À partir de la traduction d'analyses critiques de l'antiféminisme dans différents contextes sociaux et d'échanges avec des chercheuses spécialistes du sujet, ce numéro de NQF offre une vision globale et contemporaine sur ce mouvement qui s'oppose à l'émancipation des femmes et au progrès social. Les différentes stratégies des antiféministes visent à faire passer les féministes pour déviantes, à dépolitiser leur lutte et à détourner la question de l'émancipation des femmes et des violences qu'elles subissent pour alimenter un discours raciste qui stigmatise les hommes musulmans. Tapis dans un discours de promotion des droits, ce mouvement constitue aussi une menace très pernicieuse contre les droits reproductifs des femmes au travers d'offensives qui visent de manière détournée l'avortement. Enfin, au niveau international, l'antiféminisme s'attelle à détériorer des normes et à affaiblir des organisations particulièrement importantes pour l'égalité et la santé des femmes.
Politiques publiques face aux violences patriarcales
Que font nos institutions publiques pour véritablement lutter contre les violences patriarcales? Pourquoi des femmes meurent-elles de féminicides alors qu'elles avaient alerté la police de la violence de leur conjoint? Pourquoi les agressions sexuelles sont-elles si répandues, si banales et si peu sanctionnées par la Justice? Il faut bien constater que les politiques publiques ne sont pas à la hauteur des enjeux et de nos légitimes attentes. L'indignation face à cette situation a déclenché une vaste mobilisation féministe, à l'échelle mondiale, qui a abouti en ce début des années 2020 à l'obtention de nouvelles mesures, que les articles réunis dans ce numéro ont décidé d'examiner avec minutie. Au Chili, des Centres d'accueil pour victimes de violences sexuelles ont été mis en place. En France, Le Téléphone Grave Danger et les bracelets anti-rapprochement ont été adoptés pour protéger les victimes de violences conjugales, tandis que des cellules d'écoute ont été mises sur pied dans les universités pour accompagner les victimes de harcèlement sexuel. Ces dispositifs sont-ils efficaces et apportent-ils les réponses espérées? L'analyse critique menée par ces équipes de recherche témoigne de certaines avancées, mais aussi des obstacles qu'il reste à surmonter.
L'égalité est déclarée comme une préoccupation centrale de la pratique sportive, de son éthique du fair play et de la (ré)affirmation de l'égalité citoyenne. Pourtant, le sport reste aujourd'hui encore un haut lieu de la reproduction de l'ordre de genre. Ce Grand angle de la revue Nouvelles Questions Féministes investira le champ de l'olympisme mais interrogera plus largement les liens entre féminismes et sports.
Ce numéro offre une analyse du travail concret de confection des repas et des tâches et savoirs qu'il implique. Il rend compte des rapports de pouvoir – notamment de sexe – qui traversent les cuisines, qu'elles soient professionnelles ou domestiques, et les normes sociales qui encadrent la transformation des aliments. Le Grand angle éclaire ainsi l'organisation sociale de ce travail dans des espaces et à des époques variées. Les trois articles qui le composent soulignent l'intérêt d'investiguer ce quotidien et imaginaire des cuisines en réunissant ce que la division sociale du travail a dissocié. Il aborde ainsi des utopies qui, au tournant du 20e siècle, visaient à libérer les femmes de l'asservissement domestique par des coopératives de cuisine: celles de la britannique Melusina Fay Peirce et de l'allemande Lily Braun (Carmen Dreysse). Il montre également la division genrée du travail dans des cuisines professionnelles en Chine, et comment les femmes sont maintenues à distance, y compris spatiale, de la " virtuosité culinaire " (Aël Théry). Enfin, il poursuit l'examen du travail de transformation des aliments jusqu'à leur métabolisation. À travers l'étude de traités scientifiques hygiénistes du 19e et du 20e siècle, sont dévoilées les matérialités oppressives des imaginaires entourant les produits ingérés (Hourya Bentouhami). Ainsi, ce numéro de NQF offre au lectorat de nouveaux repères pour penser en féministe la production culinaire et plus largement le travail alimentaire.Fondée en 1981 par Simone de Beauvoir, Christine Delphy, Claude Hennequin et Emmanuèle de Lesseps, NQF fait suite à la revue Questions féministes créée en 1977. Depuis 2001, NQF s'est dotée d'un comité de rédaction franco-suisse, sous la responsabilité de Christine Delphy et Patricia Roux. Ce comité est actuellement composé de 25 femmes dont les formes d'engagement et les ancrages disciplinaires sont multiples (sociologie, anthropologie, science politique, histoire, droit, philosophie, économie, littérature). Publiée deux fois par année, NQF est éditée à Lausanne par les Editions Antipodes.
Ce numéro de Nouvelles Questions Féministes répond à ces questions selon divers points de vue historiques, sociologiques et militants. Il propose plusieurs pistes de réflexion: l'autonomie relative des groupes minorisés, le difficile équilibre entre un " entre-soi minoritaire " et la nécessité vitale des alliances, enfin l'importance de soulager les groupes minorisés de la charge de l'éducation pour réduire les dominations. De manière transversale, le Grand angle, le collectif et les parcours rappellent que la lutte féministe, dans son organisation et dans la définition de ses objectifs, ne peut être que collective.
Ce numéro spécial de NQF est entièrement consacré à l'œuvre de Christine Delphy. Les trente-trois textes qu'il réunit montrent comment les écrits et les interventions de cette pionnière d'un féminisme matérialiste toujours vivant questionnent des expériences communes aux femmes, mais également l'action politique et scientifique, la réflexivité et les postures personnelles. Ces articles courts et incisifs expliquent combien sa pensée transforme des trajectoires militantes et intellectuelles, voire des vies: ce qui inspire, c'est son humour maîtrisé, son ton corrosif, et bien sûr ses démonstrations si éclairantes sur le fonctionnement du patriarcat. " Faire avec Delphy " provoque ces changements, par des débats et des confrontations, par des émotions et des manières fortes de s'approprier son travail engagé.Coordination du numéro:Laurence Bachmann, Ellen Hertz, Marianne Modak, Patricia Roux, Lucile Ruault
Le dossier de ce nouveau numéro apporte un éclairage sur le poids de l'âgisme et son cortège de discriminations, mais offrent aussi des perspectives pour une vieillesse épanouie. Les différents textes analysent la sexualité invisible, les inégalités économiques, la réception genrée de l'aide à domicile et les opportunités d'émancipation grâce à la parité de participation et à la création artistique. Un article du Champ libre invite de plus à un décentrement du regard en suivant le parcours d'une soignante et sociologue. Un numéro à lire absolument!Ouvrage collectif, sous la coordination de Farinaz Fassa Recrosio, Clothilde Palazzo, Vanina Mozziconacci et Marion Repetti.
En interrogeant le genre de l'Anthropocène – l'Androcène –, il porte la focale sur les acteurs qui sont responsables de la dégradation du vivant, qui en ont le plus bénéficié – et qui continuent d'innover en la matière. Comment les rapports de sexe façonnent-ils la transformation de l'environnement en ressources exploitables? Que partagent donc les hommes d'affaire bruxellois collectionneurs de voitures, les détenteurs du capital des classes possédantes de l'Angleterre du 17e siècle, l'excentrique Elon Musk aux projets interplanétaires délirants, ou encore la figure du gentleman savant? Le Grand angle de ce numéro met en évidence les logiques de genre qui structurent l'imaginaire techniciste de maîtrise de la nature ayant permis son appropriation et sa destruction. L'analyse de la crise environnementale nécessite en effet de défier les idéaux associés aux masculinités dominantes.Ouvrage collectif, sous la coordination de Lucile Ruault, Ellen Hertz, Marlyse Debergh, Hélène Martin et Laurence Bachmann.
Rares sont les thématiques qui, comme l'allaitement, ont produit depuis plus d'un siècle autant d'injonctions contradictoires à l'encontre des femmes. Qu'une femme décide d'allaiter ou pas, elle est redevable d'une explication, qui satisfera les un·e·s et déplaira aux autres. Dans tous les cas, elle le paie chèrement et ce, depuis longtemps déjà.
Les économies de la procréation médicalement assistée
La procréation médicalement assistée (PMA) s'inscrit dans un marché globalisé qui est traversé et organisé par différents types d'économies – financière, morale, biologique et affective. Bien que profondément imbriquées, ces économies reposent sur des forces de travail, des modalités d'échange et des biens ou valeurs qui sont distincts. En proposant d'étudier les dynamiques économiques à l'œuvre dans la PMA, ce numéro de Nouvelles Questions Féministes met en lumière les processus matériels et symboliques qui contribuent à reproduire et produire d'anciennes et nouvelles formes d'inégalités. Les articles du Grand angle du numéro révèlent les reconfigurations du système de genre en revisitant le travail procréatif soumis aux logiques économiques d'un marché globalisé. Les auteures analysent ainsi les enchevêtrements complexes de cette chaîne mondiale de la procréation et sa stratification selon des lignes sexistes, racistes et classistes.
Ce numéro propose de "partir de soi" afin de penser les formes de domination patriarcale et ses théorisations. Le Grand angle porte sur les "épistémologies féministes situées" (aussi appelées "épistémologies du point de vue"), qui sont de plus en plus fréquemment mobilisées dans les espaces scientifiques et militants. Ses quatre articles soulignent l'intérêt de ces épistémologies pour penser et pour lutter, mais aussi les tensions qui les traversent. Il aborde ainsi le positionnement politique féministe lorsqu'il engage à dire "nous": d'abord avec le féminisme radical des années 1960-1970 aux États-Unis, qui doit prendre en considération la multiplicité des vécus des femmes (Léa Védie), ensuite dans le cas des mobilisations contre le féminicide, qui implique l'absence des victimes directes (Margot Giacinti). Il montre également comment la théorie féministe, lorsqu'elle s'enracine dans les expériences des femmes, permet de décrire les déficits de sensations vécus par nombre d'entre elles et d'élaborer des pratiques thérapeutiques (Anaïs Choulet). Enfin, le dossier propose une typologie des "épistémologies du standpoint" qui montre la variété et la conflictualité de leurs interprétations(Delphine Frasch). Ainsi, ce numéro de NQF offre au lectorat des repères pour penser en féministe à partir des expériences vécues.