Très présente dans les débats publics actuels, la mondialisation est envisagée avant tout dans son sens économique de libéralisation des échanges de biens, de personnes et d'informations. Mais elle peut être pensée de manière bien plus large et sur le temps long, les contacts entre les différentes parties de la planète, qu'ils soient économiques, politiques, culturels ou religieux ayant façonné l'histoire des sociétés. L'Islam lui-même est né de ces échanges, de ces circulations, de ces mondialisations, que nous avons choisi de penser au pluriel. Le présent volume entend soulever la question de l'Islam dans les mondialisations à travers différents angles d'approche, de la circulation des savoirs et des idées à la représentation de l'autre, des enjeux financiers à la circulation de l'information, des réflexions théologiques aux idées révolutionnaires.
Des caravanes des époques médiévale et moderne aux compagnies low cost d'aujourd'hui, la pratique du pèlerinage à La Mecque a profondément changé. Du voyage d'une vie qui ne concernait qu'une petite partie des fidèles musulmans, ce pèlerinage est pleinement entré dans l'ère du capitalisme et de la mondialisation et cette mutation a également touché les innombrables pèlerinages locaux ou régionaux. Les articles réunis dans ce volume explorent les déplacements, les motivations et les dimensions économiques et politiques des pèlerinages en Islam mettant en exergue des réalités complexes et plurielles.
Ce numéro a pour objectif d'analyser les liens entre classes sociales et religiosités islamiques en Afrique (subsaharienne et Maghreb). Cette approche se veut innovante face à une littérature scientifique qui étudie habituellement la manière dont les musulman.e.s vivent leur religion par le prisme des courants dogmatiques, différenciant dans une quête de classification les pratiques soufies, salafistes, réformistes, etc.L'intérêt ici est de changer d'angle d'observation: appréhender les religiosités islamiques par le biais d'une appartenance socio-économique, comme le fait depuis longtemps la littérature sur le catholicisme, permet d'interroger autrement les logiques d'adhésions aux diverses pratiques islamiques, et d'observer les rapports et les distinctions de classes par le biais de ces religiosités. Le cas de l'Afrique est intéressant dans le sens où, même si la notion de classes sociales y est interrogée par les sociologues et les économistes depuis les Indépendances, elle reste peu explorée. Enfin, l'ambition est d'apporter une attention particulière (mais pas forcément systématique) aux rôles joués par les femmes de classes sociales différentes dans la construction des normes de " bonnes religiosités ".
La proclamation en 2015 du califat en Irak et en Syrie, près d'un siècle après sa suppression sous Atatürk, invite à s'intéresser aux notions de pouvoir et d'autorité en Islam et à la question des rapports entre religion (dîn) et pouvoir temporel (dawla).Ce livre propose d'aborder la question des pouvoirs et autorités en Islam à travers une série de textes portant à la fois sur des notions théoriques en lien avec l'exercice de l'autorité (arts de gouverner, charia), sur des représentants de l'autorité (califes, sultans, émirs, rois, présidents, oulémas), sur les femmes et le pouvoir, et sur des expériences de contestation, voire de violence.
p.p1 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 10.0px Infini}Le regard que l'on porte habituellement sur la population musulmane de notre pays est en grande partie déterminé par les conditions historiques et les caractéristiques sociologiques de celle-ci. Or les origines de cette population, enfant non assumée de la colonisation et fille d'une immigration encore largement cantonnée aux banlieues, remontent au moins à la fin du 19e siècle.Le cycle de conférences publiques que propose l'IISMM entend restituer la diversité de ces islams de France et éclairer les enjeux et les non-dits des débats que suscite cette présence musulmane dans l'un des pays promoteurs de la laïcité.
Écrire l'histoire de l'Islam moderne et contemporain
Ce numéro des Annales est consacré, pour une large part, à l'histoire de l'islam moderne et contemporain. Faut-il remonter aux premiers siècles de l'islam et à ses textes fondateurs pour comprendre notre actualité?L'histoire contemporaine de cette religion n'est-elle qu'une généalogie de l'islamisme? À rebours de ces questions simplistes, ce dossier propose de traiter l'islam des périodes moderne et contemporaine – ses doctrines, ses pratiques rituelles et sa culture – pleinement comme un objet historique, afin de rendre compte de ses évolutions et de saisir les usages que des populations diverses ont pu en faire en des contextes multiples.Des conséquences de la conquête Ottomane au XVIe siècle jusqu'à aujourd'hui, en passant par le Sahara du XIXe siècle et l'Algérie coloniale, les articles défont, chacun à leur manière, les grands récits sur le déclin de l'islam moderne et sa soi-disant chaotique entrée dans la modernité.Ce numéro comporte également un ensemble de comptes rendus portant sur l'histoire du corps, de la santé et des sexualités, ainsi qu'une étude sur la façon dont les sciences sociales font face à la question de l'hérédité et du déterminisme biologique
Lecture du Livre du plaisir partagé en amitié (Kitab al-imta? wa-l-mu?anasa) d'Abu ?ayyan al-Taw?idi
Les relations entre les intellectuels et le pouvoir constituent un enjeu majeur des sociétés arabes contemporaines. Cet ouvrage, qui fait remonter cette problématique au cœur de la société savante de l'époque arabe médiévale, actualise un débat des plus modernes en s'efforçant de montrer comment le progrès de la connaissance, le choix des mots, la transgression sont autant d'outils à disposition de l'homme de lettres à la cour pour défier l'autorité par ses seuls écrits, et partant, pour appeler à la réformer.Réputé ardu en raison de sa prose difficile d'accès, le Livre du plaisir partagé en amitié de Tawhīdī est souvent assimilé à une galerie de récits plaisants susceptibles d'édifier le public, à l'image de la vocation première des belles lettres arabes de l'époque médiévale. Cette étude vise en outre à montrer que le message de l'œuvre dépasse cette perspective pour plonger le lecteur au cœur d'une démarche qui tend à faire du savant le concurrent direct du gouvernant.
" L'islam comme humanisme, telle est la formule éclairante et prospective à mieux penser ", affirmait Mohammed Arkoun. Plus récemment, Malek Chebel reprenait ce programme de travail, nous indiquant une sorte de feuille de route: " Puisque la liberté de conscience est d'abord une liberté, il faudrait que l'islam ne soit pas simplement le lieu où s'expriment les doléances, bien ou mal comprises, mais également l'endroit où se conçoit un nouvel humanisme ". Le présent volume entend répondre à cette double invitation à poser la question des liens entre islam et humanisme, dans une perspective nourrie par des approches disciplinaires croisées.
Les engagements de femmes musulmanes sont multiples, diversifiés dans leurs objets et dans leurs formes. Certaines font du religieux une référence essentielle, d'autres s'en éloignent. Au cœur des débats sur l'islam ou le genre, elles ont en commun, cependant, d'être confrontées à des représentations voire des assignations identitaires paradoxales. Leur place et les modalités de leur présence dans l'espace public ne cessent d'être discutées, les images ne cessent de circuler. Pourtant, cette apparente visibilité s'appuie souvent sur des représentations uniformisées et masque une disparition: les pratiques militantes réelles, dans leur variété, les mises en sens et les raisons d'agir, les difficultés rencontrées et les stratégies de contournement restent peu ou mal connues.Ce numéro de Socio vise à faire réémerger la pluralité des formes d'engagements de femmes musulmanes et à en comprendre de l'intérieur les ressorts. Il interroge ainsi le rapport à l'engagement en contexte d'intersectionnalité, lorsqu'interagissent et se cumulent différenciations et dominations en termes de genre, de classe, d'appartenances identitaires ou religieuses. Plus largement, il revient sur le rapport au religieux dans les formes très contemporaines d'engagements, et les enjeux spécifiques liés à son inscription dans des sociétés sécularisées et globalisées.
Le religieux et le politique à l'épreuve des révolutions arabes
Les études réunies dans le dossier " Le religieux à l'épreuve des révolutions dans le monde arabe " dressent l'état des lieux provisoire d'un paysage politico- religieux profondément bouleversé, à partir d'enquêtes de terrain conduites au Maroc et en Tunisie, au Bahreïn, en Égypte et en Syrie. Recompositions identitaires et dynamiques de protestation, fabrique des martyrs et enjeux de genre, réinventions du salafisme et mobilisations chrétiennes et chiites y tissent une trame sociale complexe, traversée parla question de la violence et du droit et par le rôle des images au temps d'Internet et des réseaux sociaux.Les quatre articles qui accompagnent ce dossier traitent successivement des convergences possibles entre approches cognitivistes et créationnistes du divin; des voyages du dominicain Henri-Jean Omez dans l'URSS de l'entre-deux-guerres et de leurs retombées romaines et françaises; des fondations monastiques familiales dans la montagne libanaise entre XVIIe et XIXe siècles; du regard du philosophe Franz Rosenzweig sur la question de la Mitteleuropa au temps de la Première guerre mondiale.
Ce livre parle de Dakar. Et de l'argent. À Dakar, l'argent est roi. Il est le revers de toutes les relations, des plus commerciales aux plus intimes.Ce livre parle des femmes. Et de l'argent. À Dakar, les femmes dépensent avec faste des sommes démesurées pour honorer des relations de parenté, en particulier à l'occasion des cérémonies de mariage et de naissance — ce que, paradoxalement, hommes et femmes dénoncent comme un gaspillage contraire à la rationalité économique et aux valeurs de l'islam.Ce livre parle d'anthropologie. Et d'argent. À Dakar, si la finance est reine, la vie sociale n'est pas pour autant soumise à la seule loi du marché: le système cérémoniel, qui associe étroitement échanges féminins et rituels religieux, y joue un rôle de premier plan.Nourri d'enquêtes de terrain menées dans un quartier populaire de l'agglomération dakaroise, l'ouvrage d'Ismaël Moya, en suivant la piste de l'argent, éclaire d'un jour nouveau la place de l'économie, les hiérarchies statutaires, la parenté et les rapports complexes entre hommes et femmes dans cette société musulmane. S'y dévoilent, au sein de la finance, les valeurs qui structurent la vie sociale d'une métropole africaine contemporaine.
Comment penser les mouvements terminologies que leur attribuent les islamologues. Les auteurs présentent, ici, la façon dont des guides soufi s, qui ont toujours initié des mouvements de réforme, se lancent aujourd'hui encore dans une politisation de leur groupe spirituel ; comment certains acteurs islamiques refusent d'être catalogués, ou se réclament d'un islam de réforme si polysémique qu'il devient impossible à définir ; ou encore la manière dont des groupes dénommés " islamistes " ont des trajectoires complexes allant du djihadisme au légalisme selon le contexte politique dans lequel ils évoluent. Au-delà d'une plasticité indéfinie, caractérisée par des notions telles que post-islamisme, néo-confrérisme, néo-fondamentalisme, etc., ce numéro montre que la délimitation des appartenances islamiques est l'un des plus grands défis auquel les chercheurs sont aujourd'hui confrontés. Éditions de l'École des hautes études en scien-ces sociales qui se produisent au sein de l'islam si les catégories, élaborées par les sciences sociales, ne sont pas observables empiriquement ? Comment appréhender le dynamisme des acteurs islamiques, si ceux-ci font voler en éclats les grands paradigmes permettant de les analyser ? Ce numéro, sans avoir la prétention d'offrir une théorisation définitive, propose de revenir sur les classifications habituellement utilisées (soufisme, réformis-me, islam politique...), et d'exposer leurs limites face à la complexité des recompositions de l'islam contemporain. Fondé sur de fines études des pratiques islamiques en Afrique subsaharienne (et au-delà), ce numéro spécial montre la souplesse des musulmans qui, manifestement, ne désirent pas s'enfermer dans les Cahiers d'Études africaines