Le monde est plein de dangers : crise économique, chômage, incivilités, délinquance, crimes, guerre et conflits, problèmes de santé publique, sécurité nucléaire, changements climatiques, extinction d'espèces… Mais les risques, nous dit-on, sont maîtrisables. On les quantifie, on les prévoit, on les évite, on légifère et on cherche à s'en protéger. Pourtant nous avons peur, la menace est là : elle se diffuse, s'installe, s'amplifie et crée un climat social inquiétant. Notre capacité à anticiper le danger – pourtant si utile à notre adaptation – devient encombrante : dans ce climat social anxiogène, nous anticipons des menaces partout et, pire encore, nous avons le sentiment de ne pas disposer de ressources suffisantes pour faire face. Nous laissons alors souvent pour des temps meilleurs ou à d'autres, plus " courageux ", le soin de relever les défis. Au-delà de l'engouement médiatique qu'il suscite, le concept de menace offre un cadre de réflexion scientifique socialement utile. Plus englobant que le risque, la menace renvoie à la fois à un sentiment diffus, à l'anticipation de conséquences négatives qu'on ne sait nommer avec certitude mais que l'on pressent, et à une évaluation concomitante d'une certaine impuissance à y faire face. La psychologie sociale, dont la spécificité tient au regard qu'elle porte sur l'individu et la société, a d'ores et déjà initié une réflexion autour de ce concept. Elle s'appuie sur des études empiriques qui répondent aux problématiques sociales actuelles et fournit ainsi un cadre d'analyse et d'interventions qui retiendra l'attention des chercheurs, étudiants et professionnels impliqués dans la compréhension et la gestion des menaces.