Annoter les travaux écrits des élèves est un geste professionnel ordinaire qui interroge cependant les objectifs disciplinaires de l'enseignant·e et sa réflexion sur l'utilité et l'efficacité de cette pratique. Car les annotations ne sont jamais des écrits anodins, tant elles peuvent cristalliser de crispations, de représentations plus ou moins conscientes ou d'affects contradictoires. Ainsi, de l'élémentaire à l'université, les analyses théoriques et les démarches didactiques et pédagogiques proposées ici interrogent l'annotation dans sa double fonction d'objet ou d'outil disciplinaire: qu'il s'agisse de travailler avec ou sur les annotations, l'essentiel est bien de mettre au centre l'idée de la progression toujours possible de l'élève.
La diversification des ressources médiatiques offre de multiples possibilités en termes d'apprentissages: recherches, productions numériques (webzine, webradio, blog…) photographie, bande dessinée mais aussi jeux (de société ou serious game). Le numérique est au cœur de la quasi-totalité des articles de ce numéro, reflet de la place prépondérante des supports numériques dans la diffusion de l'information. L'école ne cesse d'interroger son rapport aux médias, car leur permanente évolution oblige à repenser l'usage qui pourrait en être fait en classe. Ces médias sont ici envisagés comme outils pédagogiques pour développer des compétences d'expression orale et écrite, mais aussi comme objets d'apprentissage en soi, pour mieux en appréhender les codes et les utiliser de manière pertinente.
Le français est à la fois un bien commun et une discipline aux contours mouvants au fil de la scolarité. Penser la continuité des pratiques et des objets d'enseignement permet aussi de penser le français dans sa diversité et selon des ruptures souvent masquées. Les injonctions officielles à la continuité ne peuvent cacher la réalité des discontinuités voire des ruptures, à chaque palier, parfois entre deux niveaux de classe. Ce numéro aborde ces questions sous l'angle des contenus, des méthodes, des dispositifs et cela du point de vue des élèves, des enseignants, des parents, des chercheurs, et dans une perspective historique ou synchronique. Si les ruptures peuvent être la source d'un vécu scolaire difficile, elles sont pourtant parfois nécessaires dans le développement des élèves.
Expliquer (et réexpliquer) est une des activités ordinaires de l'enseignant, qui lui assigne l'objectif d'aider l'élève à comprendre une consigne, une notion, un texte, etc. Outre des réflexions sur les frontières entre explication, argumentation et justification, le numéro interroge les enjeux et les limites des explications en termes d'apprentissage. Qu'en est-il des explications attendues des élèves, à l'oral comme à l'écrit, et de la maternelle à l'université? Quel intérêt peuvent présenter les échanges entre pairs? Les analyses et démarches d'enseignement proposées envisagent la notion d'explication à la fois comme un outil et un objet d'apprentissage. On y trouvera aussi des paroles d'élèves et un éclairage historique sur la traditionnelle "explication de texte".
Utiliser efficacement un texte d'autrui ne va pas de soi. Les tâches cognitives sont nombreuses: rechercher, sélectionner, s'approprier (reformuler, citer, évoquer, imiter…) Copier, emprunter ou coller nécessite donc des compétences de lecteur, de scripteur ou d'orateur qui en font un incontournable objet d'apprentissage, mais peut aussi constituer une technique pour apprendre à écrire de la maternelle à l'université. Tel est le sens des analyses et propositions de cette livraison.
L'apprentissage de la langue est perçu comme difficile par ses acteurs, enseignants et élèves. De nombreuses questions se posent, que ravivent les dernières instructions pour le lycée. De quelle langue parle-t-on? De la langue normée, celle des programmes d'enseignement de la maternelle au lycée? Ou de celle, sans cesse renouvelée, qui varie selon de multiples usages? Et comment l'enseigne-t-on? La question renvoie notamment à celle du métalangage; le numéro fait le point sur cette croyance selon laquelle c'est en maitrisant le métalangage savant que les élèves sauront (mieux) écrire. Finalement, au rebours de prescriptions qui dissocient langue et sens, c'est la nécessité de les travailler conjointement qui est ici affirmée.
En didactique, les genres sont considérés comme un vecteur central des apprentissages langagiers pour modéliser les pratiques, comme unité de travail fondamentale et en tant qu'outil permettant la reconnaissance et la production des discours. Les articles de ce numéro visent à évaluer la pertinence, la légitimité et la validité de différents dispositifs d'enseignement de l'oral. Si l'on constate leur diversification, il convient aujourd'hui de se questionner sur les nouveautés apportées.
La distinction entre le réel et la fiction ne va pas de soi, mais fait rarement l'objet d'un enseignement explicite. Le problème surgit parfois dans des questions d'élèves, en réception ("Ça s'est vraiment passé?") comme en production ("On a le droit d'inventer?") Même si le concept de fiction est difficile à définir, on mesure l'enjeu de démarches qui aident les élèves à se repérer et à jouer avec les frontières. Tel est le sens des analyses et propositions de cette nouvelle livraison.
Quel enseignant pourrait affirmer qu'il pratique son métier d'une manière uniforme et immuable, en faisant abstraction du fait qu'aucun élève n'est pareil à un autre, qu'aucun groupe d'élèves n'est pareil à un autre, et que tous n'évoluent pas de la même manière? Aucun. Mais les évolutions du système éducatif mettent la réflexion sur la différenciation au centre des interrogations professionnelles. Qu'est-ce qu'on différencie? Sur quels critères? Selon quelles analyses? Avec quels dispositifs et outils? Alors que des injonctions de plus en plus pressantes tendent à transformer l'enseignant en simple exécutant, ce numéro affirme que la différenciation est affaire d'expertise professionnelle et relève de choix pédagogiques et didactiques qu'il s'agit d'élucider.