Les contributeurs et contributrices de ce numéro se penchent sur la question du travail dans ses relations avec l'histoire de l'art. Des représentations iconographiques – comme celles de l'artisanat, de l'industrie ou encore des femmes au travail – aux corporations et à la conception du statut de l'artiste en passant par la définition et l'exercice du métier d'historien et historienne de l'art, le thème de ce numéro permet d'examiner l'évolution de la conception de l'activité artistique en même temps que le développement du vocabulaire destiné à la nommer. Il s'agira également d'identifier les courants de l'histoire de l'art qui ont porté leur attention sur la production et le processus de l'art plutôt que sur sa réception et de comprendre selon quelles théories, méthodologies ou idéologies la discipline s'est constituée.
Cet ouvrage, 8e numéro de la collection " un artiste / des étudiants ", édité par les presses universitaires de Bordeaux, retrace une expérience de recherche-création dont les méthodologies sont désormais très ancrées dans le champ de la recherche en art. La collection " un artiste, des étudiants " a la particularité de plonger les étudiantes et les étudiants de master en arts au cœur des processus de construction de la recherche expérimentale, en collaboration directe avec les artistes et le monde de l'art, avec qui ils engagent des travaux collectifs tout en assurant toutes les phases de production et de conception éditoriale.Ce livre représente un modèle de méthode possible pour la recherche en art et s'adresse donc à la fois aux chercheurs, chercheuses et artistes mais aussi aux étudiantes et étudiants en art qui souhaitent mettre en œuvre des pratiques de recherche expérimentale et de recherche-création.Ce volume donne à interroger les relations étroites, sensibles, formelles, écologiques et économiques entre monde minéral et pratiques humaines à partir d'un travail de terrain qui est allé à la rencontre des ressources et des imaginaires marbriers de Saint-Pons-de-Thomières dans l'Hérault, avec en bandoulière la pensée sculpturale de l'artiste Anna Tomaszewski.
Nouvel opus de la collection " Un artiste / des étudiants " des Presses Universitaires de Bordeaux, cet ouvrage est le pendant du moyen métrage Le souffle les a portées, réalisé collectivement avec les étudiantes de Master 2 recherche arts plastiques de l'Université Bordeaux Montaigne, en collaboration avec le cinéaste Antoine Parouty, sous la direction de Pierre Baumann.Cette expérience de recherche-création revient sur une question fondamentale, comment faire une image autour de ce qui serait un film de danse? En chemin, cette réflexion sur la construction des images s'est également interrogée sur les nécessités de penser toujours et encore les valeurs portées par une communauté féminine.
Ce livre est résolument étrange, navigation libre à travers la lecture de Melville conduite entre les lignes et au gré des périples. Ni critique, ni historique, ni roman, à peine un essai, pas vraiment une anthropologie de l'art, c'est un objet libre à portée visuelle, une expérience sensible du changement. Dernier volet d'un pentalogue habité par le roman destructeur Moby-Dick, Séisme tente d'investir le goût de l'art que les terres d'Achab laissent dans la bouche, à travers l'exploration de trois grands tracés directeurs que sont le principe de création permanente, le statut des images selon une approche mésologique et une proposition de méthode de recherche-création nommée " méthode Melville " applicable par les chercheuses et chercheurs en art. " J'ai écrit un livre malfaisant " avait déclaré Melville au sujet de Moby-Dick. J'ai tenté d'habiter sa dure et bienveillante faculté de transformation observable chez tous ces êtres de terre.
Le design politique à Turin de Mai 68 aux années de plomb
Mai 1968 à la faculté d'architecture de Turin. Les jeunes designers de Gruppo Strum et Studio 65 prennent activement part aux contestations étudiantes. Ces événements associent leur pratique de la progettazione à une démarche militante, inscrite au cœur d'une triade design/politique/italianité. Leur production d'objets découle d'histoires économique, politique, culturelle et artistique qui traversent Turin, tout à la fois théâtre de luttes ouvrières et berceau de l'arte povera. Au tournant des années 1970, ce design radical pop turinois, métissage inattendu et paradoxal d'architecture radicale et de pop art, est révélateur d'une période d'intenses débats. Sujet éminemment culturel, le design fait office, dans cet ouvrage, d'observatoire de l'Italie contemporaine et de son récit national en la matière, grâce à des sources écrites et orales inédites, directement recueillies auprès des principaux protagonistes du mouvement et passées au crible d'une analyse rigoureuse.
Là où apparaît une image, qu'elle soit fixe ou animée, figurative, aniconique, matérielle ou mentale, surgit une histoire et une manière d'en agencer le récit. L'image et l'objet d'art racontent, et ces récits ne cessent de générer des récits: fictions ou légendes, articles scientifiques ou divagations rêveuses, dialogues des œuvres entre elles ou soliloques de spectateurs. Enracinée depuis l'Antiquité dans l'exercice narratif de l'ekphrasis, l'histoire de l'art explore, depuis les travaux de Giorgio Vasari et de Karel Van Mander, les formes de la narration, de l'anecdote à la légende biographique, des grands récits de l'autonomie moderniste ne cessant de dire la fin de la peinture qui raconte aux fictions d'objectivité. Qu'il s'agisse des récits sur lesquels se fondent les œuvres d'art, de ceux que constituent ses regardeurs ou des mises en récits opérées par les historiens de l'art, ce numéro entend s'emparer de l'acte de raconter comme d'un outil heuristique fécond. Ainsi les spécialistes ici rassemblés interrogent-ils, du Moyen Âge au présent le plus récent, les rapports de différents médias – image, texte imprimé, exposition ou vidéo – et médiums artistiques – décors, manuscrits, peinture, architecture, performance, bande dessinée, arts séquentiels, cinéma… – à l'histoire et aux histoires de l'art.
Le transport des biens patrimoniaux, enjeu capital des institutions qui les préservent, est à l'origine d'une littérature spécialisée considérable. Une historiographie critique du développement et de la normalisation de ses pratiques reste cependant à envisager. L'histoire de l'art, dans laquelle les phénomènes de circulations constituent un champ de recherche bien établi, délaisse quant à elle souvent les aspects pragmatiques relatifs à l'acheminement physique des objets. Consacré à ces phases particulières de mobilité, ce numéro de Perspective se situe au croisement d'approches diverses et traite de l'impact du déplacement des objets sur leur existence matérielle et symbolique. Le transport s'y distingue comme un moment à la fois précaire et intense de la vie des choses, révélateur à bien des égards de l'importance culturelle qui leur est conférée.
L'ANNONCIATION, POURQUOI DONC?Parce qu'il s'agit d'une histoire à la fois très simple et merveilleuse.Parce qu'on peut voir des annonciations un peu partout, quand on entre dans les musées et les églises avec un regard curieux.Parce que tous les parents savent que la conception et la naissance d'un enfant a quelque chose de miraculeux, quel que soit le sens qu'on donne au mot miracle.Parce que dans cet épisode si ancien et encore actuel, la peinture montre avec éclat sa capacité narrative et symbolique.Parce que tant d'artistes s'y sont intéressés, sur commande ou non, avec bien souvent un grand souci de lisibilité, mais aussi un sens poétique, une fantaisie, une liberté splendides.Parce que les " variations sur thème " sont toujours passionnantes.Parce que dans cette histoire, une toute jeune femme joue un rôle capital, et qu'un ange lui donne la réplique – ou l'inverse, ce qui nous entraîne d'emblée dans une réflexion dont la neutralité sera probablement absente, au fond…Parce que les parce que sont nombreux!A travers dix-huit oeuvres majeures classiques et modernes de Michelangelo à Véronèse en passant par Magritte, ce petit guide d'histoire de l'Art donne des clés de lecture de cette scène emblématique et invite à la promenade au gré des musées et des églises.Le premier ouvrage de cette collection de poche est une proposition de l'historienne Nicole Gaillard, également auteure de "Couples peints" (Antipodes, 2013).
Les raisons qui poussent tant de gens, ici ou ailleurs, à nouer des relations privilégiées avec des non-humains, jusqu'à leur donner l'apparence de la plus parfaite félicité conjugale, restent encore mal comprises. Explorant une dimension peu étudiée du " rapport " aux objets — le rapport amoureux —, ce numéro décrypte les scénarios qui permettent aux humains d'avoir des liaisons avec toutes sortes de partenaires : squelette, orgue, arbre, voiture, chatbot ou bonhomme en massepain...Il interroge, ce faisant, les peurs ou interdits qui peuvent frapper ces amours irrégulières : en quoi sont-ils révélateurs des valeurs défendues par un collectif et de la façon dont il structure ses rapports au non-humain ?
Une exposition à la Collection de l'Art Brut Lausanne
Cet ouvrage est la synthèse d'un projet global et pluridisciplinaire fruit d'une réflexion sur les anonymes et l'anonymat dans le champ de l'Art Brut et la société en général.Pour questionner ce thème sociétal de manière transversale, cette publication comprend trois volets: une exposition à la Collection d'Art Brut, sous le commissariat de Gustavo Giacosa, metteur en scène et curateur indépendant, et de Pascale Jeanneret, conservatrice à la Collection de l'Art Brut; une enquête auprès de chercheuses et chercheurs à l'Université de Lausanne, présentée sous la forme d'interviews, et un spectacle.Gustavo Giacosa a été trois ans en résidence d'artiste à l'Université de Lausanne, de 2018 à 2021, où il a exploré le sujet de l'anonymat auprès de plusieurs facultés. Dans le même temps, il a imaginé une écriture scénique pour le spectacle La Grâce, présenté à La Grange de Dorigny, et découvert nombre d'oeuvres anonymes en Italie et en Allemagne, parallèlement à la sélection de travaux opérée par Pascale Jeanneret dans les collections du musée lausannois.Les oeuvres d'Art Brut présentées dans le cadre de cette exposition ont été conçues par des auteurs autodidactes qui ne se considèrent pas comme des artistes. Certaines d'entre elles sont également issues de pratiques artisanales populaires. Cependant, si les contextes de production diffèrent, tous ces travaux, qui datent de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, ont un point commun: avoir vu le jour dans des milieux très éloignés de l'art, comme les prisons ou les hôpitaux, où leurs auteurs étaient souvent privés de leur identité, alors réduite à un simple matricule.Certaines de ses productions orphelines sont conservées dans le fonds de la Collection de l'Art Brut ou au sein d'autres institutions muséales européennes, comme La Collection Prinzhorn, à Heidelberg, le musée d'ethnologie et d'anthropologie de Turin et celui d'anthropologie criminelle, également à Turin.
Les beautés arbitraires ont une histoire qui précède la question esthétique du beau et la dépasse. Fortes d'un je ne sais quoi qui les fonde à l'écart des systèmes théoriques, elles renversent au XVIIIe siècle la construction sociale du goût. Il se peut que cette conquête soit le plus grand effort de la pensée moderne. Distinguer, du point de vue de l'histoire de l'art, ce que la notion d'arbitraire recouvre, telle est la vaste énigme dénouée dans ce livre.La reconnaissance des beautés arbitraires se heurte à l'absolu d'un modèle antique qu'il est temps de contredire. Car il n'est rien de fixe, ni d'immuable dans l'arbitraire de la beauté, tout entier laissé à l'imagination du peintre, du poète, de l'architecte ou du musicien… Beauté chimérique opposée à la beauté véritable, elle revêt soudain valeur de rareté et de distinction et se transforme en beauté nécessaire, liée à l'invention de formes nouvelles qui peuvent plaire et toucher universellement. Entre caprice et convention, non-sens et vraisemblance, raison et sentiment, beautés essentielles et arbitraires échangent leurs rôles pour représenter différemment le monde et ses figures.
Le pont Notre-Dame fut l'un des ponts habités les plus extraordinaires de Paris. Son histoire reste attachée à un événement : la présentation éphémère en façade de la boutique de Gersaint de la fameuse Enseigne peinte par Watteau en 1720. À quoi ressemblait ce pont monumental avant la destruction de ses habitations? Pourquoi L'Enseigne de Gersaint eut-elle un tel retentissement? Comment se projeter dans cet univers si étranger à notre expérience actuelle des ponts parisiens? Comment dépasser l'image mentale que chacun peut se faire à partir des sources qui nous sont parvenues? Autant de questions qui ont motivé cette restitution numérique du pont Notre-Dame. En s'attachant à restituer le sens des espaces et des volumes de son architecture disparue, ainsi qu'à rendre sensible l'ambiance lumineuse et sonore de son environnement, ses auteurs offrent une exploration inédite en 5D du pont, ainsi qu'une réflexion sur l'apport des technologies numériques à la recherche historique.