Nouvelles Questions Féministes, vol. 30-n°1/2011

La production d'enfants
Françoise MESSANT,Marianne MODAK,Anne-Françoise PRAZ
Date de publication
7 mars 2011
Résumé
Il y a une certaine ambivalence, voire de la méfiance, chez les féministes radicales face à la question des enfants, et ceci pour de bonnes raisons : d'une part, la production d'enfants est l'obstacle principal à l'égalité entre les sexes ; d'autre part, la maternité a été historiquement construite comme étant incompatible avec la participation à la sphère publique, renvoyant ainsi les femmes au privé. Par ailleurs, tant les positions essentialiste que celles du sens commun, font de la maternité leur argument massue, à la fois preuve de l'existence d'une différence biologique entre les femmes et les hommes à l'avantage des premières, et justification du maintien de leur situation spécifique complémentaire dans l'ordre hétérosexuel existant. Cette méfiance légitime des f ... Lire la suite
FORMAT
Livre broché
21.00 €
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ISSN 02484951
Date de première publication du titre 7 mars 2011
ISBN 9782889010523
EAN-13 9782889010523
Référence NQF301-38
Nombre de pages de contenu principal 146
Format 16 x 24 x 1 cm
Poids 296 g

EDITO
Anne-Françoise Praz, Marianne Modak, Françoise Messant, " " Produire des enfants"  aujourd'hui : un défi pour l'analyse féministe ";

GRAND ANGLE
Laure Moguérou, Nathalie Bajos, Michèle Ferrand, Henri Leridon, " Les maternités dites tardives en France : enjeu de santé publique ou dissidence sociale ?";

Fenneke Reysoo, Pien Bos, " N'est pas mère qui veut. Le paradoxe de l'adoption internationale ";

Hélène Joly, " L'injonction à l'homoparentalité, cache-sexe de l'éros lesbien ";

Priscille Touraille, " Du désir de procréer : des cultures plus naturalistes que la Nature ? ";

CHAMP LIBRE
Mascha Madörin,  " Maternité et rapports intergénérationnels en Suisse : un essai d'économie féministe ";

Françoise Armengaud, " À la mémoire de Michèle Causse, une grande figure du lesbianisme politique ";

PARCOURS
Marianne Modak, Françoise Messant " Entretien avec Karine Clerc, travailleuse sociale de proximité ".

COMPTES RENDUS
Florence Degavre, Martine Chaponnière, Mélanie Jouitteau, Bérengère Marques-Pereira, Françoise Messant-Laurent, Christine Delphy

COLLECTIFS
"Olympe " – Feministische Arbeitshefte zur Politik
Cahier féministe politique suisse alémanique

Il y a une certaine ambivalence, voire de la méfiance, chez les féministes radicales face à la question des enfants, et ceci pour de bonnes raisons : d'une part, la production d'enfants est l'obstacle principal à l'égalité entre les sexes ; d'autre part, la maternité a été historiquement construite comme étant incompatible avec la participation à la sphère publique, renvoyant ainsi les femmes au privé. Par ailleurs, tant les positions essentialiste que celles du sens commun, font de la maternité leur argument massue, à la fois preuve de l'existence d'une différence biologique entre les femmes et les hommes à l'avantage des premières, et justification du maintien de leur situation spécifique complémentaire dans l'ordre hétérosexuel existant. Cette méfiance légitime des féministes radicales a eu pour conséquence un relatif désengagement de la réflexion critique sur la maternité et, plus généralement, sur la production d'enfant, laissant ainsi le champ libre à des débats peu pertinents. Relevons la vulgate psy sur la prétendue crise d'identité des femmes déchirées entre désir d'enfant et aspirations professionnelles; le sempiternel discours de la " conciliation travail - famille " qui incomberait aux seules femmes ; des considérations quasi-réactionnaires sur le pouvoir abusif des femmes, capables d'infliger ou de refuser une paternité aux hommes, de monopoliser le pouvoir sur les enfants en cas de divorce, qui sont autant de manières d'occulter le travail fourni par les femmes dans cette fonction maternelle et les limites très concrètes que celle-ci impose à leur autonomie. On pense aussi au soi-disant irrépressible désir d'enfants chez ces dernières, que les différentes méthodes de procréation assistée et autres adoptions se chargeraient de combler. Ces thèmes ressassés appellent selon nous de nouvelles problématisations de la part des féministes, en regard des contextes familiaux et professionnels actuels. A titre d'exemple, la revendication du " choix " d'avoir ou non des enfants pourrait être réactualisée. Alors que le féminisme des années 1970, avec le slogan " un enfant si je veux quand je veux ", a mis fin à l'idée de la maternité comme destin, ce message reçoit une réception mitigée. Si le contrôle de la fécondité est un droit acquis – quoique la vigilance à ce propos soit de mise – l'identité féminine semble toujours et encore dépendre de la maternité, alors que l'identité masculine reste, elle, indépendante du statut paternel. Or, les conditions de réalisation du projet d'enfant sont toujours plus difficiles à réunir ; on n'évoquera pas ici la question récurrente du " partage " des tâches entre les sexes, mais surtout le fait que notre société continue de considérer la question de la production d'enfants, et finalement de son propre devenir, comme relevant centralement de la sphère privée et dépendant des rapports de pouvoir intra-familiaux encore largement défavorables aux femmes.

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