Inscrite dans le temps long de l'histoire, la notion de beauté serait intimidante, aliénante, parfaitement relative, voire poussiéreuse. À quoi bon, pourquoi donc parler – encore – de "beauté"? L'hypothèse que nous soutenons réaffirme à l'inverse les enjeux d'universalité, d'humanisme, de plaisirs et d'émotions qui sont spécifiques à la beauté. Nous pensons possible, et même nécessaire, de retrouver dans celle-ci une vitalité, une valeur, un pouvoir de transformation et d'orientation capables de nous interroger sur la manière de nous confronter aux enjeux d'aujourd'hui; car, loin d'être mortifère, la beauté peut être, selon nous, l'opérateur d'un futur commun, d'un monde habitable.
Enseigner le théâtre et le cinéma : histoires, institutions, expérimentations
Pour toute discipline, la question de ses modalités d'enseignement recèle un puissant pouvoir heuristique. Suivant ce principe, ce numéro de Double Jeu rassemble des spécialistes de théâtre et de cinéma autour des problématiques qui travaillent les pédagogues soucieux des finalités de leurs pratiques, de la pertinence de leurs outils et de leurs démarches. Pour réfléchir à ces questions, nous avons retenu trois axes thématiques: "Histoire des pédagogies", "Institutionnalisation des mises en pratiques" et "Expérimentations pédagogiques". Ainsi, à partir de cas singuliers, passés ou présents, les études montrent comment les différentes conceptions de l'art et de l'enseignement s'articulent et évoluent dans les dynamiques institutionnelles et comment les expérimentations pédagogiques travaillent à leur tour les pratiques et l'ordre disciplinaire.
Ces obscurs objets du savoir : le patrimoine de l'enseignement et de la recherche
Ce numéro explore la valeur patrimoniale, pédagogique et scientifique des collections universitaires et des objets liés à l'enseignement et à la recherche, souvent méconnus ou relégués au rang de simples outils obsolètes. À travers des études de cas emblématiques, les contributeurs interrogent la double vocation de ces ensembles: supports d'enseignement d'hier, objets de recherche et de médiation d'aujourd'hui. Le dossier met en lumière comment ces "obscurs objets du savoir" – moulages, instruments scientifiques, diapositives, archives, collections naturalistes ou archéologiques – archivent l'histoire des disciplines, tout en posant des défis contemporains de conservation, de valorisation et d'éthique.Ce numéro montre comment les "obscurs objets du savoir" – longtemps ignorés – deviennent des leviers pour repenser l'histoire des sciences, l'enseignement et la relation entre société et patrimoine. Leur étude permet de:Réinterroger les récits dominants (ex.: biais des diapothèques universitaires).Innover dans les méthodes pédagogiques (ex.: usage des collections en réserves visitables).Engager des réflexions éthiques sur la provenance et la restitution des objets.Créer des ponts entre disciplines (art, science, histoire, philosophie).En définitive, ces objets ne sont pas seulement des vestiges du passé, mais des outils vivants pour comprendre notre présent et imaginer l'avenir des savoirs.
Le dernier numéro de 1895 revue d'histoire du cinéma est un varia. Il s'ouvre sur un Point de vue dû à Jean-Pierre Berthomé qui est aussi le dernier article de ce spécialiste du décor brusquement disparu au moment où l'on corrigeait les épreuves du numéro. Il dresse une typologie des ressources iconographiques touchant aux décors de film: des plans, maquettes, croquis préparatoires jusqu'aux story-boards et élabore une méthodologie pour l'étude de ces matériaux qui sont souvent difficiles à identifier et mal répertoriés dans les collections. Parmi les Études, Roxane Haessig s'intéresse à la distribution et la réception des westerns français aux États-Unis avant 1914 qui entrent en concurrence avec la production locale qui s'imposera. Karine Abadie revient sur la trajectoire et la place qu'a occupée Lucien Wahl, critique de cinéma dès l'époque du muet et qui poursuivra son travail jusqu'après la Deuxième Guerre. Les approches qui sont les siennes – dont un florilège dans la partie Archives de la revue permet d'appréhender certains aspects – ont des particularités aux résonances contemporaines touchant à l'adaptation des œuvres littéraires, à la censure ou aux altérations des films par les exploitants. Simon Rozel revient quant à lui sur le fameux film de télévision que tourna en 1969 Marcel Ophuls avec Harris et Sédouy, le Chagrin et la Pitié, qui ne put être montré à la télévision française qu'en 1981 tant son approche de la période de l'Occupation du pays par l'armée allemande, l'adhésion au régime de Vichy et la résistance prenait à revers le " narratif " gaulliste qui s'était imposé depuis 1945. En exploitant le fonds Simone Veil des Archives nationales l'auteur met en lumière l'hostilité que cette dernière manifesta à l'endroit de ce film. Dans la partie Archives, Marguerite Chabrol étudie les effets sur les adaptations littéraires et théâtrales du " code Hays " d'autorégulation hollywoodien, tandis que Francis Bordat exhume et commente un paradoxal article de soutien à Hays de la part d'un critique marxiste en 1934, David Platt. Dans la partie Chroniques, on trouve des comptes rendus d'exposition (Richard Avedon), d'ouvrages (Les spectatrices du cinéma, Godard/Averty, Truffaut épistolier, Mocky, Le spectacle du sexe) et de DVD (Hollywood interdit, Le Gorille vous veut du bien).
Monika Wagner propose ici une première étude complète des matériaux dans l'art du XXe siècle, en s'attachant à leur mise en œuvre et à leur signification. À travers des œuvres particulièrement exemplaires, elle prend en compte les matériaux traditionnels, mais aussi ceux qui ont été nouvellement développés ou qui sont étrangers à l'art pour les replacer, au-delà des mythologies personnelles des différents artistes, dans le contexte de leurs utilisations et de leurs attributions ordinaires. La reconstruction critique de leur signification ouvre ainsi un nouvel accès à la compréhension de l'art moderne. Les matériaux convoqués et étudiés sont au cœur de l'art du XXe siècle, à commencer par la couleur en peinture, en passant par les objets de tous les jours ou provenant de la nature, jusqu'aux matières les moins palpables comme l'air ou la lumière. Les exemples que Monika Wagner a choisi d'élucider révèlent ce que nous disent ces matériaux dans la conjonction de leurs utilisations au cours de l'histoire et de leurs assignations sociales ou de sexe. De nombreuses illustrations complètent en les éclairant les analyses des œuvres étudiées.Monika Wagner (1944) est professeure émérite d'histoire de l'art à l'université de Hambourg. Ses recherches portent sur la peinture des XVIIIe-XXe siècles, l'histoire et la théorie de la perception, l'aménagement des espaces publics et, en particulier, la sémantique des matériaux de l'art. Son livre Das Material der Kunst. Eine andere Geschichte der Moderne (Munich, Beck, 2001) a fait date; le présent ouvrage en offre la première traduction française.
À l'avant-garde de la création artistique, le monde du spectacle vivant contemporain fascine mais reste souvent méconnu.Conjuguant enquêtes systématiques et études de cas plus spécifiques, ce livre synthétise cinq années de recherche collective par une équipe de sociologues au coeur des arts vivants. Dans cet ouvrage, des données d'une précision rare et des analyses nuancées viennent éclairer les rapports sociaux entre les acteurs et les actrices du monde du spectacle contemporain, depuis les fonctions deprogrammation jusqu'aux métiers techniques en passant par le travail de création des interprètes et des auteur·trices.Écrit dans une langue à la fois accessible et rigoureuse, Les talents en scène intéressera aussi bien le public académique spécialiste des arts et de la culture, que les professionnel·lesdu secteur, et toutes les personnes désirant travailler dans le domaine du spectacle, ou quiconque souhaite mieux comprendre les fonctionnements de ces mondes sociaux.
Longtemps considéré comme le péché capital des sciences historiques, l'anachronisme fait pourtant partie, souvent inconsciemment, des pratiques de l'histoire de l'art, notamment à travers l'usage courant de notions forgées au xixe siècle en Europe. Cependant, il peut aussi être pensé comme un outil méthodologique permettant de construire d'autres histoires de l'art, faisant naître de nouvelles questions, de nouveaux objets, de nouvelles muséographies. Les auteurs et les autrices de ce numéro font le point sur ces différents recours scientifiques et artistiques à l'anachronisme, des plus poétiques aux plus politiques.
Le cinéma parlant contre le théâtre (Lyon, 1929-1939)
p.p1 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 11.5px Helvetica; color: #ffffff}" Le théâtre est mort! " L'idée que l'arrivée du cinéma parlant, à la fin des années1920, signerait la mort du théâtre est largement partagée dans la presse de l'époque,qui parle de " détournement " du public et de " défection " des auteurs dramatiqueset des acteurs qui se tourneraient alors résolument vers le septième art. Pourtantaucune véritable étude chiffrée n'a été conduite pour vérifier l'exactitude de cetteassertion. Par le biais d'une étude locale, cet ouvrage propose une relecture desrapports entre le cinéma et le théâtre à Lyon lors de la généralisation du parlant.Contrairement aux idées reçues, si les théâtres lyonnais connaissent des difficultésdans les années 1930, la concurrence du film parlant n'en est pas la cause principale.
Au carrefour du Proche-Orient et de la Méditerranée orientale, le Levant a été de tout temps zone de contacts entre l'Asie, l'Afrique et l'Europe. Les enjeux de l'archéologie dans cette région invitent à souligner les apports de l'approche pluridisciplinaire à la connaissance et à la préservation du patrimoine, du Néolithique à la fin du Moyen Âge.
Le dossier du numéro 53-54 de la revue Décadrages. Cinéma, à travers champs se penche sur la problématique de l'inachèvement. Cette notion complexe regroupant des objets demeurés " ouverts " appelle en elle-même une grande ouverture théorique et un constant effort de définition. Films partiellement tournés et abandonnés pendant le tournage, projets demeurés à l'état de scénarios, de notes d'intention ou de continuités dialoguées, séries interrompues en cours de production ou encore univers diégétiques représentés de manière partielle constituent autant de cas de figure possibles, qui appellent chacun leur définition du concept. Les études de cas réunies ici reflètent cette diversité, avec le commentaire d'œuvres inachevées de cinéastes comme Raúl Ruiz, Hollis Frampton, Federico Fellini, Mirentxu Loyarte et Michel Soutter, mais aussi une ouverture à d'autres médias comme le jeu vidéo, la télévision et la littérature.
Des " nouveaux territoires de l'art " aux tiers-lieux culturels, vingt ans après
Vingt ans après avoir exploré les friches culturelles et les "nouveaux territoires de l'art", Culture & Musées consacre son nouveau numéro aux tiers-lieux culturels, ces espaces hybrides à mi-chemin entre lieu de création artistique, lieu de vie et espace citoyen.Portés par des collectifs d'artistes, des habitants ou des associations, les tiers-lieux culturels se distinguent par leur souplesse, leur fonctionnement collaboratif et leur ancrage territorial. Loin des institutions traditionnelles, ils expérimentent de nouvelles formes de création et de médiation, en lien avec les enjeux de transition écologique, de lien social et d'accès à la culture pour tous.Ce numéro interroge les promesses, mais aussi les limites de ces lieux parfois institutionnalisés ou récupérés par des logiques de marketing territorial. Il pose une question essentielle: les tiers-lieux culturels peuvent-ils renouveler durablement les manières de vivre, de créer et de partager la culture aujourd'hui?