La littérature orale use de l'écrit comme d'un marqueur d'altérité culturelle. À la fascination de l'écrit, sa légitimité, son autorité factuelle (un fragment de lettre peut suffire pour prouver son identité au marin ou au soldat que la belle n'attendait plus...) correspond souvent une réelle défiance à l'encontre de la communication à distance, in absentia. C'est en effet dans la présence active et affective des corps et des visages qu'une civilisation de l'oralité prouve et éprouve la réalité des relations humaines et de son rapport au monde : " Aux amours, il ne faut point de lettres... ". Le volume s'interroge sur le statut de ces références voire de ses révérences (parfois ironiques et ambivalentes) à la culture écrite en régime d'oralité, aussi bien dans les récit ...
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Danielle Bohler, " L'armoire de la mémoire : la parole enclose " ;
Jean-Marie Privat, " Jean Bête et Jean Alphabète " ;
Marie-Christine Vinson, " Tibili ou l'empire de la littératie " ;
Michel Valière, " Au seuil de l'écrit, au seuil de l'oral " ;
Nicole Belmont, " "Elle ne peut lire une seule lettre". Approche d'un malentendu " ;
Sylvie Mougin, " "Sans papier et sans encre" : la lettre représentée dans la chanson de tradition orale " ;
Vivian Labrie, " D'écrits et d'écrans dans les contes ".
Comptes rendus
La littérature orale use de l'écrit comme d'un marqueur d'altérité culturelle. À la fascination de l'écrit, sa légitimité, son autorité factuelle (un fragment de lettre peut suffire pour prouver son identité au marin ou au soldat que la belle n'attendait plus...) correspond souvent une réelle défiance à l'encontre de la communication à distance, in absentia. C'est en effet dans la présence active et affective des corps et des visages qu'une civilisation de l'oralité prouve et éprouve la réalité des relations humaines et de son rapport au monde : " Aux amours, il ne faut point de lettres... ". Le volume s'interroge sur le statut de ces références voire de ses révérences (parfois ironiques et ambivalentes) à la culture écrite en régime d'oralité, aussi bien dans les récits médiévaux que dans le conte traditionnel ou la chanson folklorique, ou encore dans l'imagerie pédagogique et dans l'imaginaire numérique très contemporain. À travers toutes les réflexions du volume, c'est aussi la mémoire, entre oralité et écriture, qui est explorée, y compris dans la crainte médiévale du " livre oublié ", ou encore dans les fantasmes des collecteurs de littérature orale en quête d'une parole inouïe et littéralement analphabète.