Le Questionnement moral de Nietzsche
La philosophie de Nietzsche est une philosophie perspectiviste. Elle l'est, d'abord, par son contenu interprétatif, puisque les volontés de puissance qui constituent indéfiniment les significations du monde, sont des centres d'interprétation et que ces interprétations centrées sont autant de perspectives qui s'affrontent les unes les autres. Mais elle l'est, aussi, en ce qu'elle s'offre elle-même, conformément à son perspectivisme assumé, à une multiplicité de commentaires, tous légitimes à condition de s'ouvrir, de manière forte, aux autres, et de les laisser se déployer pour les dépasser dans le jeu indéfini des herméneutiques. Ce livre sur la philosophie de Nietzsche part d'une hypothèse selon laquelle la perspective d'interprétation morale de cette philosophie est sans doute celle qui permet le mieux, d'une part, de rendre compte de son développement et de sa méthode propre et, d'autre part, de s'ouvrir aux autres perspectives interprétatives sur elle, en les comprenant sans les réduire, tout en les subordonnant ou hiérarchisant de façon rigoureuse. Ayant d'abord mis à l'épreuve cette hypothèse du point de vue d'une lecture interne de la genèse et la structure méthodique du questionnement de la morale par Nietzsche dans nos deux premières Parties, notre propos est ensuite d'entendre " le questionnement moral de Nietzsche " au sens d'un génitif objectif de l'expression, par suite de reconstruire, dans notre troisième Partie, " trois mises en questions morales de Nietzsche ", pouvant émaner de trois perspectives philosophiques majeures sur le problème moral : kantisme, fichtéanisme (auquel le questionnement weilien est largement associé), matérialisme. La meilleure manière de présenter ces mises en questions nous a semblé consister dans l'introduction d'une sorte de dialogue entre des pensées philosophiques toujours vivantes, de sorte que cette troisième Partie se termine par un essai d'envisager comment et jusqu'où Nietzsche aurait pu répondre à ces objections tant supposées que réelles.André Stanguennec, Professeur à l'Université de Nantes mène ses travaux sur Hegel, l'idéalisme allemand et l'herméneutique contemporaine envisagée particulièrement sous l'angle du symbolisme de la culture (S. Mallarmé, E. Cassirer, H.-G. Gadamer), de même que sur la constitution de la pensée dialectique aujourd'hui. Il a publié personnellement : " Hegel critique de Kant ", Paris, PUF, " Collection Philosophie d'aujourd'hui ", 1985 ; " Etudes post-kantiennes I et II ", Lausanne, L'Age d'Homme, 1987 et 1994 ; " Mallarmé et l'éthique de la poésie ", Paris, Vrin, 1992 ; " Hegel, une philosophie de la raison vivante ", Paris, Vrin, 1997 ; " Réflexions sur trois sagesses ", Nantes, Editions " Pleins Feux ", 2001. Il a collaboré à des ouvrages collectifs, parmi lesquels " Lumières et romantisme " , Editions Vrin et Université de Bruxelles, 1989 ; " Hegel und die Kritik der Urteilskraft ", Veröffenlichungen der Internationalen Hegel-Vereinigung, Band I8, Klett-Cotta, 1990 ; " Problèmes actuels de la dialectique ", Lausanne, L'Age d'Homme, 1996. " L'héritage de H.-G Gadamer ", Paris Editions Le cercle hérméneutique, Coll. " Phéno ", 2003.
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