Fondé sur des entretiens et des observations en profondeur, cet ouvrage décrit d'abord l'activité des assistantes et des assistants sociaux œuvrant dans cinq CASS (centres d'action sociale et de santé) de l'Hospice général à Genève. Il dépeint ensuite le travail effectué dans quatre lieux de réinsertion aux pratiques et objectifs diversifiés (Réalise, Les Fringantes, le Bilan portfolio de compétences et Arcade 84). L'angle d'approche documente moins des politiques sociales, des règlements ou des directives que leur mise en œuvre pratique et les façons d'être ou d'agir des professionnel-le-s en interaction avec des bénéficiaires de l'aide sociale. Il questionne le travail de réinsertion tel qu'il se produit, au quotidien. La recherche présentée ici montre que ce travail de réinsertion renvoie avant tout à une "resocialisation", c'est-à-dire davantage à un reformatage des comportements qu'au développement des compétences et des réseaux des bénéficiaires. L'analyse met aussi en évidence que, au-delà des rapports institutionnels de contrainte et de pouvoir, les assistants sociaux et les bénéficiaires initient des cycles de dons et de contre-dons, autant de processus de défi et de reconnaissance qu'il convient – à l'heure de la diminution des prestations d'assistance – d'articuler avec des principes renouvelés de justice sociale. Laurence Ossipow, docteure es lettres et ethnologue, est professeure à la Haute école de travail social de Genève. Elle a travaillé et publié sur le thème de l'alimentation, a développé des recherches dans le domaine des migrations et s'intéresse actuellement à une approche des rites et de la citoyenneté dans différents types d'institution. Alexandre Lambelet, après une licence en ethnologie à Neuchâtel puis un DEA en sociologie des organisations à l'Institut d'études politiques de Paris, poursuit aujourd'hui une thèse en science politique sur les organisations de défense des retraités en Suisse. Il est actuellement assistant d'enseignement à l'Université de Lausanne. Isabelle Csupor, sociologue, est, depuis mai 2008, professeure à la Haute école de travail social de Lausanne. Elle a été chargée de recherche à l'Hospice général et a également travaillé comme éducatrice spécialisée dans un centre de jour pour adolescents présentant des troubles graves du comportement et de la personnalité.