Le commerce naît de l'échange, l'échange naît de différentiels, notamment spatiaux. De fait, la discontinuité, formalisation spatiale de différentiels, est un espace propice aux développements de formes et de pratiques commerciales spécifiques.L'ouvrage est structuré autour de trois grands types de discontinuités qui affectent l'activité marchande : les discontinuités géopolitiques (le rôle des frontières d'état), les discontinuités socio-culturelles (le rôle des discontinuités perçues par les individus et les groupes sociaux) et les discontinuités gestionnaires (le rôle des discontinuités administratives).Chacune des parties de l'ouvrage s'appuie sur des cas d'études variées. Que ce soit par la découverte des pratiques différenciées selon les quartiers à Barcelone, Stockholm ou Montréal, des particularités du commerce frontalier licite ou de contrebande en Afrique de l'Ouest, en Amérique Latine ou Europe de l'Est, ou de l'impact des évolutions de l'urbanisme commercial en France sur les localisations marchandes dans les villes petites ou moyennes, le lecteur explorera la richesse de ce rapprochement commerce / discontinuités. C'est, en effet, cette multiplicité d'enjeux, de perspectives et de situations, que les auteurs ont souhaité mettre en exergue et analyser plus en profondeur dans cet ouvrage.Une trentaine de géographes et d'acteurs de l'urbanisme commercial, français et étrangers, ont participé à la rédaction de cet ouvrage. Il s'inscrit dans le prolongement de réflexions engagées lors du colloque éponyme qui s'est tenu à Arras en 2011 sous l'égide de la commission Commerce du Comité National Français de Géographie.
" Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église ", dit le Christ dans l'Évangile de Saint-Mathieu; " Fiel! mon zébu! ", s'exclame Madame de Perleminouze dans Un Mot pour un autre de Tardieu; " Il a du bobo, Léon; il porte un bandeau, Léon ", chante Boby Lapointe. Qu'ont en commun toutes ces citations? d'être fondées sur des bons mots, des jeux de mots ou des jeux sur les mots.Les uns et les autres sont de tous les temps, de tous les pays, de tous les types d'écrits et de discours. Ils sont présents sur la scène politique comme sur celle du théâtre, dans la publicité comme dans la grande littérature, au cœur des chansons comme dans le champ de la psychanalyse. Boutade, mot d'esprit, calembour, charade, mot-valise, rime, anagramme, contrepèterie, " antistrophe " en sont autant de déclinaisons, et la liste est loin d'être close.Comment fonctionnent-ils? Peuvent-ils passer d'une culture à une autre, d'une langue à une autre? Pourquoi joue-t-on ainsi avec les mots? Pour faire rire ou pour séduire? à dessein ou malgré soi? Autant de questions qui intéressent de nombreux domaines – linguistique, stylistique, traductologie, psychanalyse – et qu'explorent les articles de ce recueil croisant les points de vue de divers spécialistes, qui ont tous en commun leur amour des mots et des jeux qu'ils permettent.
Cet ouvrage réunit des contributions originales de chercheurs issus de différents pays. Il permet de mieux comprendre les enjeux récents de l'interculturalité à travers le monde, qu'il s'agisse des questions relatives à l'éducation, aux cultures, à l'identité, tout en prenant en considération les dynamiques, les recompositions, les dialectiques transculturelles et les processus d'interculturalité. Plusieurs disciplines ont pu être mobilisées pour questionner l'interculturel, ce qui donne à ce livre une portée pluridisciplinaire et parfois interdisciplinaire. Les questions de recomposition socioculturelle, de transculturalité et d'interculturalité sont ainsi développées à travers quatre axes de réflexion?: culture/cultures?; identité/identités?; éducation scolaire/éducation socioculturelle/éducation tout au long de la vie?; interculturel/interculturalité. Ces axes se déclinent en thématiques qui organisent ce livre en huit parties?: théories et pratiques interculturelles et multiculturelles en éducation?: spécificités ou convergence?; interculturel et plurilinguisme/ multilinguisme?; interculturel et santé?; peuples arctiques et méridionaux de Sibérie?; multiculturalisme et droits des minorités?; formation des adultes?; éducation et citoyenneté?; questions identitaires.
Au carrefour d'approches multiples, cet ouvrage dresse un panorama des liens sensibles entre religion, culture, laïcité, éthique et éducation. Centré sur l'analyse des contextes spécifiques à la France, à l'Espagne, à l'écosse et à la République d'Irlande, il suggère l'hétérogénéité et la complexité de la situation européenne en matière d'enseignement des faits religieux.La confrontation des politiques éducatives et des dispositifs pédagogiques nationaux, conditionnés par des relations églises-états particulières, révèle la nécessaire singularité du traitement du religieux à l'école. Cependant, cette approche contrastive souligne des préoccupations et des enjeux communs à ces sociétés modernes. Sécularisées, individualistes et pluralistes, elles sont caractérisées par un processus d'exculturation du religieux, généralement associé à la montée de l'indifférence ou à la subjectivisation du croire. Ce vide culturel et spirituel représente une menace pour la cohésion sociale, car la méconnaissance des religions autorise des interprétations hétérodoxes, fondements d'idéologies construites en opposition à l'éthique collective.Face au défi de l'ignorance religieuse, l'Europe se doit d'œuvrer pour la diffusion d'un esprit de tolérance et de dialogue. En réaffirmant la mission de sociabilisation de l'école et en précisant le statut et le rôle du religieux dans ses programmes, chaque pays optimise la construction et la transmission d'une culture commune, essentielle au vivre-ensemble.
Ce volume poursuit l'exploration du concept de " double " en traduction, entamée dans notre premier recueil consacré à cette thématique (Le double en traduction ou l'(impossible ?) entre-deux, vol. 1, 2011). Certaines approches adoptées dans le premier volume sont ici complétées et approfondies, avec le cas spécifique de l'auto-traduction, l'étude du lien entre écrivain et traducteur ou encore la retraduction poétique. D'autres notions sont également abordées, comme l'intertextualité, l'étranger dans la langue ou la variation engendrée par le lectorat visé (anglais ou américain). Les articles ici réunis, mettant en jeu le couple de langues anglais-français, reflètent une diversité de points de vue et, par leur richesse, montrent à quel point l'idée de " double " en traduction est féconde, par les problèmes qu'elle met au jour, les interrogations qu'elle soulève, mais aussi par les ponts qu'elle établit avec les notions connexes d'" entre-deux ", d'" hybridité " ou de " variabilité ". Le caractère spéculaire de la traduction est examiné sous des angles multiples, qui n'éludent en rien les déformations et écarts constitutifs de la traduction, le jeu et la souplesse indispensables à la création d'un texte, et sont le reflet de la complexité inhérente à cette activité.
Les Cours administratives d'appel constituent une innovation importante. Bien qu'elles ne représentent en droit que des juridictions d'exception, elles traitent de l'essentiel des appels dirigés contre les décisions rendues par les tribunaux administratifs, l'intervention du Conseil d'État restant dans ce domaine limitée. Or paradoxalement la jurisprudence de ces juges " suprêmes " du fait est souvent délaissée. C'est cette lacune que tente de combler ce bulletin, fruit du rapprochement de la CAA de Douai, de la Faculté de droit Alexis de Tocqueville et du Centre Éthique et Procédures.La jurisprudence est divisée en dix rubriques (Procédure, Actes administratifs unilatéraux, Contrats, Responsabilité, Biens et travaux, Fonction publique, Fiscalité, Urbanisme, Environnement et Étrangers) rendant compte de l'activité de la Cour de Douai durant une année. Au sein de chacune des rubriques, les arrêts font l'objet de différents niveaux de commentaire de la part d'enseignants-chercheurs. Les plus importants sont publiés dans leur intégralité et accompagnés d'une note de jurisprudence. D'autres ne font l'objet que d'une publication partielle suivie de simples observations. Enfi n, certaines décisions ne sont que mentionnées.
Numéro 3 L'atelier régional de jurisprudence de la Cour d'appel de Douai (association loi 1901), à l'origine de la publication de ce bulletin, a pour objet d'assurer la diffusion de la jurisprudence de la Cour d'appel de Douai. Le lecteur trouvera dans la deuxième partie de cet ouvrage des informations de nature quantitative correspondant à une approche plus statistique de la jurisprudence de la Cour d'appel de Douai. Figurent dans ce numéro des études relatives à la responsabilité du chef d'entreprise en matière commerciale et pénale, la responsabilité du fait des choses et du fait d'autrui ainsi que les différentes sanctions de l'inexécution du contrat.
Dans ce volume consacré aux relations mutuelles entre "l'Ouest, l'Est, et l'Ouest" en Europe, les auteurs des contributions réunies se sont intérrogés sur l'espression littéraire des sentiments de l'identité nationale dans les littératures balkaniques, sud-est ou centre-européennes, croate, grecque, hongroise, roumaine, serbe, slovène, turque et bulgare, y compris dans leurs dimensions francophones. Le dialogue ouvert a permis de commencer à mieux cerner l'émergence, depuis le XVIII siècle, dans les blakans, d'un noyau de croyances et de convictions communes, favorisées par le rôle des traductions réciproques et par l'évolution des mouvements esthétiques, renouvelées par les phénomènes de résistance et de dissidence et caractéristiques de l'apport des littératures balkaniques à la constitution de la littérature européenne.
A la fin du XIXe siècle, le rapporteur de l'Académie française constatait l'absence de candidat pour son concours, l'Eloge de Rotrou, et notait que désormais la critique s'était substituée à cet exercice autrefois souverain. Depuis, l'acte critique n'a cessé de se développer en affirmant son caractère autonome à l'égard de l'objet traité. Au plan de la transmission scolaire, la remise en cause de la connivence culturelle a fini de briser, du moins en apparence, ce qui restait d'empathie dans l'approche littéraire. Mais les études littéraires conservent-elles la moindre justification lorsqu'elles se fixent pour seule mission de décrire des modes de fonctionnement objectivement repérables, en évacuant les effets dès lors parasites qui viendraient d'un sentiment du beau, d'une effusion ressentie par une sorte d'instinct naturel ou au contraire dans la ligne d'un héritage socioculturel ? Aussi cet ouvrage se propose-t-il de faire rencontrer des auteurs, des critiques, des philosophes et des pédagogues autour de cette idée d'admiration, porteuse en elle-même d'une contradiction puisqu'elle peut se révéler source d'inspiration, mais qu'elle peut aussi conduire au moins provisoirement au silence, à la sidération. Admiration, sentiment qu'éprouve l'âme quand elle est ravie, frappée par les caractères du beau, disent les dictionnaires qui nous rappellent également que notre point d'exclamation peut être dit " point d'admiration ". On voit donc qu'une telle question permet aussi bien une approche historienne, – les âges classiques semblant accorder une place éminente à une admiration quelquefois théâtralement exacerbée – , qu'une approche contemporaine – les modernités entretenant un rapport plus secret, voire coupable, avec un sentiment qui paraît les mettre en défaut.
L'oeuvre de Thomas Bernhard a longtemps été lue comme un monochrome en noir, refl et d'un pessimisme d'inspiration baroque, renforcé par un nihilisme typiquement moderne. Cependant, entre Frost, le premier roman, et Auslöschung. Ein Zerfall, le dernier, une évolution est perceptible, qui va de l'extrême de la douleur au rire et aboutit à la revendication d'une écriture de l'effacement. Que ce soit sous la forme d'un désespoir ressassé dans " une phrase infi nie " ou encore d'une exagération délibérément grotesque et " carnavalesque ", l'oeuvre de Thomas Bernhard s'est toujours accompagnée de scandales et autres perturbations de la vie publique autrichienne. En cultivant savamment ceux-ci, Thomas Bernhard dépasse la simple recherche de l'effet et tire d'une sensation qui est la condition de l'émergence de l'oeuvre, une capacité à irriter, à arracher à l'indifférence et, par là, à une menace de mort. L'irritation saisit dans la réactivation permanente de son origine, la possibilité d'élaborer un art de l'irritation. Esthétiquement, celui-ci détermine une écriture unique et originale. Mais sur le plan éthique surtout, l'évolution de l'oeuvre reflète la possibilité tirée à l'art de l'irritation de s'opposer au monde, de s'affi rmer enexistant contre lui. L'écriture de l'effacement, tout en portant les stigmates du nihilisme, montre la voie d'une existence possible dans une attitude d'opposition permanente au monde. Endossant les crises de la modernité, l'irritation telle que Thomas Bernhard la pratique, propose un art d'exister qui, loin de se satisfaire de reproduire le nihilisme partout constaté, tente d'y faire pièce sans l'occulter ou le nier, transformant ainsi un ars moriendi en modus vivendi.
Le présent ouvrage cherche d'une part à mettre à plat plusieurs des analyses du caractère opportun ou non de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne et tend, d'autre part, à exposer dans une démarche sereine et constructive les secteurs dans lesquels les efforts de la Turquie, efforts accomplis et à venir, sont porteurs pour l'Europe. Son approche, résolument dynamique, vise non pas à entrer dans les controverses à court terme mais à souligner le caractère fondamental du projet européen de sécurité élargie. Ce projet ne renvoie à l'évidence pas au seul dossier turc, mais ce dernier ne peut pas non plus être exclu du débat que l'Europe doit en permanence entretenir vis-à-vis d'elle-même. Quant à sa forme, cet ouvrage rassemble à parité des universitaires turcs et français, et la qualité de ce partenariat scientifi que devrait contribuer au développement et à l'harmonie du dialogue entre l'Europe et la Turquie.
Une brillante carrière, le jeu brillant du pianiste ou du comédien, on sait à peu près ce que c'est… Une espèce de perfection est là, immédiate, inespérée, et dans l'aisance qui se joue des obstacles et des pesanteurs, l'évidence d'un plaisir rare… Mais qu'est-ce qu'un écrivain brillant ? Ce recueil, qui rassemble les contributions offertes au Professeur Pierre Malandain, se propose d'interroger, entre royauté de l'esprit et couronnement du style, les liens qui unissent le brillant et la littérature, et d'explorer, dans l'aventure des œuvres et de leurs publics, ce qui a comme vertu particulière – et finalement déroutante – de " se manifester " avec éclat.
" Un changement de lecteur, écrit Paul Valéry, est comparable à un changement dans le texte même ". Dans cette perspective, le critique est sans doute un lecteur qui produit ou qui tente de produire un changement encore plus fort, accomplissant un geste comparable à celui du musicien lorsqu'il exécute une partition. Nous parlons donc de " manières de critiquer " parce que nous sommes devant un art de faire. Ces manières de critiquer sont composites, voire contradictoires. Quelle posture, quelle représentation de soi du critique, pris entre la " mise en crise " (Roland Barthes) et la sympathie thématique (Bachelard), mais écrivant toujours son oeuvre par rebond. Les contributions sont ordonnées en trois temps : les cinq premières présentent divers aspects du critique, de l'érudit médiéval à l'écrivain-critique qui, comme Valéry en France ou Eliot dans le monde anglo-saxon, va parfois jusqu'à triompher dans le champ universitaire ; les cinq suivantes portent davantage sur des méthodes tandis que le dernier ensemble offre, sous la double forme d'articles et d'entretiens, sept réfl exions sur des pratiques variées, journalisme, critique " créatrice " des revues, expériences singulières de critiques-écrivains, dont le point commun est de porter sur la littérature en train de se faire.
Le droit des installations classées s'est affirmé ces dernières années comme une législation pilote pour l'environnement industriel. Le colloque consacré par la Faculté Alexis de Tocqueville aux évolutions récentes de la matière, dont les actes sont ici réunis, a permis de vérifier l'ampleur de ce mouvement ; passant en revue l'actualité réglementaire du droit des ICPE (1ère partie), sans ignorer la contradiction des intérêts qu'il tend à concilier (2e partie) et les difficultés inhérentes à sa sanction juridictionnelle (3e partie), universitaires et praticiens livrent avec ce cahier scientifique un regard contemporain et actualisé sur l'une des plus anciennes polices environnementales.
Les textes ici rassemblés soulignent les bonheurs et les confl its engendrés par le contact des langues et cultures dans l'oeuvre de l'Américaine de culture yiddish Cynthia Ozick, du Californien d'origine arménienne William Saroyan, de la Canadienne bilingue Nancy Huston, de l'Indien errant Salman Rushdie, de quelques auteurs chinois férus de littérature occidentale. On lira aussi les propos échangés par les écrivains invités, l'Américain Jerome Charyn et le Turc Nedim Gürsel, tous deux installés à Paris depuis de longues années. L'expérience de l'exil – exil forcé, exil volontaire – place l'écrivain à la frontière des langues. Certains écrivains choisissent de s'exprimer dans la langue du pays d'accueil. D'autres, malgré des années d'exil, et parfois une réelle compétence dans la langue étrangère, restent fi dèles à leur langue. D'autres encore, ayant grandi dans le bilinguisme, veulent traduire leur double identité.
On a souvent mentionné le patriotisme exacerbé des catholiques aux États-Unis. Il est vrai que le souci des évêques américains de souligner les convergences entre la doctrine catholique et la destinée américaine les a souvent amenés à s'abstenir de toute critique à l'égard de la politique de leur gouvernement. Ils s'efforçaient ainsi de prouver à la société protestante environnante et au Saint-Siège que l'on pouvait être à la fois un bon catholique et un citoyen américain loyal. Cependant, en 1983, la hiérarchie catholique américaine publia une lettre pastorale, Le défi de la paix : la promesse de Dieu et notre réponse, qui parut révolutionnaire par l'audace des idées ainsi que par la forme des débats qui avaient précédé sa rédaction. Cette étude se propose donc de montrer que la volonté des évêques de se présenter comme la conscience morale et religieuse de la nation était le résultat à la fois des changements apportés au sein du catholicisme par le concile Vatican II et du développement aux États-Unis, notamment sous l'impulsion du Mouvement catholique ouvrier, d'un vaste courant en faveur de la paix et de la justice sociale. Cet ouvrage s'interroge également sur les possibilités de l'Église catholique américaine d'évoluer désormais vers une attitude de plus en plus prophétique face à la guerre et à la violence, sans toutefois se retirer des " affaires de la cité ".
À quoi pense la littérature ? À ses lecteurs, si l'on en croit les diverses théories critiques qui ont mis en valeur la fonction interprétative de la lecture littéraire. Encore faut-il donner à cette fonction sa juste dimension : l'application intempestive ou complaisante des modèles de la réception et les simplifi cations théoriques qui en ont découlé ont pu laisser croire à la prééminence du Lecteur. Nous nous sommes plutôt proposés d'examiner comment la littérature cherchait à se faire entendre : la question de l'adresse que les oeuvres elles-mêmes ne cessent de se poser a paru pouvoir rendre compte des formes et des signifi cations du " discours " littéraire.À travers des places jamais fixées, et dans un jeu de tensions qu'éclairent à la fois le cadre théorique des genres, la situation institutionnelle de l'écrivain et les méandres imprévisibles des textes, ce " discours " reconfigure inlassablement la relation des oeuvres et de leurs publics.
Quelle image avons-nous de nous-mêmes et des autres ? Notre image des autres at-elle une influence sur notre image de nous-mêmes ? Notre image de nous-mêmes ne serait-elle pas conditionnée par notre image des autres ? Cet ouvrage tente de répondre à ces questions en se concentrant, non tant sur la France que sur l'image dont elle a pu jouir, et jouit encore aujourd'hui à l'étranger, au sein d'une réflexion sur la construction des identités nationales et sur le rôle des préjugés. Les lecteurs pourront comparer l'attitude de différents pays (Grande-Bretagne, Allemagne, Autriche, Espagne, Italie, Algérie, Pays-Bas) à une même époque (du XVIIe au XXe siècle) et dégager ainsi les constantes et les différences. La variété des exemples proposés permet d'aborder cette problématique sous diverses perspectives : en comparant l'expérience personnelle des écrivains internés ou exilés en France ainsi qu'en s'interrogeant sur l'attitude des gouvernements ou de groupes culturels en quête d'une identité propre. Le choix de différents supports, presse, littérature, peinture, discours politiques, textes constitutionnels, permettra de comparer les traitements de l'image de la France. Et restituant ces attitudes dans leur contexte socioculturel, cet ouvrage tente de dépasser le simple constat des sentiments duels qu'inspire notre pays pour analyser cette fascination parfois source de haine, cette détestation souvent empreinte de fascination qu'a suscité, et que suscite encore la France au fi l de son histoire.
Le sens est un théâtre où le spectateur est son propre metteur en scène : c'est un paysage peuplé de valeurs culturelles et naturelles, qui demeure tributaire de l'action pratique. Au gré des auteurs de ces essais, les sciences de la signification peuvent apporter une contribution décisive à la construction d'un modèle théorique cohérent démontrant le caractère productif de l'action et incluant la référence interprétative à une norme. Les sciences du langage, la sémiotique littéraire, les sciences de l'information et de la communication, la sociologie des arts du spectacle se présentent dans cet ouvrage comme les facettes d'une seule et même réflexion interdisciplinaire dans laquelle elles construisent un objectif commun. L'ouvrage s'adresse ainsi aux chercheurs confirmés en sciences humaines et sociales, mais aussi à tous ceux qui recherchent une solide modélisation pour la description lors de l'analyse. Les uns trouveront les résultats inédits de la recherche en cours dans l'un des domaines les plus féconds des sciences de la signification, les autres bénéficieront de modèles déjà formalisés non triviaux et quasiment inexploités.
Les spécialistes admettent généralement que le centre de gravité du genre " fantastique " s'est déplacé au cours du XXe s., par rapport aux textes reconnus comme fondateurs. Ce sont aujourd'hui les lettres hispano-américaines qui fournissent les maîtres du genre. Ceux-ci revendiquent, entre autres, leurs lectures allemandes. Les études rassemblées dans ce volume voudraient éclairer, à travers parallèles et rapprochements, ces intertextualités. Elles présentent en outre cette originalité de regarder le fantastique comme une catégorie esthétique à part entière et d'envisager par conséquent son expression non seulement en littérature, mais aussi dans les domaines de la pensée scientifique, de la réflexion métaphysique ainsi que dans l'Art en général – musique, peinture, architecture. Ce volume s'enrichit, ici, de contributions originales dues aux créateurs eux-mêmes, Dominique Fernandez, sur les traces de Dumas, Jean Guillou à l'écoute de l'orgue, Ferrante Ferranti en promenade dans les jardins de la villa palagonia…
Longtemps frappée du soupçon où l'avait plongé le discrédit de la critique biographique, la question du sujet en littérature connaît désormais un regain d'intérêt. Elle accompagne l'essor des écritures personnelles qui, à la suite de la redécouverte de l'autobiographie dans les années 70, voit aujourd'hui la renaissance des études épistolaires. La Lettre, instrument de correspondance et forme littéraire bien représentée aux XVIIe et XVIIIe siècles, offre à cette question du sujet un champ d'une remarquable richesse. Dans ce volume, le " Je " apparaît tour à tour incertain ou glorifié, exclusivement singulier ou secrètement pluriel, mais toujours construit : son image se donne à lire dans la façon dont le sujet investit l'écriture de la passion, de la polémique, de la politique, de la philosophie ou de l'autobiographie. Guilleragues, Guez de Balzac, Voltaire et Rousseau sont ici convoqués pour comprendre les règles de la communication épistolaire et la façon dont le Je de la lettre les met en œuvre ou les transgresse, pour le plus grand bonheur de la littérature.
Après s'être penchés sur la " La conversion comme question pour l'historien ", les auteurs ont choisi de mettre l'accent sur le moment du passage de l'incroyance à la foi ou d'une foi à une autre, voire d'une foi à l'incroyance. Ces conversions sont aussi souvent l'aboutissement de véritables itinéraires intellectuels et spirituels que d'infl uences externes. Certaines époques furent plus que d'autres marquées par un nombre élevé de conversions ; ce fut le cas de la fi n du XIXe siècle ou des années de l'Entre-deux-guerres, notamment dans les milieux intellectuels. Toute une série de pistes sont ici suggérées et offertes à des travaux ultérieurs.
Il fut à la fois un Prince de l'Eglise, côtoyant les grands de ce monde, de Napoléon à Louis-Philippe, les papes successifs et une liste impressionnante de ministres. Haut fonctionnaire au service de sept gouvernements qu'il informa dans les moindres détails de la situation de son diocèse, il n'est pas moins un homme de Dieu et un pasteur, s'attachant à former un clergé pieux et instruit au service du peuple chrétien. M.-R. Millot a dressé dans ce livre un inventaire d'archives presque uniques nous invitant à découvrir l'activité intense de ce grand prélat dans un diocèse de grande importance au cours d'une période agitée.
Les aspects politiques, militaires, économiques et géographiques de la Première Guerre mondiale sont à présent bien connus, mais la rupture qu'a signifiée le déclenchement des hostilités en 1914 atteint également les domaines de la pensée, de la littérature et de la conscience des peuples engagés dans le conflit. Dû à une douzaine de chercheurs, germanistes ou historiens, cet ouvrage est consacré aux composantes philosophiques de ce qu'on a appelé, non sans raison, la " guerre des esprits " et à la mise en forme littéraire des diverses images de la guerre. Dans la première partie, six études novatrices, étayées par des documents inédits ou non encore étudiés, rendent compte de l'attitude des écrivains et des intellectuels allemands et français qu'elles replacent dans le contexte des grands débats idéologiques de l'époque. Contraints d'intégrer le thème de la guerre dans leur œuvre, romanciers et poètes ont tenté d'opposer à l'horreur du champ de bataille un traitement esthétique de ce thème lorsqu'ils n'ont pas magnifié le combat. La seconde moitié de l'ouvrage montre, à partir d'analyses de textes fondamentaux, comment s'est opérée la rencontre entre l'histoire littéraire et l'actualité guerrière et apporte des réponses inédites à l'épineuse question de sa fécondité.
Un Boulonnais issu de la petite noblesse, Gabriel Abot de Bazinghen, a tenu de 1779 à 1798 un journal personnel précieusement conservé dans les archives privées de la famille de Rosny. Jusqu'en 1789, il nous permet de mieux appréhender la vie quotidienne dans une petite ville de province. Soudain le grand souffle de la révolution en marche vient tout animer. Car notre " gentilhomme campagnard ", par ailleurs solidement implanté en ville, est un adepte de la philosophie des Lumières, un franc-maçon. Il s'enthousiasme pour la réforme, rédige le cahier de doléances de la noblesse boulonnaise, s'implique dans la Révolution légale, adhère à la Société des Amis de la Constitution, est élu maire de Saint-Martin-Boulogne, juge de paix, et achète des biens nationaux. Il condamne durement le clergé réfractaire et les émigrés. Vient la Terreur. Le ci-devant de Bazinghen est jeté en prison avec sa famille, voit la mort de près. Sa libération est " le plus beau jour de sa vie ". Désormais son engagement personnel est très limité, mais il reste un adepte des principes et des acquis de 1789. Malade, il décède en 1798. A travers ces pages passionnantes, réfléchies, présentées et commentées par des historiens, revit un destin original, celui de Gabriel Abot, mais aussi celui de toute une génération confrontée à de grandes mutations.