Peu avant 1200, alors qu'émerge une pensée originale de la Nature au croisement de la théologie chrétienne et de la philosophie gréco-arabe, une nouvelle forme de décor commence à se répandre dans la sculpture et les vitraux des églises comme dans les arts précieux. La tradition des artistes médiévaux avait emprunté bien des motifs à la Nature comme aussi à l'art de l'Antiquité, mais en les soumettant à d'infinies transformations stylistiques. Au XIIIe siècle surgissent sous la main des artistes arbres, fleurs et surtout feuilles imitant des formes naturelles scrupuleusement observées. Le style "naturaliste" éclos en France, greffé sur les édifices du Gothique rayonnant, a ensuite été disséminé en Europe pendant un bon siècle. Profondément ancré dans les grands chantiers de l'époque gothique, ce mouvement fut pourtant éphémère: dès le tournant du XIVe siècle, il en sortit de nouvelles stylisations, longtemps répétées jusqu'à ce que les artistes de la Renaissance, à leur tour, se mettent à l'école de la Nature. Neil Stratford invite tous ceux qu'intéressent les monuments et l'art du Moyen Âge à explorer cette saison méconnue à travers une riche sélection d'œuvres, commentées de près sous les regards croisés de l'historien et du botaniste.
Fernand Braudel, grand historien du xxe siècle, a profondément renouvelé notre manière de penser l'histoire, les sciences sociales et le monde." L'histoire n'est peut-être pas condamnée à n'étudier que des jardins clos de murs. Sinon ne faillirait-elle pas à l'une des tâches présentes, qui est aussi de répondre aux angoissants problèmes de l'heure ", écrit-il en mai 1946, dans la préface de La Méditerranée. Bien connu de ses lecteurs, c'est sur des cahiers d'écolier entre les murs d'un Oflag où il est prisonnier qu'il écrit ce grand texte. Ce que l'on sait moins, c'est qu'au même moment il prononce devant ses codétenus L'Histoire, mesure du monde, une série de conférences, long plaidoyer en faveur d'une forme d'histoire, la recherche d'une méthode pour s'écarter des remous créés par les évènements et se concentrer sur une histoire profonde (la longue durée) ; pas seulement celle du passé, mais celle qui mène à la connaissance de la condition humaine. Pour cela l'histoire ne peut se passer des autres sciences, aussi insiste-t-il sur l'importance du décloisonnement et de l'interdisciplinarité, allant jusqu'à envisager une nouvelle forme plus globale que serait la géohistoire.
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