notre rapport à la nature, entre monde sauvage et monde domestiqué. Sur fond de tensions liées au retour des grands prédateurs, le livre ouvre un espace de dialogue entre traditions pastorales et visions urbaines. Porté par des illustrations sensibles, il invite petits et grands à repenser leur lien au vivant.