Les Derniers mots de Charles Ier d'Angleterre
Le roi martyr et Eikon Basilike (1649) : héroïsme royal et mises en récit de l'histoire
Whitehall, Londres, 1649. La hache s'abat, un grondement se fait entendre. Charles 1er meurt, exécuté publiquement, abandonnant sur l'échafaud la couronne terrestre pour accueillir la couronne céleste. Alors que le roi prononce sa dernière tirade, le personnage de Charles 1er prend vie sous la plume des royalistes. Au moment même où le roi meurt, le livre paraît, véritable héritage pour ses sujets. Si son corps mortel n'est plus, l'œuvre le remplace peu à peu pour finalement s'y substituer totalement. Dès lors, le culte du roi martyr ne fera que s'amplifier. Le message des royalistes est repris par des élégies, des pamphlets, des balades mais aussi des poèmes, des portraits, des gravures et des objets. Le roi se lit, s'écoute, se touche, se regarde et se dissimule. Véritable objet de collection, talisman ou objet de deuil, il est emporté dans les maisons, la rue, les lieux d'échanges. La parole silencieuse du roi est d'une puissance redoutable pour contrer la propagande parlementaire. Grâce à l'essor de l'imprimerie et à la stratégie d'écriture de ce livre, Eikon Basilike devient un objet que l'on s'approprie, à la faveur de la création d'une sphère publique. Si Eikon Basilike fut si populaire, c'est sans doute que les contemporains ont pu y déceler ce qu'ils y cherchaient pour répondre à la crise qu'ils traversaient. Eikon Basilike transgresse les codes et les genres tout en redonnant stabilité et repères. Plus de 350 ans après sa parution, il convenait de redonner toute sa place à cet ouvrage en le replaçant au cœur de son contexte politique, historique, social, religieux et culturel mais aussi en le relisant à travers le prisme de la culture matérielle et visuelle, en étudiant non seulement sa stratégie d'écriture mais aussi et surtout en étudiant sa réception.
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