Lire des œuvres en extraits, quels enjeux pour l'enseignement de la littérature ?
La relation entre l'œuvre et l'extrait, qui est l'objet de ce dossier, peut être abordée à la fois comme moyen et produit de la scolarisation de la littérature. D'une part parce que les extraits contribuent à transformer des objets culturels en objets à enseigner, d'autre part parce qu'ils sont créés par l'école qui élabore et transmet, à travers eux, une certaine représentation de la littérature. L'école est ainsi l'une des instances de fabrication du littéraire, l'un des lieux où s'instituent les corpus, où les œuvres entrent dans un patrimoine national ou mondial.Partant du constat que l'extrait influence l'enseignement de la littérature et la scolarisation des œuvres, les différents articles tentent de saisir les relations qui se nouent entre l'œuvre et les extraits. Tout d'abord en soulignant le rôle des extraits sur la lecture des élèves. Ensuite, en révélant l'importance des extraits dans les processus de patrimonialisation des œuvres. Enfin, à travers ces articles, nous découvrons comment les extraits révèlent les enjeux de l'enseignement de la littérature.
La place de la vulgarisation dans la culture professionnelle des enseignants
Ce numéro de Repères s'intéresse à la vulgarisation dans un contexte où le français, son enseignement et son apprentissage font l'objet de discours hétérogènes, cacophoniques et parfois contradictoires, où les frontières se floutent entre la figure du savant, du spécialiste, du praticien éclairé, et où la légitimité de la science doit composer avec le fait qu'elle est çà et là invoquée comme caution de façade. La question de la vulgarisation est ainsi abordée en termes de médiations, de transmissions et d'appropriations dans la circulation des discours. À travers les formes, les usages, la réception et la production de la vulgarisation, il est question de discours, de discours sur les pratiques et de pratiques. Les contributions permettent de caractériser la vulgarisation et d'interroger son influence du point de vue de l'adhésion des enseignants et de l'utilité qui lui est attribuée pour piloter leur action. Elles s'intéressent à la manière dont se construit dans et en dehors de la formation la culture professionnelle des enseignants. Elles mettent enfin l'accent sur l'engagement de chercheurs dans l'élaboration de dispositifs de formation. Ce numéro est ainsi l'occasion d'interroger à nouveaux frais la didactique du français et la formation des enseignants.
La progression dans la lecture des textes littéraires
Les neuf contributions rassemblées ici s'intéressent à la progression de l'enseignement et de l'apprentissage de la lecture des textes littéraires en interrogeant les choix méthodologiques relatifs à cet objet d'étude et en présentant de nouveaux résultats de recherche. L'attention se porte particulièrement sur l'approche comparatiste, voire internationale, des pratiques de classe effectives. Deux premiers articles s'interrogent sur le sort qui est réservé tout au long du secondaire au commentaire de texte littéraire et à la lecture analytique. Les quatre contributions suivantes présentent les résultats de recherche qui s'appuient sur un même texte littéraire utilisé comme " réactif " afin de faire apparaitre des ruptures et des continuités dans les enseignements et les apprentissages à différents niveaux de la scolarité. Trois derniers articles étudient la manière dont la progression de l'enseignement de la lecture et de la littérature se manifeste dans des choix d'équipes enseignantes, dans des instructions officielles et des manuels, et dans des mémoires professionnels de futurs enseignants. Ces différentes études font apparaitre des constats convergents à propos des formes scolaires liées aux différents niveaux d'enseignement ainsi qu'aux différents contextes sociopolitiques ou socioculturels. Par l'éclairage nouveau qu'elles apportent sur les difficultés et les spécificités de la continuité didactique, elles devraient intéresser aussi bien les chercheurs et les formateurs que les enseignants de français du premier et du second degré qui sont confrontés quotidiennement à ces problèmes.
Construire la compétence lexicale : quelles avancées vers le réemploi aujourd'hui ?
La question de l'enseignement-apprentissage du lexique est au centre des préoccupations des chercheurs et des enseignants, du fait de son influence en compréhension ou des corrélations entre réussite scolaire et connaissances lexicales. Pour autant, la question du réemploi lexical, qui préoccupe largement les praticiens, reste sous-traitée. Ce numéro est l'occasion de faire le point sur l'actualité de la recherche dans ce domaine. Qu'il s'agisse de productions orales ou écrites, voire de l'utilisation d'outils informatiques, les auteurs s'attachent à proposer des pistes possibles pouvant favoriser les acquisitions lexicales et le réemploi, de l'école maternelle à l'université, en langue première, seconde ou étrangère. Les contributions s'organisent autour de trois volets. Le premier questionne la programmation en didactique du lexique en vue du réemploi. Le deuxième interroge l'empan sur lequel porte le réemploi lexical et les facteurs le suscitant. Enfin, et en vue de favoriser le réemploi, le troisième volet démontre l'intérêt de l'articulation entre l'enseignement-apprentissage d'unités lexicales et des activités orales, ainsi que des lectures littéraires et des productions écrites. Le numéro se clôt par une autre interrogation: celle de l'évaluation des connaissances lexicales et des tests mis en œuvre pour y parvenir.
Les dix articles rassemblés dans ce numéro de Repères traitent des effets des pratiques d'enseignement de l'orthographe à l'école et au collège. Ils illustrent les transformations actuelles de ces pratiques. Tout d'abord, ils témoignent d'un recours plus marqué aujourd'hui à la collaboration entre élèves. Ils sont aussi le reflet d'un déplacement d'une tradition de mémorisation et d'application à une exigence de raisonnement et de compréhension du système linguistique, dans la lignée des travaux portant sur les ateliers de négociation graphique. Ils reflètent par ailleurs l'intégration progressive du numérique à l'enseignement-apprentissage de l'orthographe. Enfin, ces évolutions nécessitent la maitrise de compétences de la part des enseignants que la formation devrait mieux prendre en charge, par exemple avoir des connaissances solides du fonctionnement du système d'écriture ou développer sa capacité à comprendre les raisonnements des élèves et à les faire évoluer.
La lecture et l'écriture littéraires à l'école à l'aide de l'album jeunesse : quelle progression?
Ce numéro thématique s'intéresse à la question de la progression, de la petite enfance à l'adolescence. Il permet d'apporter un éclairage sur le concept de progression dans le domaine de l'écriture et de la lecture littéraire à l'aide de l'album jeunesse, et ce, en distinguant deux perspectives. La première, didactique, concerne l'ordre de présentation des contenus et la programmation des activités et s'intéresse aux pratiques des enseignants et à la façon dont ils planifient la progression des apprentissages et la mettent en œuvre dans leur classe. La seconde, développementale, concerne le rythme et la séquence de développement des habiletés de l'apprenant et se penche sur les pratiques effectives des élèves et sur leurs savoirs en construction lorsqu'ils discutent autour des albums ou qu'ils utilisent des procédés littéraires, tirés de ces albums, dans leurs propres écrits. Si plusieurs articles abordent l'une ou l'autre des perspectives, il ressort des contributions une forte articulation entre les deux types de progressions, le développement effectif de l'élève conduisant à réfléchir sur les progressions établies par les programmes ou les enseignants. Le numéro permet ainsi de poser la thématique de la progression en l'articulant aux trois grands pôles didactiques: progression d'un contenu dans un programme ou une séquence; progression établie par un enseignant dans une séquence ou une activité; progression d'un élève dans l'appropriation et la maitrise des contenus.
Le tournant éthique en didactique de la littérature
En 2015, les programmes d'enseignements français pour les cycles 3 et 4 assignent à l'enseignement de la littérature des enjeux littéraires et de formation personnelle. Parallèlement, les programmes d'enseignement moral et civique (en France) ou d'éthique et culture religieuse (au Québec) confèrent aux œuvres littéraires la possibilité de développer la pensée critique des élèves, leur responsabilité civique et leur réflexivité, sur les plans personnel et social. Ce numéro de Repères interroge cette évolution notable de la prescription institutionnelle relative aux enjeux éthiques de l'enseignement de la littérature et contribue à mieux en cerner les implications dans différents pays francophones, au primaire et au secondaire. Le " tournant éthique " en études littéraires, déjà ancien, jouit-il d'une réception renouvelée en didactique de la littérature? Que signifie enseigner la littérature dans une intention éthique aujourd'hui? Comment éviter l'utilisation moralisante, voire moralisatrice, de la littérature à l'école? Comment articuler les valeurs analysables dans les œuvres, portées par chaque lecteur, (dé)construites dans les interactions en classe et prescrites par l'institution scolaire? Qu'est-ce qui se dit et se tait, s'observe et se dissimule quand il s'agit d'éthique en classe de littérature? Les auteurs abordent ces questions essentielles selon des perspectives épistémologiques, théoriques et praxéologiques croisées.
Collecter, interpréter, enseigner l'écriture. Analyses linguistiques des écrits d'élèves
La didactique de l'écriture a profondément évolué ces trente dernières années, du fait des apports conjoints de la psychologie cognitive, de la linguistique de l'écrit et de la didactique de la production d'écrits. Les paradigmes linguistiques ont renouvelé l'analyse des productions écrites dans leurs dimensions textuelles, et notamment: i) les problèmes de (dis)continuité thématique et de cohésion textuelle et générique; ii) les procédures de cohérence énonciative, dans le rapport au référent et au contexte de l'écriture. Au plan didactique, le travail réalisé autour de l'évaluation des écrits des élèves puis de la révision des textes a déplacé le regard de l'étude des normes orthographiques et morphosyntaxiques à celle des composantes sémantiques, énonciatives et discursives des textes.Le présent numéro de Repères s'inscrit dans ces perspectives et s'ouvre à des recherches présentant de nouvelles dimensions pour l'analyse des écrits d'élèves, dans une dynamique de la scription qui comprend toujours le processus de mise en mots (ou en phrases), mais décrit aussi, plus largement, les phénomènes de mise en texte, afin de comprendre les relations entre production de formes et production de sens. Les différentes contributions s'attachent ainsi à analyser l'ensemble du processus d'écriture, et pas seulement son résultat. Elles montrent chacune comment les scripteurs novices parviennent à faire fonctionner le système de la langue à travers les mouvements de leur écriture.
Dans la structuration ordinaire du travail à l'école, l'exercice est central, si l'on entend par là une démarche didactique qui porte sur un savoir ou un savoir-faire identifié, fondée sur des supports divers (souvent textuels) qui sont l'objet d'activités précises, matérielles et cognitives, des élèves. Qu'il concerne la découverte, l'approfondissement ou l'évaluation de contenus d'enseignement, l'exercice semble inhérent à la pratique didactique, ce qui en fait un objet récurrent des discours ordinaires sur l'école. Il existe pourtant relativement peu de travaux sur la question dans le champ de la didactique du français, sans doute du fait d'une tradition critique de la didactique à l'égard de l'exercice, mais aussi parce que d'autres termes, dans les discours didactiques, lui ont été substitués. Pourtant, l'absence d'une appréhension théorique systématique de l'exercice n'empêche pas que ce dernier résiste et perdure dans les pratiques, tant dans les représentations et les discours des différents acteurs de l'école que dans les manuels et dans les classes.Ce numéro de Repères veut contribuer à mieux cerner ce qu'on entend par exercice dans la classe de français, au primaire et au collège. Plus précisément, il s'agit d'identifier quelle peut être l'approche didactique de l'exercice, qui ne saurait être traité indépendamment des contenus en jeu. Deux sections organisent ce numéro: la première envisage l'exercice du côté des pratiques de classes ou du discours sur ces pratiques; la deuxième section s'intéresse aux exercices dans les moyens d'enseignement – qui désignent ici non seulement les manuels scolaires mais aussi d'autres supports pédagogiques et de préparation de cours, y compris numériques.Si l'on peut observer une grande diversité des contributions à ce numéro de Repères – qui peut s'expliquer par le fait que les exercices qui font l'objet des articles sont, à quelques exceptions près, traités isolément – le projet même de ce numéro, par la confrontation des exercices qu'il permet, autorise une forme de mise en relation, salutaire si l'on pense qu'il y a une certaine perte à décrire un exercice isolément des exercices connexes. Mais ce qui ressort le plus nettement de cette mise au travail de la notion d'exercice est l'intérêt qu'il y a à ne pas laisser dans un impensé didactique ce qui relève de l'ordinaire de la classe.
Interroger l'efficacité des pratiques d'enseignement de la lecture-écriture au cours préparatoire
What brings about the effectiveness of the teaching of reading and writing at the beginning of compulsory primary schooling? And which practices favour weaker pupils? This edition of the academic review, "Repères", puts togeth
L'histoire récente de l'enseignement de l'oral et des recherches en didactique du français montre une alternance de périodes d'éclipse puis de regain d'intérêt. Le présent numéro témoigne cependant du fait que l'enseignement de l'oral est en train de s'implanter durablement dans le paysage de la didactique du français. Dans cette perspective, sont présentés ici plusieurs champs d'étude qui dessinent les contours actuels de la didactique de l'oral et analysent différents aspects des pratiques observées. Le numéro s'organise autour de trois entrées principales: est d'abord interrogé le double statut de l'oral à l'école, à la fois outil et objet d'enseignement; la question de l'autonomie de l'oral et de son enseignement constitue le deuxième axe de réflexion. Peut-on par exemple programmer des activités explicites visant à mieux maitriser des activités discursives telles que la justification, ou encore liées à la proxémie, comme la direction du regard et la maitrise du volume de la voix? Enfin, une troisième perspective, plus récente, s'attache à la dialectique qui s'établit, dans le contexte scolaire, entre oral travaillé (en fonction des besoins disciplinaires), et oral enseigné (en fonction des besoins repérés). Un des enjeux majeurs du renouveau d'une didactique de l'oral est de contribuer à l'amélioration de la formation des enseignants, en leur permettant d'acquérir une expertise à la fois langagière, pour guider et étayer les échanges, et didactique pour programmer et construire des séquences d'enseignement au cours desquelles l'oral est enseigné explicitement.
Le décrochage scolaire touche des milliers de jeunes et les plans de lutte contre ce phénomène se sont multipliés en France ces dernières années. De nombreuses études lui ont été consacrées, essentiellement en psychologie ou en sociologie, en étudiant les interactions entre le sujet, son milieu et l'école, celle-ci étant envisagée de manière très globale. Les questions portant sur le climat scolaire, l'estime de soi des élèves, le sens qu'ils n'arrivent pas à attribuer aux apprentissages sont largement traitées. Mais la part des enseignements disciplinaires qui occupent pourtant la majeure partie du temps scolaire est quasiment occultée.Ce numéro de Repères est donc novateur en ce qu'il tente de combler ce manque en appréhendant le décrochage dans une perspective didactique, c'est-à dire en se focalisant sur les disciplines scolaires, principalement sur la discipline français. Il propose donc un ensemble d'articles qui analysent l'intérêt des recherches didactiques et de la prise en compte des disciplines scolaires pour préciser les mécanismes du décrochage. Ils exposent des recherches portant sur les relations entre les manières dont les élèves vivent les disciplines et le décrochage, analysant des entretiens avec des élèves décrocheurs et raccrocheurs en collège et en lycée et des dispositifs concernant des élèves allophones nouvellement arrivés. D'autres articles soumettent des expériences portant soit sur la prévention du décrochage en REP au travers de pratiques d'enseignement de l'écrit, soit sur l'enseignement de la littérature. La question particulière du raccrochage scolaire est abordée dans le cadre de pratiques d'écriture dans le microlycée de Paris.