Le Prix Goncourt de la poésie vient de révéler le nom de son lauréat 2025 : James Sacré, publié aux Presses universitaires de Rouen et du Havre (PURH). Créé en 1985, le Prix Goncourt de la poésie est décerné à un poète pour l'ensemble de son oeuvre et non pour un recueil en particulier comme c'est le cas pour les autres prix de l'Académie Goncourt.
James Sacré est né dans une petite ferme vendéenne. Il passe beaucoup d'années aux États-Unis, où il poursuit des études de lettres pour l'obtention d'un doctorat, et enseigne jusqu'en 2000 au Smith College (Massachusetts), avant de revenir vivre en France à Montpellier. Il a écrit une soixantaine d'ouvrages, dont Figures qui bougent un peu et autres poèmes (Poésie/Gallimard, 2016), Une rencontre continuée (Le Castor astral, 2022) ou encore Par des langues et des paysages (éditions APIC, 2024). Il est membre de l'Académie des Jeux floraux.
Son dernier ouvrage, Des objets nous accompagnent (ou l'inverse) / Some Objects Stay With Us (or the Other Way Round), vient de paraître au Presses universitaires de Rouen et du Havre (PURH). Nous sommes honorés de compter cet ouvrage parmi nos rayons !
© Portrait par Jeanne Roux
Le mot des PURH
Tony Gheeraert (directeur des PURH et professeur des universités en littérature française à l'université de Rouen Normandie) s'est exprimé suite à la remise du Prix Goncourt de la poésie 2025.
"Les PURH, acteur majeur de l'édition en Normandie, confirment aujourd'hui que leur rayonnement excède les frontières de la Région. Déjà éditrices d'un prix Nobel (Annie Ernaux), les Presses voient désormais figurer dans leur catalogue un prix Goncourt : James Sacré, couronné pour l'ensemble de son œuvre par le grand prix de poésie (Prix Robert Sabatier 2025), a fait paraître son dernier ouvrage aux PURH en mars dernier. Ce recueil a pour titre Les Objets nous accompagnent, disponible dans sa langue originale en français, et dans une traduction anglaise par David Ball, également traducteur d'Henri Michaux, Jean Guéhenno ou Alfred Jarry. Cette récompense, qui avant tout honore son auteur, rejaillit aussi sur la maison d'édition de l'université. Elle vient saluer, indirectement, les choix éditoriaux que nous défendons avec constance : ceux d'une édition scientifique et littéraire rigoureuse, indépendante, et ouverte. Fidèles à ce qu'on appelle désormais la voie Diamant de l'accès ouvert, nous sélectionnons nos publications sur expertise anonyme, sans contrepartie financière exigée des auteurs, et avec la volonté ferme de rendre les textes accessibles gratuitement en ligne."
Ce livre s'est écrit, presque entièrement, sur le motif, c'est-à-dire avec sur la table de l'écrivain, l'objet dont apparemment parle le poème. Sur le motif : comme on le dit pour l'activité du peintre devant un paysage. Le motif donne du vocabulaire, et invite à se documenter sur l'objet qu'il est. Il invite aussi à rêver, à se souvenir de mille choses ou seulement de quelques-unes, à penser au temps présent, aux difficultés ou à la facilité qui surgissent avec les multiples façons qu'on a de regarder l'objet, et à cause de l'activité d'écrire.
L'objet est là, et soudain il est tout autre chose : sa familiarité n'est plus qu'étrangeté et bouscule nos convictions les plus tenaces.
Extrait
Traversée d'un long temps depuis cette cour aux gorets d'une enfance
Jusqu'au fond d'un voyage où le monde propose
Une même vaisselle hors d'usage :
Un rouge profond persiste.
**
Toute une vaisselle qu'on a jetée
Comme si plus rien de vivant.
L'effort de mémoire à faire pourtant pas si grand
Pour la retrouver utile dans le quotidien vécu :
Casseroles mises dans le bas d'un grand meuble, désordre
(Chaque matin en sortir une pour chauffer du lait)
Ou telle cocotte en fonte avec un émail orange…
Si personne va jamais manger
Dans cette ancienne vaisselle abîmée ?
Chapitre 3, " Toute une vaisselle en métal émaillé qu'on a jetée "