On peut arguer que, de nos jours, après plus d'un siècle de cinéma, l'utopie reste l'une des grandes absentes de l'histoire du septième art. Certes, on peut être tenté d'appeler " utopiques " les mondes idéals et idylliques dépeints par certains films, mais le genre comme tel a rarement suscité l'intérêt des réalisateurs. Qui plus est, à part...
Media Mythologies - Revisiting Myths in Contemporary Media
Ce dernier numéro des cahiers "Echinox" a pour objectif de poser le cadre pour un dialogue universitaire et les débats concernant les mécanismes, l'impact et les effets du recyclage et de l'emploi à grande échelle des modèles mythologiques classiques dans les médias...
Si l'association des deux concepts " Paysages et utopies " est directement issue des travaux récents de Corin Braga (Du paradis perdu à l'antiutopie aux XVIe-XVIIIe siècles, Paris, Garnier, 2010; id., Les antiutopies classiques, Paris, Garnier, 2010)...
De même que l'archétype du lieu idéal a engendré plusieurs avatars culturels (Paradis, jardin d'Éden, Âge d'Or, Champs Élysées, Îles des Bienheureux), le contre-type du lieu infernal a généré à son tour maints topoï comme le Ekur mésopotamien, le Shéol, le Hadès, le Tartare, l'Enfer, etc. Aussi bien, le complément humain de ces lieux surnaturels, l'utopie ou la cité de l'homme, a donné naissance à des contestations parfois véhémentes, aux antiutopies, cités de terreur et de cauchemar. Apocalypses, endroits eschatologiques, contrées et cités infernales, témoignent d'une fantaisie anxieuse, spécifique de notre culture ou peut-être de la condition humaine elle-même. On dirait que l'angoisse de la souffrance et de la mort jouit de la représentation imagée de ses frayeurs, pour les apaiser et pour les prendre sous contrôle.Ces imaginaires du mal, dans toute leur richesse et diversité, font ici le thème du présent numéro d'Echinox.
L'anthropologie moderne et les recherches sur l'imaginaire ont imposé la revalorisation de la notion de mythe. Ce dernier ne peut plus se définir aujourd'hui comme une image simplifiée et illusoire du réel, comme un mensonge et une erreur. Au contraire, le mythe apparaît comme un marqueur culturel qui permet de saisir sur le mode symbolique les contradictions, les tensions ou les utopies des sociétés. Dans le même esprit, l'imaginaire ne peut plus se définir comme un pur délire de l'imagination, mais comme une forme de pensée où le symbole remplace le concept. Si l'imaginaire n'est pas une pure illusion, comment définir alors l'illusion par rapport à l'imaginaire? On pourra se souvenir que l'il¬lusion est créatrice de connaissance. Les illusions d'optique ont permis de définir des lois scientifiques de l'optique. L'illusion ne peut-elle pas devenir féconde sur le plan de la pensée et de la création artistique et intellectuelle en général? Quel rôle joue l'illusion dans les productions de l'imaginaire? Toutes les formes d'illusions créatrices ont été ici en¬visagées pour répondre à cette question: illusions verbales ou sensorielles, confusions et métamorphoses diverses, jeux sur les identités, les formes, les langages.