Éditorial - Les approches postcoloniales : apports pour un féminisme antiraciste
Leti Volpp, " Quand on rend la culture responsable de la mauvaise conduite " ;
Danielle Haase-Dubosc et Maneesha Lal, " De la postcolonie et des femmes : apports théoriques du postcolonialisme anglophone aux études féministes " ;
Sabine Masson, " Sexe/genre, classe, race : décoloniser le féminisme dans un contexte mondialisé. Réflexions à partir de la lutte des femmes indiennes au Chiapas " ;
Ghaïss Jasser, " Voile qui dévoile intégrisme, sexisme et racisme " ;
Andrea Dworkin, " " Le Pouvoir " " ;
Morgane Kuehni, " Des chômeuses face aux violences administratives en Suisse ".
Parcours
Réalisé par Christelle Hamel, juin 2006 " Les discriminations à l'encontre des femmes maghrébines en France. " Entretien avec Feriel Lalami, cofondatrice de l'Association pour l'Égalitédevant la loi entre les femmes et les hommes (Algérie, 1985) et de l'Association pour l'Égalité (France, 1990)
Comptes rendus
Collectifs
Cecilia Baeza, " L'expérience inédite et dérangeante du Collectif des Féministes pour l'Égalité ".
S'il existe une question féministe qui mérite approfondissement parce qu'elle est compliquée et recouvre des enjeux fondamentaux, c'est bien celle des imbrications structurelles entre l'oppression fondée sur le sexe et les oppressions fondées sur l'appartenance à une race, ethnie ou culture, regroupées ici sous l'appellation "racisme". Le volume revient ainsi sur la thématique, amorcée dans un volume précédent, du sexisme et du racisme. En effet, qu'il s'agisse de l'imposition du voile ou de son interdiction, de la prostitution, des mariages non consentis, des violences ou des discriminations sur les lieux de travail, l'oppression sexiste ni ne s'inscrit ni même ne se lit dans le corps abstrait de "la femme" universelle et anhistorique, mais dans celui de femmes particulières et particularisées, dans un contexte social déterminé, caractérisé par d'autres rapports de domination. Les sociétés abordées sont celles des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Inde, du Mexique, de la France et de la Suisse. Nous publions ainsi l'un des articles de la juriste Leti Volpp, dont les travaux sont pionniers en la matière. En examinant le fonctionnement de la justice états-unienne, elle montre comment des cas identiques de violence sexiste sont traités différemment selon que les protagonistes, auteurs et victimes, sont issus du groupe ethnique dominant - blanc - ou d'un groupe ethnique minoritaire. Les comportements déviants par rapport à la morale et à la loi sont attribués à une pathologie individuelle quand il s'agit de personnes blanches, à la culture du groupe quand il s'agit de Latinos ou de Musulmans. D'un côté, les Blancs sont vus comme régis par la raison, ou l'absence, maladive, de raison, tandis que les autres sont entièrement dirigés par leur " culture " : c'est elle qui est contraire à la norme, ce qui peut les excuser ; mais d'un autre côté, on refuse aux membres de cette culture toute dimension individuelle, comme toute capacité de raisonnement. Ainsi, les Blancs sont-ils dépourvus de culture, pour être pourvus de libre arbitre, tandis que les autres ne sont dotés de culture que pour être privés de raison, comme le nouveau Pape vient de le réaffirmer en ce qui concerne l'islam.