Depuis la rédaction de sa thèse de doctorat en 1979, Le contrôle du Parlement sur l'administration de la justice en Bretagne, Marie-Yvonne Crépin (1941-2020), professeur d'histoire du droit à l'université de Rennes I n'a cessé de s'intéresser aux décisions des parlements d'Ancien Régime. Si son principal centre d'intérêt se situe en Bretagne, ses recherches l'ont souvent conduite au-delà du territoire breton. Son infatigable dépouillement des archives judiciaires l'ont mené de l'Ancien Régime jusqu'à la seconde guerre mondiale en passant par la Révolution.Des juridictions pénales, elle a logiquement porté son attention sur les grands juristes et sur leur bibliothèque. En effet, qu'il s'agisse des institutions, des magistrats ou des criminels, sa démarche est anthropologique et sociologique. Si la recherche est érudite, la thématique très juridique, Marie-Yvonne Crépin a aussi le souci de s'approcher au plus près des individus, de la perception qu'ils ont des institutions, des circonstances qui les conduisent devant les juges et souvent sur l'échafaud.Marie-Yvonne Crépin a, pendant de nombreuses années, participé aux travaux des journées d'histoire du droit organisées à Limoges par l'Institut d'anthropologie juridique. Les PULIM, dans le cadre de la collection des Cahiers d'anthropologie juridique, ont souhaité lui rendre hommage en mettant à la disposition des chercheurs l'essentiel de ses articles.
Les études présentées dans cet ouvrage s'attache à saisir les différentes composantes de ce monde rural qui rassemble des hommes et des femmes attachés à un territoire qui concentre toutes leurs activités économiques, sociales et religieuses et qui en font à la fois une cellule de vie à l'horizon clos mais aussi un lieu ouvert et un espace d'échanges. La ruralité évoque bien évidemment la question de la terre, de son exploitation, de son appropriation. Le monde rural est aussi celui des dieux: la dimension sacrée y est présente dès les premières communautés humaines. Cette ruralité que l'on décrit comme immobile, conservatrice est en réalité moins statique et moins uniforme qu'i y paraît. La circulation des hommes, la diffusion des idées nouvelles a contribué à structurer le territoire autant que les hommes.Ce monde rural dont on a pronostiqué la disparition, fait l'objet aujourd'hui d'une réappropriation. La présence accrue de néo-ruraux, l'apparition des notions de terroirs et de pays soulignent l'importance donnée à ces territoires ruraux, ce qui contribue à faire de la territorialisation des politiques publiques, la remise en cause des politiques agricoles par la mondialisation, les mutations démographiques ou encore les risques environnementaux des questions d'une brûlante actualité. Il convient donc bien de parler des " ruralités ".
Les absents ont toujours tort. Le proverbe l'affirme ; moins univoque, le droit, apporte depuis longtemps ses tempéra-ments aux certitudes de la sagesse populaire en distinguant — en raison de la complexité des problèmes soulevés comme de la variété des solutions possibles — l'absence méritoire de celle jugée répréhensible d'une part, et d'autre part de la disparition simplement involontaire voire accidentelle. L'ancien droit n'a connu que des absents et n'a donc traité que des cas d'absence renvoyant à la période des codifi-cations napoléoniennes l'élaboration d'une théorie générale de l'absence que la tourmente révolutionnaire n'avait sans doute pas rendu inutile. Il faudra attendre le Code civil pour bénéficier d'une théorie générale de l'absence, née des troubles engendrés par la tourmente révolutionnaire.Cet ouvrage s'intéresse également aux conceptions élaborées, aux précautions prises et aux solutions techniques adoptées par le droit romain, le droit canonique, les législations italienne, espagnole ou allemande, le droit musulman ou le droit international.
Du " torrent de boue " à l'offense au chef de l'État
La notion d'offense est très mouvante, selon les époques, les lieux, les sociétés, les contextes juridiques ; le présent ouvrage a pour objet de s'interroger sur le traitement qu'on lui réserve à telle période, en tel endroit, sur tel ou tel fondement, selon telle ou telle forme. Faut-il à proprement parler venger l'offense, et dans ce cas entrer dans le cycle ininterrompu des vindictes de toutes sortes ?Faut-il plus particulièrement laver l'affront ? De préférence dans le sang, dont les vertus détergentes nous paraissent aujourd'hui sujettes à caution, mais qui ont inquiété, à maintes reprises, le pouvoir politique de l'ancienne France Faut-il plus sobrement et civilement réparer le faux pas, comme l'enseignent les usages d'un XIXe siècle victorien ?Faut-il enfin punir, ou faire punir par voie judiciaire, en condamnant l'offenseur à payer des dommages et intérêts à l'offensé au terme de procès en diffamation ?Comment enfin traiter cette offense particulière qu'est l'offense à Dieu ? Comment la définir, l'inscrire dans le droit laïc ? Aujourd'hui encore, certains États répriment le blasphème ou l'injure à caractère religieux ; cependant, dans un cadre démocratique, il importe de concilier libertés d'opinion et de conscience ; la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l'homme en témoigne en mesurant ses décisions à l'aune des spécificités nationales.
Le précédent volume des Cahiers de l'Institut d'Anthropologie juridique consacré à la victime (La victime I, définitions et statut, CIAJ n° 19) a clairement fait apparaître la nécessité de séparer la sanction pénale de la réparation en donnant à cette dernière une véritable autonomie. Certains exemples historiques ou contem-porains montrent que la confusion des deux fonctions est contre productive et ne conduit pas véritablement à une résolution durable des conflits. Selon la méthode habituelle de l'Institut d'anthropologie juridique, en couvrant un large champ chronologique de l'Antiquité à nos jours, les auteurs ont croisé les approches institutionnelles, juridiques, littéraires... pour dresser le bilan des attentes sociales et examiner les réponses institutionnelles et juridiques qui ont été proposées.
Si les lois relatives à l'indemnisation des victimes sont apparues dans les années 1960, le droit n'a pas attendu cette date pour tenter de soulager ceux qui sont victimes d'un dommage. Le présent ouvrage voudrait montrer que les victimes n'ont pas toujours été " les oubliées de l'histoire ". Les mécanismes de gestion victimaires empruntent parfois des formes qui peuvent surprendre le juriste du 21e siècle mais trouvent naturellement leur explication dès lors que l'on fait l'effort de les replacer dans leur contexte. L'Institut d'anthropologie juridique a convié une vingtaine de chercheurs d'origine diverse, juristes, historiens, anthropologues, spécialistes de littérature, etc., couvrant un large champ chronologique, de l'Antiquité à nos jours à travailler sur deux questions principales : comment définir la victime et quel statut peut-il lui être offert ? Ces deux questions apparaissent comme le préalable nécessaire pour traiter la thématique de la réparation qui fera l'objet d'un autre volume.
Ce nouveau volume des cahiers de l'Institut d'anthropologie juridique a été réalisé en hommage au médiéviste Olivier Guillot. Il regroupe plus d'une vingtaine de contributions de juristes, historiens et chercheurs venus d'horizons différents, portant sur la dimension culturelle du droit et des institutions. Le thème exploré permet d'enrichir la connaissance du Haut Moyen Âge, mais permet surtout d'apporter de nouveaux développements aux destins croisés de l'histoire, du droit et des institutions politiques, trois disciplines fondatrices de l'anthropologie juridique. L'analyse minutieuse de la foi chrétienne dans son rapport au politique et à la norme juridique jette un éclairage nouveau sur notre histoire occidentale, notre représentation du pouvoir ainsi que sur l'origine de l'idéal européen.