Le présent texte résulte d'un colloque qui a eu lieu en mai 2018 à Bucarest entre des soignants et des universitaires rouennais, d'une part, et leurs homologues roumains de l'université de Bucarest, d'autre part. Le livre est la promesse d'une relation soutenue entre nos deux universités sur des thèmes de l'éthique médicale qui n'est pas traitée en Roumanie de la même façon qu'en France, en raison des histoires différentes de nos cultures, même si les racines latines rapprochent nos deux langues.Le centre de gravité de l'ouvrage concerne l'éthique en psychiatrie; elle est envisagée de manières et dans des perspectives très diverses, les unes s'intéressant à la façon dont sont organisés les soins en hôpital psychiatrique, les autres s'interrogeant sur le sens éthique d'une expertise psychiatrique, d'autres encore sur la façon d'administrer l'éthique et son enseignement tant en France qu'en Roumanie. Sans oublier ceux qui s'intéressent aux problèmes linguistiques soulevés par la suprématie de l'anglais dans les classifications des symptômes, des syndromes et des maladies psychiques.
Cette publication collective réunit des études sur les thèmes croisés de l'animalité et de la vulnérabilité, examinés sous l'angle de l'ontologie et de l'éthique animales, de discours et de fictions littéraires évoquant des animaux.Si la vulnérabilité caractérise les animaux en général, comment la distinguer de celle du vivant ou de l'humain ? Qu'est-ce donc qu'une espèce vulnérable, qu'un animal vulnérable, à quoi l'est-il au juste, et dans quels contextes ? Cette vulnérabilité appelle-t-elle une réponse éthique ?Ces questions nécessitent des réponses multiples, pluralistes, qui puisent autant dans les domaines philosophiques, littéraires que scientifiques.
Morphologie et syntaxe des formes en -?? dérivées de participes d'Homère à Polybe
Le grec ancien possède une série de formes où le suffixe productif pour dériver des adverbes de manière sur base adjectivale, -ως, s'est associé à des thèmes de participes. Certains d'entre eux, en particulier ἐχόντως, sur le participe présent du verbe " avoir ", semblent capables de régir un complément d'objet. Cette particularité invite à s'interroger sur les rapports de ces formes avec le paradigme verbal. S'agit-il de participes ou de converbes, ou faut-il y voir des formes devant leur existence à l'adjectivation du participe sous-jacent?Le présent travail s'efforce de répondre à cette question et de fournir une description de cette classe de mots, qui n'a jamais fait l'objet d'une étude systématique. Les caractéristiques morphologiques et les emplois de ces formes sont examinés dans un corpus constitué de la plupart des textes littéraires des périodes archaïque et classique, ainsi que de quelques textes plus récents. Afin de déterminer le statut de ces formes, leur syntaxe est comparée avec celle de différentes constructions typiques de participes, d'adjectifs ou d'adverbes: constructions absolues (en particulier accusatif absolu impersonnel), participes circonstanciels, adjectifs en apposition prédicative, adverbes de manière, d'intensité ou encore adverbes de phrase.
Ce volume réunit des compétences diverses et, à l'intérieur de ces compétences, des sensibilités diverses. Loin de partir des définitions, la philosophie tente de les gagner. Le point commun de toutes ces recherches, qu'elles soient celles des philosophes, de l'éthologue, de la juriste, de la spécialiste de l'éducation, du géographe et du médecin, qui aura le dernier mot, tient donc dans la volonté de définir le soin dans ce qu'il a de spécifique en l'opposant à des activités qui lui sont voisines mais qui relèvent plutôt de l'aide. Les Anglo-Saxons, qui dominent les recherches en éthique médicale, ont deux mots pour parler du soin: care et cure; ce qui crée dans les traductions et les débats en français une grande confusion, laquelle a donné lieu à une sorte de querelle à propos de la philosophie dite du care, dont on trouvera ici les échos sous la forme d'antinomies.
La question de savoir ce que l'acteur vit lorsqu'il incarne un personnage, soit qu'elle ait été présentée comme relevant d'une expérience quasi mystique, soit qu'elle ait donné lieu à des débats philosophiques ou esthétiques les plus divers, a depuis longtemps et continue aujourd'hui encore, de susciter la curiosité et l'intérêt des chercheurs. Comment, en effet, appréhender cette expérience si singulière au cours de laquelle un homme se met à vivre irréellement dans les émotions et les sensations d'un être imaginaire?C'est en croisant différentes approches portant sur cette question que cet ouvrage se propose d'y répondre. De Diderot à Sartre et en passant par Deleuze, il présente tout d'abord différents discours théoriques traitant de cette expérience, puis rend compte des démarches plus contemporaines relevant de la phénoménologie expérientielle, de l'anthropologie ou de la psychologie, qui puisent à même la parole des acteurs les données empiriques de leurs développements théoriques. Enfin, il montre que la diversité des expériences de jeu est elle-même fonction de celle des écritures si différentes d'un dramaturge à l'autre.
La révolution anglaise (1640-1660) constitue aujourd'hui, d'un côté comme de l'autre de la Manche, un épisode bien oublié de l'histoire britannique. Il n'en a pourtant pas toujours été ainsi: en France, au XIXe siècle, cette période troublée était érigée en référence, tant par ceux qui tentaient de penser les soubresauts politiques qui secouaient alors l'Europe, que par de nombreux écrivains et artistes, qui y trouvaient une inépuisable source d'inspiration. En Grande-Bretagne aussi, la révolution anglaise est encore très vivace dans les mémoires. Dans les débats politiques et sociaux du xixe siècle, elle sert ainsi alternativement de modèle, ou de repoussoir, au gré des parallèles qui sont faits entre Cromwell et Napoléon, entre Charles Ier et Louis XVI, ou entre Henriette-Marie et Marie-Antoinette. Le présent ouvrage explore les différentes facettes de la révolution anglaise vue par les romantiques: paradigme pour penser les révolutions qui scandent l'histoire française, occasion de rêverie poétique et romanesque, ou lieu de cristallisation polémique, ce moment de l'histoire anglaise devient au XIXe siècle un prisme où se contemple et s'élabore notre modernité.
Ce volume se propose de revisiter la figure d'Alain, en la replaçant dans son temps et en faisant justice à son œuvre protéiforme, encore partiellement inédite. La première partie s'attache à l'originalité d'Alain en tant que professeur de philosophie à travers ses influences, ses différentes pratiques de l'enseignement et son ouverture à des publics variés, depuis les élèves de sa classe de philosophie jusqu'à ses lecteurs de La Dépêche de Rouen et des autres journaux auquel il a régulièrement collaboré, en passant par le public des universités populaires.La deuxième interroge le mode d'inscription d'Alain dans la philosophie française à travers certaines figures qui l'ont précédé ou suivi. La troisième fait enfin le point sur la spécificité de sa position face à la Grande Guerre, aussi bien d'un point de vue historique que philosophique.
La profusion de travaux sur les Morisques, derniers descendants des musulmans espagnols convertis au catholicisme au XVIe siècle, avant et après leur expulsion d'Espagne entre 1609 et 1614, peut donner l'impression que pratiquement tous les aspects de l'histoire de cette minorité ont été abordés par l'historiographie, mais, comme le montre ce volume, il reste encore des champs à explorer, à revoir, à réinterpréter avec de nouvelles méthodes, de nouveaux postulats, en collaboration avec d'autres champs disciplinaires. La multiplication des études sur les Morisques ainsi que les thématiques développées autour de la question(assimilation, confessionnalisation de l'Espagne, affrontement avec l'islam ottoman et barbaresque, discrimination, évangélisation, exclusion/inclusion, identité, intégration, marginalisation, polémique antimusulmane, taqiyya) en ont fait désormais un objet familier, dans le sens de connu, qui, avec toutes les précautions qui s'imposent afin d'éviter les anachronismes réducteurs, entre en résonance avec les problèmes de nos sociétés contemporaines et pluriculturelles, en particulier la question de la place de l'Autre et de son intégration.
La définitude est une notion linguistique courante : une entité discursive est considérée comme définie par le locuteur dès lors que celui-ci pense que l'interlocuteur la connaît et peut en identifier le référent. Diverses marques linguistiques, souvent des grammèmes, sont analysées selon les langues comme des indicateurs de définitude à la disposition du locuteur.Ce volume propose six illustrations des notions de défini et d'indéfini qui mettent en valeur la grande diversité des marqueurs associés à l'une et à l'autre. La définitude ou son contraire peuvent être pris en charge par la syntaxe et non par l'emploi de grammèmes. Le contexte et la visée communicative jouent un rôle décisif dans l'emploi des marques de définitude, qui ne doivent pas être étudiées dans l'absolu. Ces marques elles-mêmes, termes grammaticaux ou non, sont susceptibles de porter des traits sémantiques fort divers, auxquels l'opposition entre défini et indéfini ne rend pas pleinement justice. Une attention toute particulière y est portée à la diversité des langues, indo-européennes ou non, modernes ou anciennes.
Le bassin méditerranéen est au Ier millénaire avant notre ère un espace multilingue dans lequel sont documentées de nombreuses traditions épigraphiques différentes.Cependant la pauvreté de la plupart de ces nombreux corpus représente une grave difficulté pour l'étude des langues correspondantes. La perspective choisie dans le présent volume s'attache à une donnée souvent négligée dans l'analyse des langues d'attestation fragmentaire: chaque corpus présente non seulement un nombre réduit de textes, mais aussi un nombre réduit de genres de textes, définis comme l'emploi de supports matériels précis pour l'écriture d'un message structuré d'une manière précise, l'association des deux obéissant à une visée communicative précise auprès d'un public escompté précis. La relative fixité de l'association entre support, texte, lectorat et acte de langage permet des interprétations pluridisciplinaires, qui permettent des conclusions plus riches que la simple analyse d'éléments isolés. Ces recherches peuvent combiner des méthodes étymologiques, onomastiques, archéologiques, épigraphiques. À son tour, l'étude des habitus documentés pour chaque langue est susceptible d'aboutir à des hypothèses significatives sur les transferts entre cultures et sur la typologie des inscriptions à l'échelle de l'ensemble du bassin méditerranéen.
Si avant toute chose, parole et langage sont voix, la voix, elle, ne peut se réduire seulement au langage. Le langage, quant à lui, au vu de toutes ses possibilités, n'entre pas non plus dans le seul champ de la vocalité: la communication linguistique recourt depuis longtemps à des techniques et des outils de nature non verbale, depuis les différents systèmes d'écriture jusqu'aux moyens contemporains de préservation, de traitement et de diffusion du son. C'est peut-être la littérature – non restreinte à des formes verbales artistiques ou esthétiques – qui témoigne le mieux de cette pluralité de la voix. Elle est, pour reprendre l'image de Martin Lienhard, la gardienne irremplaçable de ses traces. Malgré tout, la voix s'échappe aussi de ses traces littéraires ou écrites, dans la mesure où, dans ces empreintes, la vocalité continue de manifester sa présence à travers différentes projections, dans une gamme hétérogène de textes, dans lesquels elle s'enrichit, se transfère ou se transforme. À partir de corpus écrits et oraux qui relèvent des différents domaines – histoire, fiction, religion, politique, théâtre –, les douze études de ce recueil interrogent divers aspects suggestifs de cette pluralité de transpositions.
Une guerre civile mobilise chez les membres de la collectivité désormais clivée des représentations nouvelles: elle oblige à choisir un camp parmi les deux partis qui s'affrontent. Ces représentations sont souvent liées à des affects intenses, qui justifient la rupture avec la représentation unitaire de la collectivité antérieure à la guerre civile et avec le sentiment d'appartenance à celle-ci. Le présent volume étudie ces idéalisations, c'est-à-dire les sentiments liés aux représentations apparues avec la guerre civile. Il analyse aussi leur destin au-delà du conflit, soit dans le processus nécessaire, mais difficile, qui consiste à métaboliser les affects violents hérités de la guerre civile, soit dans un réemploi des représentations attachées à la guerre civile, auxquelles s'associent parfois de nouveaux affects. Les contributions recueillies dans l'ouvrage portent sur des périodes différentes et reflètent des méthodologies diverses, depuis la psychologie et la critique littéraire jusqu'à l'histoire. Elles visent à contribuer à une typologie des idéalisations et des réconciliations suscitées par les guerres civiles.