L'histoire littéraire est jalonnée d'affirmations si convaincantes qu'elles se répètent à l'envi. Maupassant en a souvent été victime. On a pu dire que ses volumes de récits courts étaient la simple réunion – hasardeuse et opportuniste – des derniers textes parus dans la presse. Un certain nombre d'éditeurs ont alors redistribué les contes et nouvelles sur le lit de Procuste, regroupant de façon parfois arbitraire les récits courts autour de parcours thématiques et génériques. Pour une poétique du recueil se propose de montrer que, loin d'être la rencontre fortuite de textes, les volumes de contes conçus par Maupassant jouent avec les possibilités du livre et avec les voisinages de textes qu'il permet. Comment ignorer que, sur les quelque trois cents contes parus dans ...
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Première partie : Les recueils dans tous leurs états
Chapitre 1. Éditions retenues Chapitre 2. Vers le démantèlement des recueils Chapitre 3 . Une réception quasiment unanime : la délicate question de l'unité Chapitre 4 . La Correspondance : des bribes de poétique
Deuxième partie : Question d'archéologie : la constitution des recueils
Chapitre 1. Les préoriginales : un observatoire des pratiques de composition Chapitre 2. La Petite Roque et Mademoiselle Fifi 1 : les derniers textes réunis Chapitre 3. Les "triplés", trois recueils contemporains singuliers : Mademoiselle Fifi 2, Contes de la bécasse, Clair de lune Chapitre 4. Écarts chronologiques dans un même recueil
Troisième partie : Les recueils constitués : jeux d'intratextualité
Chapitre 1. Un sens qui se construit d'une nouvelle à l'autre Chapitre 2. Miss Harriet, L'Inutile Beauté et les nouvelles éponymes Chapitre 3. Toine et Le Horla à la lumière des textes-cadres Chapitre 4. Les recueils "omnibus" : Contes du jour et de la nuit, La Main gauche
Conclusion Annexe : Tableau chronologique des textes courts Bibliographie Index des recueils
L'histoire littéraire est jalonnée d'affirmations si convaincantes qu'elles se répètent à l'envi. Maupassant en a souvent été victime. On a pu dire que ses volumes de récits courts étaient la simple réunion – hasardeuse et opportuniste – des derniers textes parus dans la presse. Un certain nombre d'éditeurs ont alors redistribué les contes et nouvelles sur le lit de Procuste, regroupant de façon parfois arbitraire les récits courts autour de parcours thématiques et génériques. Pour une poétique du recueil se propose de montrer que, loin d'être la rencontre fortuite de textes, les volumes de contes conçus par Maupassant jouent avec les possibilités du livre et avec les voisinages de textes qu'il permet. Comment ignorer que, sur les quelque trois cents contes parus dans les journaux, Maupassant a laissé dans ses cartons un tiers de sa production et a ventilé les deux tiers restants dans quinze recueils qu'il a composés lui-même ? Pourquoi l'édition posthume ne les a-t-elle pas plus souvent pris en compte ? Selon quels critères les textes ont-ils été répartis par l'écrivain dans ses quinze ouvrages ? Que peut nous apprendre l'archéologie des recueils ? Dans quel sens les récits ont-il été réécrits pour prendre place dans le volume ? Quel est le rôle des nouvelles d'ouverture et de clôture ? Les combinaisons nées de la discontinuité soufflent le chaud et le froid sur le recueil de récits courts et en font une forme idéale pour susciter maints effets de sens et donner la vision d'un monde qui va cahin-caha : le jour et la nuit, contrairement au titre ironique d'un des volumes, ne s'équilibrent pas, et le rire exacerbe – presque – toujours la dissonance. Le recueil, tel que l'a voulu l'écrivain, apporte au "maupassantophile" un supplément d'âme et de sens à la lecture des contes. Pour une poétique explore chacun des quinze ouvrages comme une aventure singulière.