Servir les révolutions, rejouer leurs mémoires (1789-1848)
Les répliques du séisme provoqué par la Révolution française se sont fait ressentir, et ce dès ses origines – on les a beaucoup étudiées dans les champs du politique, du social, de l'économique, et du culturel. Mais qu'en est-il dans le domaine littéraire et pour le médium particulier que représentent les vers poétiques? Quel rôle ces derniers ont-ils joué dans la diffusion et la commémoration de la Grande Révolution? Les vers étaient presque omniprésents pendant la période que traite cette étude – que ce soit au travers de poèmes littéraires et engagés publiés dans les journaux, dont le nombre ne cesse de se multiplier durant la période; par le biais d'hymnes et d'odes composés pour commémorer de grands événements ou de grands personnages, ou bien parmi les chansons révolutionnaires qui se font entendre dans les rues et les théâtres de Paris et en province. Les chapitres recueillis dans ce volume étudient de près comment les vers ont participé à forger une, voire des mémoires de la Révolution tout au long de la période de 1789 à 1848, en France aussi bien qu'à l'étranger. Ce faisant, ils jettent une lumière nouvelle sur l'engagement politique des littérateurs et sur leur contribution à la Révolution en tant que " lieu de mémoire ".
Au cours de sa longue carrière d'enseignant-chercheur engagé dans les différents aspects de son métier, Philippe Antoine a ouvert des perspectives nouvelles, qui l'ont souvent amené à sortir de sa zone de confort pour explorer des pistes inattendues. Mais il est resté fidèle à quelques thèmes de prédilection, qui représentent les axes majeurs de sa production intellectuelle: l'œuvre de Chateaubriand et la poétique du récit de voyage, des prémices du romantisme aux confins extrêmes de la modernité.C'est autour de ces thématiques qu'un certain nombre de collègues et d'ami·e·s ont souhaité se réunir pour lui offrir ces Itinéraires critiques, qu'ils ont voulu à la fois novateurs et pluridisciplinaires, pour accompagner la nouvelle vie qu'entame cet inlassable arpenteur de la littérature, toujours animé par la passion de la marche, de la lecture et de l'écriture.
L'espace américain comme nouveau territoire de la fiction, de Fontenelle à Chateaubriand
Ce volume se propose d'interroger la manière dont la littérature de fiction, en France, intègre le paradigme américain de la fin du XVIIe siècle au début du XIXe (de Fontenelle à Chateaubriand), moment de l'histoire littéraire où l'Homme et la foi dans le progrès font l'objet d'un questionnement important. L'histoire des idées et des représentations y est donc relue à la lumière de son imbrication dans le système des normes qui définissent, non sans fractures, les contours des genres littéraires. Si l'Amérique des écrivains a donné lieu, dans les cinquante dernières années, à de nombreuses études, une analyse axée simultanément sur les apports philosophiques du Nouveau Monde et sur leurs effets dans l'évolution de l'écriture s'imposait: ce n'est qu'en regardant de près ces deux aspects que l'on peut envisager de mieux connaître l'influence qu'eut l'ailleurs sur la pensée et la littérature européennes.
Les appréciations bienveillantes que Mme de Staël et George Sand ont consacrées à la Pologne semblent, à lire la critique littéraire officielle de ce pays, avoir mal été payées de retour. La prise en considération des ego-documents ainsi que l'analyse des œuvres des femmes de lettres polonaises révèlent au contraire qu'elles ont été lues dès 1840 avec admiration, quoique de manière originale. L'une des constantes de la réception de Staël et de Sand en Pologne a été de les appréhender dans un même geste critique, comme si l'une ne pouvait être accueillie sans l'appui de l'autre. L'intérêt de cet ouvrage est de respecter cette approche: il examine, d'une part, comment la perception d'une complémentarité Staël-Sand est verbalisée dans les commentaires personnels des Polonaises, et, d'autre part, comment elle se traduit au sein même de leur production littéraire.
George Sand pouvait-elle être un homme de science? Quelle part son œuvre laisse-t-elle aux sciences de la nature et au scientisme en faveur au XIXe siècle? Par un examen méthodique et compréhensif de ces questions, cet ouvrage collectif passe au crible de la critique non seulement l'étendue des savoirs scientifiques de George Sand, mais encore les modalités de leur adaptation fictionnelle, entre 1835 et 1875.Ce sujet original fournit ainsi aux études sandiennes une synthèse de tout premier ordre, qui faisait défaut jusqu'alors, pour la connaissance du constant intérêt que George Sand portait aux sciences de la nature, jusque dans leurs applications pratiques, politique, économique ou écologique.Finalement, c'est toute la sagesse de George Sand qui est donnée à savourer ici, en jetant un éclairage inattendu sur des sujets d'une grande actualité.
Le rapport à l'image dans la littérature des XVIIIe et XIXe siècles
Penser et (d)écrire l'illustration: le rapport à l'image dans la littérature des XVIIIe et XIXe siècles propose un nouveau regard sur l'histoire de l'illustration, issu de la perspective des écrivains. À la fois forme et idée, ornement du livre et supplément de la narration, l'illustration a toujours envahi le terrain de la littérature.L'émergence, pendant cette période, de nouvelles techniques d'illustration, de la lithographie à la photographie, a inspiré à la fois une certaine iconophobie et une grande créativité dans le domaine de la littérature. Les textes de ce volume révèlent des attitudes fortement divergentes envers l'image de même qu'un échange de plus en plus innovant entre l'écrit et le visuel.
Peut‑on vraiment ressusciter Les Incas ? Et comment les arracher au cimetière des œuvres mortes où ils gisent ensevelis depuis un siècle ? Comment les proposer au lecteur moderne ? Conçu dans le sillage de la première édition critique du roman publiée en 2016, le présent volume se propose de répondre à ces questions tout en apportant un regard nouveau sur l'écriture et la pensée de Jean-François Marmontel (1723‑1799). Un tel projet se fonde sur deux constats majeurs : celui, d'une part, de la timide redécouverte d'un auteur et d'une œuvre qui n'ont pas encore trouvé leur écho dans les études sur le XVIIIe siècle ; et celui, d'autre part, qui renvoie à la complexité des Incas, dont la richesse des enjeux stylistiques et philosophiques est loin d'être épuisée. C'est cette perspective, liée à la forme et aux fonctions du roman marmontélien, qui est placée au centre de ce volume.
Si la question des relations entre générations d'une même famille peut apparaître aujourd'hui comme la plus universelle et la plus fondatrice qui soit, il revient au théâtre d'en avoir, dès l'Antiquité grecque, révélé le potentiel tragique. Entre 1750 et 1850, période charnière qui voit naître la famille bourgeoise, s'affirme, à la faveur de mutations idéologiques et sociales profondes, une valorisation nouvelle de l'individu mais aussi d'une famille plus restreinte, soudée par des liens plus affectifs entre générations.Les études réunies dans cet ouvrage envisagent l'impact de ces bouleversements sur la production dramatique européenne, centrée depuis l'Antiquité sur le conflit intergénérationnel.
Rapports intergénérationnels dans les dynasties d'écrivains et d'artistes
Cet ouvrage permet d'interroger les formes que peut revêtir l'acceptation par les fils du capital symbolique construit par les pères. Ces formes, souvent discrètes, sont parfois douloureuses, comme le montrent les études rassemblées ici. Quelques
Cet ouvrage se propose de démontrer un aspect inédit et pourtant fondamental dans l'oeuvre sandienne : la notion de marginalité. Car si l'on peut qualifier de marginal la vie même de George Sand, on peut tout aussi bien affirmer qu'elle essaime c
Nés dans un monde privé de dieux et de lumières, les artistes français du 19e siècle s'étaient donné pour mission de ré-enchanter l'univers et de lui faire recouvrer son unité. Alors même que la rationalité, le scientisme et le positivisme devenaient les valeurs de leur temps, ils choisissaient de questionner ces valeurs montantes en les confrontant à des pratiques et des croyances d'un autre âge. À une civilisation qui s'embourgeoisait au gré même de ses révolutions, ils décidaient d'opposer les mystères insondables d'une magie à laquelle, déjà, l'on ne croyait plus, mais qu'ils allaient réinvestir sous de multiples formes dans leurs textes, leur musique, leur peinture ou leurs mises en scène. Ce sont ces enchantements lexicaux, ce personnel féérique, ces représentations visuelles ou ces charmes verbaux propres aux " magies " artistiques que le présent volume se propose d'interroger.
La tradition classique associe étroitement la question du genre – celle de la modélisation poétique – et celle des origines, les deux notions ayant en partage un étymon commun, le substantif latin genus, generis, qui désigne la naissance, la (bonne) race. Entre 1740 et 1850, cette autorité du modèle est remise en cause par de nouvelles voies de légitimation de l'œuvre littéraire fondées sur une revendication d'originalité et de contribution à l'élaboration des cultures nationales. Les modèles qui circulent alors à travers toute l'Europe – Shakespeare, Rousseau, Goethe, Victor Hugo... – invitent leurs émules à rejeter toute imitation servile pour créer des œuvres nouvelles, à l'image de sociétés en pleine mutation. Les contributions rassemblées dans ce volume analysent les modalités de cette crise du modèle filial dans une littérature européenne qui prépare l'avènement de l'œuvre moderne.