En 1834, Eugène Scribe réécrit un Singspiel de Goethe qui se déroule en Suisse (Jery und Bätely, 1780) pour la scène de l'Opéra comique, avec la musique d'Adolphe Adam. Deux ans plus tard, Gaetano Donizetti traduit le livret en italien. Ces migrations et traductions ont fait, entre autres, l'objet d'un projet de recherche dirigé par Marie Caffari à l'Institut Littéraire Suisse de Bienne. Bernard Banoun, Francesco Micieli et Raphael Urweider se sont confrontés dans leurs propres traductions avec ce texte stratifié. Le présent volume regroupe aussi des essais de traductologues et musicologues qui offrent différentes perspectives méthodologiques sur cet opéra en voyage.
Le " Symposium " de Socrate adapté pour la scène. Nouvelle traduction - Commentaires - Contributions
Ce volume, étape et souvenir, cadeau et messager, témoigne d'une aventure de mise en scène nommée " Salut Socrate ! ". Il offre une nouvelle traduction du texte platonicien, doublement adapté : abrégé et travaillé pour la scène, il s'ouvre à la mixité des genres et des sexualités. Cette traduction est accompagnée par des commentaires et des contributions ciblées qui éclairent le monde grec d'antan : recettes pour un banquet antique, instructions vestimentaires, guide pour l'usage du vin ; puis une présentation de la pensée de Platon ; last but not least, quelques mots sur les personnages, en particulier sur Diotime et Alcibiade et sur cette première superstar, Socrate.
Le philosophe et théoricien russe de la littérature Mikhaïl Bakhtine a discuté des fonctions du fripon, du bouffon et du sot dans son étude " Les formes du temps et du chronotope dans le roman ". Pour Bakhtine, ces trois figures jouent un rôle important dans l'évolution du roman européen, dans la mesure où elles reflètent la démarche du romancier : plutôt que de prendre part à la vie, les fripons, bouffons et sots l'observent et la mettent à nu. Afin d'évaluer s'il s'agit toujours des mêmes concepts, ce triple paradigme est interrogé dans ce recueil à travers différentes traditions culturelles.
Aborder l'œuvre de Bakhtine en allemand, en français ou en anglais donne lieu à trois éclairages fort divergents sur ses textes. Le concept de polyphonie, notamment, est traité et compris d'une manière très différente d'un espace culturel à l'autre. Le volume réunit à la fois les textes des professeurs Tihanov et Lätheenmäki dans une traduction française de Karine Zbinden, et les conférences de celle-ci et des professeurs Grübel et Sériot, données lors d'une journée d'étude sur la réception de l'œuvre de M. Bakhtine en mars 2002 à l'Université de Lausanne.
Philippe Jaccottet est non seulement l'auteur de l'une des œuvres poétiques contemporaines les plus importantes, mais il demeure aussi, par son activité de traducteur, le passeur d'œuvres parmi les plus lues aujourd'hui. Ces deux démarches menées de pair semblent révéler une esthétique proche : dans son activité de traducteur, il veille avant tout à s'effacer derrière la voix qu'il désire transmettre, et dans son propre travail poétique, il est à la recherche d'une justesse de la parole qui permettrait d'accéder au langage le plus transparent, qu'il évoque lui-même au travers de la métaphore de l'effacement.
Une réflexion herméneutique sur la notion de traduction
Le langage n'est pas un simple outil applicable aux choses, mais il est indissociable du fait même d'avoir un monde, déjà structuré par le langage. Ainsi la traduction apparaît comme une médiation entre des langues différentes, entre des mondes distincts. Elle traite par excellence de l'étranger. Paradoxalement, la traduction consiste à rendre présent dans une langue-cible cet étranger ouvert par une langue-source. La question en débat ici est de savoir comment la traduction réalise le passage de l'étranger dans une langue-cible.
Un système de traduction entre l'allemand standard et le zurichois
On propose ici une exploration des diverses possibilités permettant d'élaborer un système de traduction automatique entre l'allemand standard et le zurichois, en choisissant comme cadre formel celui de la grammaire lexicale fonctionnelle (LFG). Après avoir livré l'état actuel des recherches dans le domaine en général et en traduction automatique basée sur la LFG en particulier, l'auteur présente et analyse les différents problèmes que pose le passage entre ces deux langues, en ne perdant jamais de vue la question de l'intérêt tant pratique que théorique que peut avoir le développement d'un tel système de traduction.
Depuis quelques années l'intérêt pour l'œuvre de Blaise Cendrars s'est renouvelé tout en laissant en dehors de la réflexion un aspect de son œuvre et de son travail : la traduction. La traduction, dans un sens large, fait intervenir non seulement les différents espaces culturels et linguistiques, mais aussi des processus internes de la genèse et de l'établissement du texte, ainsi que sa lecture et sa compréhension. Les textes de Blaise Cendrars posent de manière presque violente la question de l'origine et du commencement, de l'original et de sa traduction, et de leur ancrage dans un espace culturel et linguistique. Cendrars met en question les concepts mêmes d'original et de traduction. L'élaboration de son œuvre montre combien il joue avec cette origine, combien il se construit et construit ses textes en nous renvoyant vers l'autre, vers d'autres identités, d'autres lieux et d'autres textes.
Les contributions publiées dans le volume sont issues pour la plupart d'un cycle de conférences sur l'œuvre de Shakespeare, données à l'Université de Lausanne en 1997. Elles montrent de quelle manière les traductions influencent les différentes lectures de l'œuvre shakespearienne en Europe. Trois d'entre elles touchent plus particulièrement aux problèmes de réception, tout d'abord par une réflexion sur la situation de l'œuvre de Shakespeare dans la tradition poétique anglaise, puis par un parcours de la réception de son œuvre dans différents pays d'Europe, et enfin par un regard analytique sur les traductions d'Eugenio Montale. Deux autres contributions proposent une lecture plurielle de deux des sonnets shakespeariens. L'ensemble donne au lecteur un aperçu des problèmes liés à la traduction de Shakespeare.