" L'orgue joue ", dit-on souvent, en oubliant que derrière les buffets de ces instruments et derrière leurs tuyaux impressionnants, un musicien œuvre dans l'ombre, tissant ensemble les notes et les sons, façonnant dans l'acoustique une voie pour la musique. A l'écart des scènes de concerts, dans les hauteurs des églises, les organistes s'effacent d'autant que la présence de leur instrument s'impose. Qui sont ces musiciens méconnus, ces artistes de l'invisible que l'on entend mais que l'on ne voit pas?Ce livre est une invitation à grimper les marches des tribunes et entrer dans l'univers insoupçonné des organistes. Il s'appuie sur une enquête de terrain menée en France ainsi que sur des récits de vie qui, mis en échos, révèlent la trame initiatique de l'apprentissage de cet instrument singulier qu'est l'orgue. Comment devient-on musicien lorsqu'on joue d'un instrument caractérisé par sa démesure, à l'écart du monde de la musique, dans l'intimité des églises? Au fil des pages, l'auteur, ethnologue, rend sensible la nécessaire et délicate transformation des apprentis-organistes en musiciens accomplis, depuis la découverte de l'instrument jusqu'à sa maitrise, qui est aussi celle de la passion qu'il suscite.A la croisée d'une ethnologie contemporaine de la musique et des savoirs, comme par le recours à l'histoire, cet ouvrage rend compte des mutations profondes qui, dans une société sécularisée, modèlent le devenir de celles et ceux qui choisissent la voie des orgues.
Qui n'a pas surpris un jour le Ventoux à tressaillir de ses plissements dans la lumière rasante du crépuscule? Qui ne s'est pas arrêté au pied de cette montagne pour admirer la couleur fauve des vignes, le doré des hêtres, le rouge des cerisiers, le feu des érables en automne?Qui n'a pas été giflé sur la calotte sommitale par le mistral hurlant?Ce Ventoux qui reste en changeant, qui change en restant, est le personnage unique de ce livre. Franck Petit habite au pied du Ventoux, il retrace l'histoire du " Géant de Provence ", un lieu de contrastes, que les artistes, les naturalistes, les sportifs et les touristes se plaisent à découvrir, à grimper et à décrire.
Les territoires connaissent un foisonnement d'initiatives et de projets variés qui mettent en évidence l'importance des proximités et une autre approche des ressources. La proximité géographique ne suffit pas pour définir sa dimension territoriale. C'est dans les maillages, les collaborations formelles et informelles, dans la vivacité des pratiques démocratiques locales et dans le sens que les acteurs donnent collectivement au devenir du territoire, qu'émergent les proximités organisées et territorialisées. Ces construits sociaux tentent de valoriser les atouts et potentialités d'un territoire dans leurs dimensions marchandes et non marchandes pour envisager une spécification des ressources. Plus les individus et les groupes se mobilisent selon des formes en perpétuel renouvellement et en s'appuyant souvent sur des rhizomes relationnels complexes, plus ces socio-systèmes activent leur créativité, leur imagination, les rencontres et débats d'idées et font émerger des ressources inattendues et inédites. C'est en activant ces potentialités innovantes et créatives que ces maillages de proximités tendent à révéler des ressources spécifiques à un territoire. De par la diversité des exemples et des réflexions, cet ouvrage montre que les proximités et les ressources territoriales peuvent être au cœur de territoires créatifs.
La boxe est un affrontement à l'Autre dont l'enjeu dépasse les seules limites du gymnase. Jérôme Beauchez l'a compris en transpirant avec les boxeurs, dont il a partagé les entraînements et recueilli les récits de vie. Décrivant l'expérience du face-à-face dans toutes ses dimensions, l'auteur montre les visages de l'adversité tels qu'ils apparaissent aux combattants.Les existences de ces hommes issus des quartiers populaires et de l'immigration sont vécues à l'intersection des dominations. Boxer équivaut dès lors à résister; un geste dont la capacité des corps à " encaisser " les coups et en donner ne constitue qu'un aspect. Car il y a un au-delà du corps à corps, dans la quotidienneté des luttes contre le racisme ordinaire et la disqualification sociale. Au plus près de la rudesse charnelle des combats se révèlent ainsi toutes ces épreuves qui légitiment celle du ring et creusent l'empreinte du poing.· Le récit des existences et des raisons des engagements des boxeurs sur le ring· Un auteur qui a éprouvé dans sa propre chair les étapes de la formation au combat· Sur l'idée de revanche sociale" Devenu l'un d'entre eux, j'ai commencé par m'engager dans les activités du gymnase de sorte à éprouver dans ma propre chair les étapes de la formation au combat. Entre France, Allemagne et Luxembourg, j'ai ensuite fréquenté nombre de galas: ces soirées de boxe dont les affrontements en public ponctuent la vie des pugilistes. J'ai pu dépasser le seul cadre de la pratique pour accéder au récit des existences et aux raisons des engagements sur le ring. "
En dépit du flou qui l'entoure, utiliser le terme de mémoire s'agissant de l'immigration semble aujourd'hui aller de soi. Qu'en est-il du patrimoine de l'immigration ? Le patrimoine apparaît-il quand la mémoire sort de l'espace privé pour entrer dans le domaine public ? Est-il une forme cristallisée et institutionnalisée de la mémoire ? Est-il soluble dans la mémoire ? Au-delà d'une indispensable clarification des termes, s'interroger sur l'articulation mémoire, patrimoine et immigration nécessite d'en comprendre les enjeux dans le débat public. La patrimonialisation ne peut être regardée indépendamment ni des attentes et des luttes pour la reconnaissance des immigrés, ni de son usage par les pouvoirs publics comme instrument de pacification.Des enquêtes menées dans le sud-ouest de la France, dans le Centre, en Lorraine, en Franche-Comté ou encore à Paris et à Nanterre analysent le regard des acteurs de la mémoire de l'immigration (associations, artistes, chercheurs…), questionnant les rôles et les stratégies développées par chacun et bousculant nos cadres d'interprétation.
Alimentation végétale et agriculture au Néolithique
Depuis une douzaine d'années, plusieurs fouilles archéologiques dans les Alpes françaises du Nord ont révélé la présence de macrorestes végétaux, dont de nombreuses graines carbonisées de plantes sauvages et cultivées. Cet ouvrage présente l'étude des vestiges botaniques (ou carpologie) de quatre sites alpins. Il s'agit en Isère, de l'abri-sous-roche de la Grande-Rivoire dans le Vercors et de l'abri-sous-bloc ALP 1 dans la Chartreuse; en Savoie, du site de plein air du Chenet des Pierres en Tarentaise et de la grotte des Balmes en Haute-Maurienne. Ce livre a pour but de montrer comment les communautés humaines, il y a plus de 6000 ans, tiraient profit de leurs ressources végétales, cultivées ou sauvages, pour subvenir à leurs besoins. Dans cette région aux biotopes variés et étagés, les céréales constituent la base de l'alimentation humaine, et sont probablement cultivées en altitude. La cueillette est pratiquée sur un large territoire, couvrant plusieurs étages de végétation. L'analyse carpologique de niveaux de bergerie nous permet de comprendre la façon dont les Hommes géraient les ressources végétales pour l'entretien du bétail. Plusieurs taxons, comme les céréales, le sapin, le gui et l'if sont reconnus pour leur usage vétérinaire et sanitaire. Enfin les données carpologiques contribuent à la compréhension de la fonction et de l'occupation des sites au sein du territoire alpin, ceci en fonction de la production et/ou de la consommation de plantes cultivées, d'un apport de la plaine ou encore de l'importance de la cueillette.
Jean-Baptiste Grison emprunte à tous les registres de la discipline géographique pour aboutir à une étude concernant le statut ainsi que les capacités des plus petites collectivités territoriales, faisant l'objet d'un débat récurrent depuis des d
Le présent volume est le fruit des recherches du groupe " Culture et histoire dans le monde luso-hispanophone " dans le cadre du Contrat quadriennal 2009-2012 de l'Équipe d'Accueil Romania (EA 3465). Il recueille les communications du colloque international " Emprunts et transferts culturels dans le monde luso-hispanophone : réalités et représentations ", organisé les 27 et 28 mai 2010, à l'Université Nancy 2. Ce colloque a abordé l'étude des emprunts et des transferts culturels dans le sens de l'Europe vers la péninsule Ibérique, ainsi que vers l'Amérique latine. À travers les échanges commerciaux, les voyages, la christianisation, les manifestations artistiques et culturelles ou encore le mouvement des idées, les pays d'Europe ont apporté des savoirs et ont constitué des modèles, souvent dans une libre interaction, parfois aussi imposés par la force, comme ce fut le cas lors de la conquête du Nouveau Monde ou des guerres d'annexion. Tout transfert implique un véritable transport d'un lieu à un autre, le lieu d'origine pouvant servir de modèle ou, au contraire, de repoussoir. Le transfert ne s'opère que si un certain nombre de conditions sont rassemblées. La culture réceptrice sélectionne les apports extérieurs en fonction de ses pierres d'attente et les transforme pour répondre à la problématique locale. Ainsi, depuis la Conquête, l'Espagne a imposé sa marque culturelle sur l'Amérique latine hispanophone. Dans le roman historique en Espagne et au Portugal, les modèles européens se sont adaptés aux demandes de la société elle-même et aux préoccupations de ses écrivains comme réponses aux questions qui accompagnaient le système politique libéral. La culture introduite par les colons espagnols fut adoptée et transformée par les populations locales en fonction de leur vision du monde. Durant tout le XIXe siècle, la France a constitué un modèle pour les intellectuels de la péninsule Ibérique et de l'Amérique latine. Cette influence s'est poursuivie au XXe siècle, notamment dans les années vingt, où Paris devint le lieu de rencontres et d'échanges incontournable pour l'intelligentsia. Récemment encore, l'Espagne a mis à l'honneur des auteurs français, comme Boris Vian.
Pratiques de bergers entre agri-environnement et prédateur protégé
Ce livre se fait l'écho du conflit très médiatisé qui oppose, depuis 1992, le monde du pastoralisme aux protecteurs de ces prédateurs. Sur la base d'une documentation très détaillée, résultat de plusieurs années d'enquêtes auprès d'éleveurs, de bergers et de nombreux acteurs des territoires montagnards, l'auteur montre toute la complexité de la proximité entre les troupeaux domestiques et les loups, animaux sauvages intégralement protégés par la convention de Berne. Ce texte ratifié, alors qu'ils avaient disparu du territoire national, engage les pouvoirs publics à leur sauvegarde. Mais dans le même temps, l'État reconnaît officiellement le rôle du pastoralisme sur l'environnement : entretien de l'espace, prévention des risques d'avalanche ou d'incendie, protection d'espèces emblématiques…Autrement dit, les loups comme les moutons ont leur place. Or les attaques de loups affectent considérablement le pastoralisme au quotidien et les mesures de protection proposées par l'État remettent en cause ce qui jusque-là était considéré comme " les bonnes pratiques " des bergers. L'auteur est convaincu de la nécessité de mettre en œuvre une politique de gestion active de ces prédateurs pour une coexistence pacifiée entre pastoralistes et protecteurs des loups. Il définit les bases de ce qu'il appelle la " lupotechnie ", et nous emmène sur les chemins de la transhumance provençale qui conduisent bergers et brebis de la plaine de Crau au parc naturel régional du Queyras. Loin de tout folklore archaïsant, il rend compte de la singularité de cette phase d'élevage à la fois difficile et indispensable en présentant le métier de berger d'alpage, dont les conditions de travail et de vie sont finalement assez méconnues.Il s'adresse à des spécialistes de la question : chercheurs en sociologie de l'environnement ou en gestion de l'élevage et institutions chargées de ce dossier sensible. Mais son ouvrage intéressera aussi des lecteurs curieux de mieux comprendre les enjeux environnementaux de l'agriculture.
Observées dans les villages du Lot et décrites d'une plume alerte et sensible, les manières de fleurir sont communes à toutes les provinces françaises. La plus ancienne correspond au modèle paysan, qui ignore la séparation des fleurs et des légumes et se fonde sur l'échange et le don avec les voisins. Le modèle fleuri, forgé par les concours, prévaut aujourd'hui dans les jardins privés comme dans l'espace public. Le plus récent est le modèle dit " naturel ", celui des amateurs de plantes vivaces, adeptes de la biodiversité. Il est encore le fait d'un petit nombre, mais il est adopté depuis peu par l'institution qui préside aux concours de fleurissement. Une institution dont Martine Bergues retrace l'histoire – jusqu'ici inédite – et dont elle analyse le fonctionnement et les ressorts idéologiques, tout en soulignant le rôle des professions horticoles et paysagistes dans l'évolution de la palette végétale et dans l'art de la mise en scène florale.
Les hommes doivent assurer leur subsistance, ils ne peuvent pas ne pas défricher, et ils le font depuis le Néolithique. Seulement, la mise en culture du sol et la sécurité alimentaire qu'elle procure ont depuis lors une contrepartie, son exposition à l'érosion, et cette mince pellicule meuble qui sert de support aux cultures peut être détruite plus vite qu'elle ne se régénère. L'érosion des sols, qui va à l'encontre d'une agriculture durable, n'est pas un risque nouveau. Platon y faisait déjà allusion. Elle prend des formes multiples et diverses. Elle pénalise de plus en plus lourdement, depuis quelques décennies, les efforts de développement de l'agriculture de nombreux pays du Sud. Plus récemment, elle a fait sa réapparition dans les terres de grande culture de l'Europe de l'Ouest, où elle s'accompagne d'écoulements boueux à travers les villages qui constituent une nuisance fortement médiatisée. S'agissant des siècles et des millénaires passés, la question se pose, en présence d'indices concordants d'un emballement passager de la morphogenèse, comme dans le cas de la torrentialité alpine, de déterminer s'il faut incriminer un appesantissement des contraintes que l'utilisation du sol par les sociétés rurales fait peser sur lui ou un surcroît temporaire d'agressivité lié à la variabilité naturelle des climats, ou leur conjonction.La seconde édition de cet ouvrage, paru en 1983 et réédité en 1991, s'étant épuisée, il fallait envisager une mise à jour qui tiendrait compte, à la fois, des développements en cours d'une réalité morphologique changeante et des corrections apportées par la recherche aux grilles de lectures des évolutions présentes et passées. On s'est efforcé, dans cette troisième édition, dont le texte a été profondément remanié, de conserver l'esprit dans lequel les deux précédentes avaient été conçues et rédigées, celui d'une approche culturelle.
Larves nichées dans les emballages plastiques de la grande distribution, espaces balnéaires saturés par des algues ou de la vase... Raréfactions et proliférations du vivant font tout à la fois de l'homme un péril pour la nature et de la nature un péril pour l'homme. Le passage permanent du rare au prolifique réoriente les regards jetés sur la nature. Les invasions biologiques redéfinissent nos rapports à la science, à la société et plus largement au monde, alors que leurs manifestations sont souvent souterraines ou microscopiques. Elles ont pour conséquence de rediscuter l'agencement de nos frontières (nature/culture, sauvage/domestique, rural/urbain), la gestion de l'environnement, et les logiques de la biodiversité.