Retours sur sept contributions emblématiques de la revue. Numéro spécial à l'occasion du centième numéro
Pour célébrer le centième numéro de la revue, les rédacteur·rices en chef (Raymond Bourdoncle, Anne-Marie Chartier, Françoise Lantheaume, Patrick Rayou, Anne Barrère, Cédric Frétigné et Stéphanie Rubi) ont choisi de republier des contributions marquantes qu'ils et elles introduisent. Chaque auteur·rice a ensuite été invité·e à réagir à son texte initial pour en éclairer les enjeux, permanences ou actualisations nécessaires.
Les recherches participatives : faire science avec pour former autrement
Nos sociétés sont aujourd'hui confrontées à des défis qui ne se limitent pas, dans les modalités d'élaboration de réponses possibles, au seul périmètre de la communauté scientifique. Les mutations auxquelles il s'agit de faire face (réchauffement climatique, vieillissement de la population, problématiques énergétiques, etc.) imposent une double dynamique d'innovation et de transformation des comportements. Afin d'accompagner ces changements, certaines recherches misent sur la coopération entre chercheur·euses et non-chercheur·euses. Elles renouvellent les formes de production scientifique de même que les conceptions de la formation. Elles soulèvent également des enjeux de type politique, en interrogeant le rôle que la science peut jouer dans la décision publique. En se faisant plus participative qu'elle n'a pu l'être dans le passé, la recherche s'inscrit donc dans un mouvement de démocratisation. Un tel essor ne manque de susciter des questions quant à la validité des résultats produits, au bénéfice en termes d'accompagnement du changement, à la réalité du processus participatif, à l'effectivité des processus formatifs. Ce dossier se propose d'éclairer ces dimensions en s'intéressant plus particulièrement aux recherches menées depuis la discipline des sciences de l'éducation et de la formation. Ainsi, en étudiant précisément le lien entre participation et changement, ce numéro se propose de questionner la façon dont " faire science avec " peut permettre de former et d'agir autrement.
Destinée aux chercheurs, formateurs, enseignants, universitaires français et étrangers, la revue Recherche et formation permet de faire connaître des recherches, des expériences, des innovations, des publications et des manifestations récentes dans le domaine de la formation.Retrouvez le détail des contributions proposées dans ce numéro Varia dans la rubrique "Sommaire".
Comment et pourquoi l'éducation à l'esprit d'entreprendre questionne l'évolution du système éducatif français ?
L'ensemble du numéro entend montrer en quoi le développement de l'esprit d'entreprendre ou d'initiative oriente en partie les évolutions du système éducatif français. Injonction politique, le développement de cette compétence clé se traduit par des dispositifs, des pratiques pédagogiques, des activités et des compétences en renouvellement. Les tensions qui en résultent interpellent la forme scolaire, la forme éducative mais aussi la professionnalité de ceux qui sont impliqués dans ce développement. Trois articles explorant une diversité de dispositifs associés au développement de l'esprit d'entreprendre éclairent leur mise en œuvre, notamment du point de vue des professionnels qui y sont engagés. La réflexion sur les mots et les concepts utilisés pour désigner l'esprit d'entreprendre circule dans tout le dossier et notamment dans la rubrique " autour des mots ". L'entretien mené auprès de deux chercheuses en sociologie et en sciences de gestion apporte leurs propres éclairages aux sciences de l'éducation et de la formation (SEF). C'est dans la diversité des points de vue que se dessine un questionnement sur les changements associés à l'objectif de développer l'esprit d'entreprendre et d'initiative et aux apports indispensables que peuvent offrir les SEF.
Destinée aux chercheurs, formateurs, enseignants, universitaires français et étrangers, la revue Recherche et formation permet de faire connaître des recherches, des expériences, des innovations, des publications et des manifestations récentes dans le domaine de la formation.Retrouvez le détail des contributions proposées dans ce numéro Varia dans la rubrique "Sommaire".
Destinée aux chercheurs, formateurs, enseignants, universitaires français et étrangers, la revue Recherche et formation permet de faire connaître des recherches, des expériences, des innovations, des publications et des manifestations récentes dans le domaine de la formation.Retrouvez le détail des contributions proposées dans ce numéro Varia dans la rubrique "Sommaire".
Le travail social correspond à un espace professionnel qui se situe aux interstices des grandes institutions (famille, école, santé, justice) et du travail de leurs professionnels (enseignants, éducateurs, médecins, magistrats), dans une logique de réparation, de protection, de prévention, parfois d'émancipation. Formés aux sciences humaines, les travailleurs sociaux exercent des métiers où ils et elles doivent composer avec les savoirs issus du droit, de la justice, de la santé et des disciplines scolaires. La formation des travailleurs sociaux est soumise à de nombreux défis de premier plan, en réponse à quoi des initiatives tentent d'articuler capacitation des acteurs engagés dans la recherche et production de connaissances.Ce dossier rend compte de plusieurs types de formations à et par la recherche en travail social. Il examine les logiques de reconnaissance et d'émancipation, les espaces de controverse, mais aussi les contextes d'émergence d'un champ au sein d'un mouvement global de mutations des professions concernées dans nos sociétés contemporaines.
L'évaluation de la professionnalisation en formation
Les textes qui composent ce dossier ont pour intention d'étudier la façon dont s'opère l'évaluation de la professionnalisation dans les dispositifs de formation, particulièrement dans le milieu de la formation des enseignants. Le dossier met en évidence les " faces cachées " de cette évaluation. Celles-ci peuvent se situer du côté de l'évaluation institutionnelle telle qu'elle se pratique: ce qu'elle se garde de dévoiler (face occultée) et ce qu'elle peut générer de contre-productif (face noire).À l'inverse, il est possible d'identifier des processus de professionnalisation difficiles à cerner dans un premier temps sans les outils et méthodes de la recherche (face méconnue) ou qui tiennent parfois à ce que l'exercice même d'une évaluation produit à l'insu de ses promoteurs (face inattendue).
Le concept d'enquête (inquiry) forgé par John Dewey fait l'objet d'un intérêt renouvelé en sciences humaines et sociales (SHS), notamment en sciences de l'éducation et de la formation (SEF). Cet engouement pour l'enquête est certes a` relier à de récentes traductions en français des ouvrages fondateurs de la pensée de John Dewey, mais aussi avec le besoin d'aborder la problématique de l'expérience et de son élaboration en prenant appui sur une approche universelle de l'agir et du développement humain. Penser avec ou a` partir de la lecture de J. Dewey les problématiques actuelles qui traversent les milieux de l'éducation, de la formation ou encore de la santé, est aussi l'occasion de les approfondir par un point de vue à la fois holiste et analytique, singulier et universel. Les contributions réunies dans ce numéro thématique explorent le caractère heuristique de cette théorie de l'expérience en mettant en évidence ses fondements, son actualité et ses formes de renouvellement pour la recherche et la formation.
Destinée aux chercheurs, formateurs, enseignants, universitaires français et étrangers, la revue Recherche et formation permet de faire connaître des recherches, des expériences, des innovations, des publications et des manifestations récentes dans le domaine de la formation.Retrouvez le détail des contributions proposées dans ce numéro Varia dans la rubrique "Sommaire".
Nouveaux enseignants, enseignants nouveaux : la reconversion professionnelle dans le système éducatif
Depuis quelques décennies, les transformations dans le travail telles que Robert Castel les analyse et leurs conséquences sur le déroulement des carrières professionnelles s'imposent à l'attention politique, médiatique et sociétale. La reconversion professionnelle est une phase de transition qui interroge la place et le sens donnés au travail aujourd'hui. Événement individuel et collectif, il peut générer une période d'inactivité ou d'activité non rémunérée rarement perçue comme une phase active dans un parcours biographique. La reconversion professionnelle peut en effet se penser comme un changement de voie, et parfois de vie, car les modifications qui s'y opèrent s'accompagnent d'une décentration non seulement professionnelle mais aussi personnelle. Si l'on peut évoquer des " reconversions professionnelles volontaires ", elles ne le sont probablement pas toutes. En effet, la reconversion est aussi parfois " un changement important et brutal dans l'orientation de la trajectoire, dont à la fois le moment et l'issue étaient imprévisibles ". Cependant, les deux caractéristiques de situations évoquées par Michel Grossetti – la plus ou moins grande prévisibilité du moment de sa survenue et celle des issues possibles – nous permettent d'appréhender la reconversion comme un processus dynamique produit par un ensemble de relations qui déterminent l'action à un moment donné. Ce numéro thématique vise ainsi à contribuer à la compréhension de la reconversion au métier d'enseignant, de la place et du rôle qu'occupent ces enseignants reconvertis dans le système éducatif et de la dimension institutionnelle liée à l'évolution de la composition sociale du corps enseignant et celle de la formation des enseignants.
Former contre les discriminations (ethno)culturelles
En France comme ailleurs, l'École est rappelée à sa mission d'éducation au vivre ensemble et à la démocratie. Dans ce contexte, la lutte contre la discrimination – ici ethnoculturelle – s'est peu à peu constituée comme objet de formation. Pourtant, si une palette d'outils et de nouveaux contenus voient le jour, ceux-ci restent éparpillés et peu lisibles. Inégalement appropriée par les acteurs, cette dimension de la formation est aussi trop peu arrimée à la recherche. Ce dossier entend contribuer à structurer la réflexion dans ce domaine à partir d'une double entrée. D'une part, il tire parti de la recherche sur les phénomènes de discrimination et sur les processus associés (ségrégation, biais d'évaluation ou d'orientation, etc.) afin d'identifier des objets et des leviers de formation. D'autre part, il analyse de manière réflexive des dispositifs de formation dédiés afin d'en dégager les écueils et les potentialités. Les recherches présentées recouvrent quatre contextes: suisse francophone, belge francophone, québécois, français. La comparaison révèle la forte indexicalité de ces questions, tant dans la manière de désigner les groupes discriminés et de construire les problèmes que dans la place occupée par cet objet à l'agenda des politiques éducatives et de formation. In fine, le dossier invite à prendre à bras le corps le débat sur les discriminations ethnoculturelles et à en faire un objet de réflexivité collective, en tenant spécifiquement compte des contextes locaux.