À la composition classique par volumes et par plans, Chardin subsitue, dans ses natures mortes, une autre logique. Dans la peinture renaissante et classique, l'étalonnement de la touche du précis au flou désignait l'échelonnement des plans du proche au lointain; alors que, dans la manière de Chardin, le plus ou moins grand degré de flou ou de précision semble indiquer la focalisation variable de l'oeil sur telle ou telle zone de la toile, indépendamment de sa situation en perspective. Plus encore: contrairement à ce qui se passe en photographie, les zones de focalisation sont multiples. Chardin ne représente donc pas une accommodation particulière du regard sur les objets, mais une suite de focalisations successives, soit l'itinéraire, ou plutôt les itinéraires possible ...
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Dominique Pety – Chardin, sa grâce, sa familière et rare poésie
Bruno Durand – Chardin au feeling, un regard tactile
Carole Brandon – #decodechardin
À la composition classique par volumes et par plans, Chardin subsitue, dans ses natures mortes, une autre logique. Dans la peinture renaissante et classique, l'étalonnement de la touche du précis au flou désignait l'échelonnement des plans du proche au lointain; alors que, dans la manière de Chardin, le plus ou moins grand degré de flou ou de précision semble indiquer la focalisation variable de l'oeil sur telle ou telle zone de la toile, indépendamment de sa situation en perspective. Plus encore: contrairement à ce qui se passe en photographie, les zones de focalisation sont multiples. Chardin ne représente donc pas une accommodation particulière du regard sur les objets, mais une suite de focalisations successives, soit l'itinéraire, ou plutôt les itinéraires possibles de l'oeil dans un espace représenté qui finit par se confondre avec une surface: celle de la toile. Insensiblement, Chardin abolit donc l'illusion de perspective au bénéfice d'une expérience du regard.