Connu pour ses contes fantastiques et sa peinture réaliste des mœurs de son époque, Maupassant fait partie du patrimoine littéraire des Français de 7 à 77 ans. Bien qu'il n'ait pas écrit pour les enfants et que son œuvre ne témoigne pas d'un intérêt particulier pour l'éducation, ses ouvrages ont été adaptés et illustrés pour les plus jeunes en France et à l'étranger. Son oeuvre présente dans les manuels scolaires du cycle 3 au lycée, est la première à laquelle les jeunes étrangers apprenant le français sont confrontés. L'apparente simplicité de son écriture et sa langue claire semblent destiner l'auteur à un lectorat en cours d'apprentissage. Ce numéro s'intéresse à la place que tient l'œuvre de Maupassant dans l'enseignement, de l'école à l'université (Espagne, France, Japon…), aux éditions et adaptations pour la jeunesse (albums, bandes dessinées, illustrations…), aux films et aux téléfilms tirés de ses contes qui parachèvent la patrimonialisation de l'écrivain.
Victor Hugo et les Hauts-de-France. Textes et dessins
La revue nord', à l'occasion de son quarantième anniversaire, a souhaité publier un numéro qui puisse concerner l'ensemble des lecteurs des Hauts-de-France: Hugo, qui a beaucoup évoqué la Picardie, le Nord et le Pas-de-Calais, permettait de réaliser cet objectif.– Ce numéro pourra être apprécié pour son exhaustivité puisqu'il présente la totalité des textes ainsi que des dessins de Hugo sur les Hauts de France.– La plupart des textes font l'objet d'une présentation.– On trouvera dans ce numéro la version intégrale du célèbre discours sur les caves de Lille, disponible dans les éditions savantes mais proposé ici à la lecture du grand public.– L'ensemble sera précédé d'une étude (jamais réalisée jusqu'à présent) sur les rapports de Hugo avec les Hauts-de-France, étude proposée par le grand spécialiste de la biographie de Victor Hugo, Jean-Marc Hovasse.
Après la Seconde Guerre mondiale, le bloc de l'Est n'oublie pas Zola, l'auteur de Germinal, l'intellectuel engagé; il est vu comme un grand "défenseur de la vérité", et ce malgré les réticences de grandes figures marxistes, d'Engels à Lukács. L'analyse de la réception de cet auteur en URSS et au sein de sept démocraties populaires montre que s'il y a bien des invariants dans le discours marxiste porté sur Zola, chaque pays traite à sa façon de son œuvre et de son engagement.Ce livre constitue ainsi une synthèse inédite d'une réception idéologique et transnationale attentive aux particularités nationales.
Jamais étudiées jusqu'à présent, les relations d'Henri Bosco avec Frédéric Mistral, père de Mireille et du Félibrige, et les résonances entre leurs œuvres, font l'objet d'un dossier exceptionnel dans ce volume 55 des Cahiers Henri Bosco: cinq poèmes de jeunesse inédits de Bosco en hommage au " Maître de Maillane ", récemment retrouvés, et plusieurs études et témoignages de Christian Morzewski, Michel Compan, Jean-Yves Casanova (spécialiste de langue et littérature provençale) et Joyce Zonana (traductrice américain de Bosco et de Joseph d'Arbaud) sur la " provençalité linguistique " du romancier de Malicroix. Sandra Beckett revisite aussi dans ce volume Le Récif, l'un des derniers et très troublant roman de Bosco, et Hervé Signore y présente la belle édition du Trestoulas illustrée par Edy Legrand. À noter en fin de volume, outre la bibliographie annuelle établie par Arnaud Dhermy: un index complet de près de quarante années de publications dans les Cahiers Henri Bosco recensant tous les textes (y compris ceux de Bosco) et articles parus de 1972 à 2020.
La contribution des femmes à l'histoire de la poésie française (XIXe siècle)
L'histoire littéraire a été centrée sur les hommes, au détriment d'un nombre considérable d'œuvres de femmes. Certaines d'entre elles ont été cependant reconnues, mais leur travail réduit à la seule expression de leur féminité. L'ambition de cet ouvrage est de montrer que ces femmes poètes ont réfléchi à la nature de l'acte poétique, contestant la façon dont le masculin était devenu le mètre étalon de l'originalité.
Carnets et journaux intimes ouvrent un espace d'écriture privée, espace presque autiste puisque la page que l'écrivain noircit, il semble ne l'adresser à personne. On tient pourtant que, dans ce dialogue entre soi et soi, se joue peut-être ce qu'il y a de plus grave et de plus fécond dans l'exercice littéraire.Ce numéro rassemble des études couvrant une longue période (du XIXe siècle à nos jours) et permet par conséquent de s'interroger sur l'évolution des pratiques diaristes.
Bretteur des lettres, Alexandre Dumas se fit journaliste par tempérament et par passion. Dès ses débuts, le jeune dramaturge s'est forgé dans et par la presse une personnalité publique, dans tous les sens du terme. Sa trajectoire est celle d'un engagé volontaire dans l'espace médiatique, où il occupe presque tous les postes: critique dramatique, chroniqueur, feuilletoniste, historien du contemporain, correspondant de guerre, intarissable causeur. De fortes convictions animent cette écriture en mouvement perpétuel : Dumas défend l'idéal démocratique d'une littérature authentiquement populaire, engagée dans les combats du présent, et intensément interactive.
Introduction à la lecture des classiques (XIXe-XXe siècles)
Conçue pour des lecteurs de culture française, dans une perspective comparative, cet essai introductif place quelques repères sur le terrain faussement proche ("Dostoïevski et Tolstoï"), mais en réalité mal connu de la littérature russe.Ces repères, qui restent le plus souvent implicites dans les ouvrages disponibles, sont abordés ici dans une démarche progressive, à partir des stéréotypes les plus courants (la francophonie du "prince russe", "l'âme russe"), pour aboutir aux questions les plus pertinentes, comme celle de la relation singulière de la littérature russe avec "la vérité", qui lui donne une coloration prophétique, exotique.Les spécificités de la littérature russe, ses différences avec la littérature française, sont présentées de la manière la plus accessible possible, à l'aide de quelques outils parmi les plus largement utilisés dans les études littéraires, comme la théorie du "champ littéraire" de Bourdieu, ou la réflexion de Foucault sur la "fonction-auteur".
Beaucoup a été écrit, et fort bien écrit, sur la collection au XIXe siècle dans et par la fiction: c'est donc une autre voie que les voix ici réunies voudraient explorer. À partir de collections de tous ordres (privé et public, littéraire, historique et artistique, éditorial et muséal), selon une perspective nécessairement et résolument interdisciplinaire, il s'agit d'interroger la spécificité du geste – à la geste de la Révolution attaché – et du discours de la collection au XIXe siècle, et de les penser comme figuration et fiction, production et projection d'un, voire du XIXe siècle, bref: le XIXe siècle à l'épreuve de la collection.
Hector Malot fut le premier romancier véritablement " naturaliste " avant de se tourner vers une littérature plus facile mais engagée, notamment en faveur de la République et de l'école laïque. Cet engagement est étudié ici dans plusieurs ouvrages qui s'insèrent dans les débats de l'époque autour de la question scolaire. Malot fut aussi partisan d'une éducation active faisant place à l'observation et aux exercices corporels. Ce qu'il mit en application avec sa fille unique, pour laquelle il rédigea des cahiers de grammaire et d'histoire restés inédits jusqu'ici. Pour finir, d'autres textes inédits du poète oulipien Jean Queval montrent qu'il avait déjà perçu cette dimension d'un écrivain instituteur.
Qu'il les déplore ou qu'il s'en félicite, l'écrivain du XIXe siècle ne peut ignorer les nouveaux pouvoirs de la publicité appliquée à la littérature. Si de nombreux auteurs ont affiché une résistance farouche contre cette nouvelle donne commerciale qui fait de la littérature une marchandise, d'autres se sont montrés bien plus coopérants. En se généralisant au cours du siècle, la publicité éditoriale a poussé les auteurs à prendre une part de plus en plus active à la promotion commerciale de leurs œuvres et de leur personnage médiatique. Comment ont-ils répondu à cette double injonction ? C'est la question à laquelle les contributeurs de ce volume se proposent de répondre.
Le Démon de l'allusion étudie la relation entre Herman Melville et John Milton, telle qu'elle se déploie dans L'Escroc à la confiance (1857) – lien étroit et fondamental, qui permet au romancier d'atteindre à une paradoxale originalité.Ludique, satirique, impie ou mélancolique, l'allusion au Paradis perdu (1674) n'est pas ici de l'ordre du supplément, mais fait partie de la trame même du texte. Oblique et déroutante, elle n'en sert pas moins la grande ambition melvillienne: "énoncer la Vérité". C'est de manière allusive, en effet, que sont décrits à la fois les travers de l'Amérique, l'aliénation du moi et la terreur des " sphères invisibles ".La satire de l'homme libéral – démon portant le masque de la charité et de la " confiance " – mène à une révélation plus sinistre encore: celle d'une escroquerie aux dimensions cosmiques, d'une extinction généralisée des lumières. Par un tour de force d'écriture, Melville parvient à faire apparaître une obscurité si extrême qu'elle ne saurait être exprimée sans détour. Il y a dans ce roman souvent décrit comme illisible – et qui, assurément, ne se laisse pas réduire à des formes plus familières – une puissance de fascination étrange, quelque chose que l'on croit reconnaître et qui nous fixe implacablement.