Le patrimoine de la Tunisie, d'une incroyable richesse, est tout autant constitué de vestiges archéologiques puniques, romains, byzantins que de monuments de la période islamique. Ces monuments, dont certains sont aujourd'hui protégés au titre de monuments historiques voire inscrits sur la liste du patrimoine de l'Unesco, ont d'abord suscité la curiosité des explorateurs et voyageurs du XIXe siècle puis l'intérêt des savants européens et des autorités coloniales françaises. L'histoire de ces monuments et de leur patrimonialisation prend ses sources au bien avant la colonisation mais c'est au début du protectorat que sont fondées les institutions modernes, à l'origine de l'actuel Institut national du Patrimoine de Tunisie. En 1885, est ainsi créé le Service des antiquités et des arts sous l'égide du ministère français de l'Instruction publique et de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, pour gérer le patrimoine du pays. Le Service des antiquités prend dès lors en charge l'étude, la sauvegarde, la restauration et la mise en valeur du patrimoine du pays jusqu'à l'indépendance. Pour ce faire, cette administration s'appuie sur une législation patrimoniale novatrice et encadre la création du musée Alaoui, aujourd'hui plus connu sous le nom de musée du Bardo. Cet ouvrage s'attache à retracer l'histoire de ces institutions patrimoniales en montrant comment se sont engagées la patrimonialisation, l'étude, la sauvegarde et la mise en valeur des différentes catégories de monuments entre 1881 et 1920. L'auteur montre comment un large éventail d'acteurs, constitué de fonctionnaires, de scientifiques, d'écrivains, de voyageurs, d'associations et de sociétés savantes, a pu participer à élever des sites tels que ceux de Carthage, de Dougga ainsi que les médinas tunisiennes au rang de patrimoine.