Mots. Les langages du politique, n°137/2025
L'adresse en politique. Appartenances et oppositions
Sur les différentes scènes de la vie politique, comment s'adresse-t-on à ses soutiens, à ses adversaires, aux personnes qui partagent ou ne partagent pas les mêmes idées, au corps électoral ou à la population dans son ensemble? Par le choix d'une certaine adresse politique, les destinataires du propos sont l'objet d'une identification et donc d'une sélection, mais aussi d'une caractérisation, voire parfois d'une stigmatisation, mais plus souvent d'une valorisation, ce qui engage un certain type de relation avec les allocutaires. Si l'on s'adresse à une seule personne préalablement bien identifiée, notamment dans un débat, donc en interlocution, cette fonction de caractérisation de l'adresse est essentielle: usage ou non-usage du nom, du prénom, d'un surnom, du titre, du grade, de la fonction (Monsieur le Président), du statut relationnel (Monsieur le Premier Ministre), des pronoms tu ou vous, des formes de civilité (Madame) associées ou non au patronyme. Ce dossier met l'accent sur la raréfaction des adresses porteuses d'asymétrie en Occident depuis le xixe siècle; sur leur variation dans l'espace national et international, mais aussi dans le paysage idéologique et partisan. En résumé, il s'agit de savoir comment on s'y prend en politique pour caractériser le ou les destinataires de son propos, contribuant par là même à la construction ou à l'entretien d'une certaine représentation de la conflictualité sociale que la politique met en scène, avec ses clivages, ses groupes.
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