Ce volume comprend un dossier thématique intitulé " Fictiologies médiévales " comprenant 6 articles inédits qui réfléchissent sur le statut de la fiction dans les productions textuelles castillanes médiévales (notamment chez Alphonse X) et les liens entre " réalité " et " fiction " (par exemple dans les récits de voyage). D'autres travaux analysent divers cas de figure du processus médiéval de mise en fiction ou de réécriture de mythes ou légendes (dans les textes historiographiques ou dans la matière arthurienne) ainsi que la recherche d'un exotisme qui passe par la fiction, comme dans le cas du Libro de buen amor. La rubrique Varia comprend un article sur un copiste morisque, Luis Barbaça, qui jette une lumière nouvelle sur la fin de cet alfaqui endoctrineur, condamné par l'Inquisition. Le volume se clôt par un article compte rendu consacré à l'ouvrage d'Arturo Jiménez, La incorporación de la mujer a la cultura escrita en el siglo xv.
Sous le signe d'Alphonse X : contextes et lectures de don Juan Manuel
Ce dossier explore la relation complexe entre Alphonse X et don Juan Manuel, deux figures majeures de la littérature médiévale espagnole. Alphonse X, connu comme le Roi Sage, a introduit l'autorité laïque dans la littérature romane en Castille, compilant des œuvres historiques et juridiques. Cependant, la perception de sa gouvernance est ambivalente, marquée par des conflits familiaux. Don Juan Manuel, quoique reconnaissant l'importance d'Alfonso X, présente une image nuancée, se positionnant comme héritier tout en critiquant ses aspects négatifs. Les articles de ce dossier explorent cette tension, analysant la relation entre les deux auteurs à travers des liens textuels et des réinterprétations historiographiques. Les travaux révèlent la diversité des approches critiques, mettant en lumière la réception de don Juan Manuel dans le contexte médiéval et renaissant.
Le pouvoir de l'historiographie dans le projet d'Alphonse X
Les collaborateurs d'Alphonse X ont envisagé le rôle de la culture dans le projet alphonsin comme un lien entre le pouvoir et le gouvernement, avec un dispositif de communication original fondé sur l'autorité royale et sur l'utilisation de la langue romane. Dans ce cadre, l'histoire aurait eu une virtualité particulière en tant que discours visant à établir une éthique civile et un espace de reconnaissance des acteurs politiques liés au roi, qui s'érige en créateur du récit historique, tant dans sa dimension particulière qu'universelle.Ce dossier rassemble les contributions de douze historiens et philologues qui explorent les différents aspects des interrelations entre pouvoir et histoire. Il analyse non seulement l'utilisation des sources et les motifs de la production historique du roi sage, mais élargit également la perspective temporelle pour inclure l'héritage du projet et la figure d'Alfonso X.
Pero López de Ayala dans un " monde en plainte et tribulation". Treize leçons
Cette monographie se compose de treize leçons sur des aspects fondamentaux de l'œuvre de Pero López de Ayala, avec une attention particulière pour le Rimado de palacio et les Crónicas. Les premières leçons étudient la manière dont Ayala retrace la guerre fratricide entre les rois Pierre et Henri; la figure du tyran qui, chez Ayala, s'incarne dans la personne du roi Pierre de Castille; le vice capital et structurant de la cupidité qui traverse la quasi-totalité du Rimado et la manière dont Ayala fait référence à la nécessité pour un bon roi de s'entourer de bons conseillers. Suivent des leçons sur des thèmes moraux et satiriques tels que la mort, à laquelle Ayala consacre des couplets fondamentaux dans son Rimado, ou la tradition littéraire des " états du monde ", très éclairante pour des séquences importantes du Rimado. Les leçons suivantes situent l'œuvre d'Ayala dans le cadre de l'histoire littéraire, en commençant par la " dette " envers une œuvre comme le Libro de buen amor et en poursuivant avec le thème – partiellement exploré avant cette leçon – de la présence de la tradition de l'exemplum chez Ayala, tant dans le Rimado que dans ses Chroniques, en insistant, dans la leçon suivante, sur le motif hagiographique particulier de saint Nicolas de Patras. Bien entendu, ne pouvait manquer, dans cette monographie, une leçon sur les Moralia in Job de saint Grégoire, qui constituent une " mine " idéologique d'une bonne partie du Rimado, au-delà du commentaire lui-même. L'avant-dernière leçon aborde un sujet peu étudié: la relation entre les textes d'Ayala et ceux commandés par son contemporain Lorenzo Suárez de Figueroa. Une dernière et dense leçon revient sur la question du prétendu " humanisme " d'Ayala à travers sa vision de l'Antiquité.
Politia. La construction du discours politique au Moyen Âge et à la Renaissance
L'intérêt pour l'origine et la diffusion des théories politiques du Moyen Âge et de la Renaissance nous oblige à aborder les traductions avec une perspective philologique et historique qui explique les changements culturels produits à cette époque. Ce volume propose, dans sa partie centrale, un dossier qui interroge ces questions. Sous le titre Politia. La construction du discours politique au Moyen Âge et à la Renaissance, ce numéro monographique, qui se compose de dix travaux totalement inédits, s'articule autour de trois axes principaux: " Voies de transmission " (avec trois travaux sur l'aristotélisme politique à la fin du Moyen Âge dans la péninsule Ibérique), " Concepts et vertus politiques " (avec deux travaux, l'un sur la justice et l´équité et l'autre sur les vertus politiques du législateur) et, enfin, " Traductions et idées politiques " (avec trois travaux, l'un sur les origines de la pensée démocratique en Espagne, l'autre sur un aspect de l'érasmisme dans la Chancellerie de Charles Quint et, enfin, un dernier sur les traductions hispaniques des œuvres de Machiavel). L'ensemble du dossier est dûment présenté par María Díez Yáñez.
Ce volume regroupe 16 études inédites sur divers aspects de la théorie de la traduction au Moyen Âge dans les aires hispanophone, francophone, catalane, latine et arabe. Les thèmes abordés comprennent l'actualisation médiévale des premières théories de la traduction (Jérôme, Augustin, Boèce); la traduction comme espace de création littéraire ou d'invention (dans la prose castillane ou française); la traduction de la mythologie et de la matière antique (chez Raoul de Presles et Alphonse X); le modus operandi des traducteurs vu par leurs socii (Gérard de Crémone) ou par eux-mêmes (auto-analyse de la pratique traductrice); les théories de la traduction chez les traducteurs arabes médiévaux; la traduction vue par les traducteurs " mineurs " catalans du 15e siècle; la traduction des textes religieux dans la Castille du 15e siècle; le contexte et les spécificités de la querelle entre Bruni et Cartagena au sujet de la traduction de l'Éthique à Nicomaque d'Aristote; la théorie et la pratique de la traduction chez Alfonso de Madrigal dit Le Tostado et le cas de la traduction de textes de prédication arabe dans des manuscrits aljamiados.
Après de longues années de recherches, Antoni Rossell, professeur à l'Université Autonome de Barcelone, a pu établir une reconstitution musicale vraisemblable de la chanson de geste espagnole El Cantar de Mio Cid et revisite devant nous le travail vocalique et gestuel d'un jongleur du 13e siècle. Le film contenu dans le volume reprend des extraits de l'interprétation lyrique du Cid par Antoni Rossell en y ajoutant de nombreux supports visuels et des séquences filmiques tournées sur les lieux mêmes évoqués dans la chanson. Il nous plonge ainsi dans une Espagne intemporelle, d'une beauté âpre, faite de dénuement et de silence; la terre dévastée de l'exil. Le volume contient le DVD du film, précédé de 8 études inédites sur des aspects essentiels du Cantar de mio Cid qui sont publiées en trois langues (français, espagnol et anglais): une présentation du spectacle d'Antoni Rossell et du film; une réflexion sur l'épique médiévale et le chant; une présentation de la démarche musicologique d'Antoni Rossell; qui était en réalité Rodrigue de Vivar, le Cid?; quels sont les premiers textes du corpus cidien?; quels rapport le poème entretient-il avec les référents spatiaux?; les liens entre le poème castillan et ses modèles français et enfin comment se construit le mythe cidien.
Penser le genre au Moyen Âge : (Péninsule Ibérique, 13e – 16e s.)
Le numéro 39 (2016) des Cahiers d'Études hispaniques médiévales est une monographie sur la théorisation du genre dans l'Espagne médiévale et du xvie siècle qui permet de faire le point sur les recherches actuelles en France, en Espagne et aux USA, sur les gender studies appliquées à l'Espagne médiévale et du 16e siècle. Le dossier comprend 11 articles portant sur divers aspects de cette problématique: les intersections sexuelles (effémination, hermaphrodisme, 3e genre…); la représentation de la différence entre sexe et genre dans les mentalités médiévales; genre et parentalité; la désignation linguistique et rhétorique du genre dans la langue médiévale castillane; la théorisation de la misogynie (de la tradition orientale au traité moral); les marqueurs de genre dans les textes littéraires et l'esthétique genrée de la réception, l'apparition d'une voix littéraire au féminin; la " querelle des dames " et la parodie, genre et apparence vestimentaire, genre et savoir (les femmes lettrées à la cour d'Isabelle), genre et mystique.
La théorisation de l'amour au Moyen Âge et à la Renaissance (péninsule Ibérique, XIIIe-XVe siècles)
Le numéro 38 (2015) des Cahiers d'Études hispaniques médiévales comprend un dossier de six articles consacrés à la théorisation de l'amour au Moyen Âge et à la renaissance dans la péninsule Ibérique. Y sont abordées des questions cruciales de la théorie amoureuse médiévale comme l'opposition entre idéalisme amoureux (amour courtois) et érotisme ovidien; la maladie d'amour selon la médecine médiévale; l'influence d'Ovide; le naturalisme amoureux selon la pensée universitaire ou le néoplatonisme du xvie siècle dans la bucolique et dans la poésie. À la suite, on trouve trois articles de varia : deux éditions de textes médiévaux (une chronique en latin rédigée dans l'entourage de l'écrivain Juan Manuel appelée Cronicon latin, et une version en castillan jusque-là inconnue du célèbre Liber de pomo sur la mort d'Aristote inspirée du Phédon de Platon) et un article sur l'expression vale decir comme marqueur de reformulation, du latin à nos jours, en passant, bien entendu, par les usages médiévaux de cette expression. Le numéro se clôt par le compte rendu de lecture d'un ouvrage portugais consacré aux Juifs et aux Musulmans de la péninsule Ibérique.
L'historien à l'œuvre dans le bas Moyen Âge (péninsule Ibérique, 13e – 15e siècles) // Les sept enfants de Lara (suite et fin)
Le volume 37 des CEHM comprend deux dossiers. Le premier (" L'historien à l'œuvre ") explore l'atelier de l'historien médiéval: processus d'écriture à partir des sources d'information; réécriture pour élaborer un texte définitif; prosopographie des historiens au sein du personnel de la chancellerie… Sont publiés sept articles portant sur les ateliers historiographiques alphonsins, la chronique de Ferdinand IV, les chroniques de Jean II et les chroniques portugaises de la guerre civile de 1319-1324. Le deuxième dossier (" Les sept infants de Lara, suite et fin") se situe à la suite du dossier " Les sept infants de Lara: l'histoire face à la légende ", publié dans les CEHM 36 (2013). Il regroupe quatre travaux qui portent sur la notion fondamentale de vengeance, la question de l'éventuelle historicité de la légende et les reformulations de celle-ci dans le théâtre et l'architecture.
Le numéro 36 des Cahiers d'études hispaniques fait le point sur le passé et le présent des recherches sur une des plus importantes légendes épiques espagnoles médiévales : la légende des sept Infants de Lara ou de Salas. Ce dossier réunit des spécialistes de l'épique, de la littérature médiévale, de l'anthropologie culturelle et du folklore.