Issu du projet Hubert Curien Proteus " Regionality and Transculturality. Crossed views on Europe in regional press in Slovenia and France (1897-1918) " visant à renforcer les travaux historiographiques sur la presse européenne, dans une perspective à la fois régionale et transfrontalière, ce volume s'intéresse à certaines visions ethnocentriques et nationalistes du monde au tournant des XIXe et XXe siècles, et à la manière dont celles-ci s'inscrivent en faux contre les idées cosmopolites héritées des Lumières. Si l'exploration de corpus variés de périodiques régionaux en provenance des territoires culturellement et linguistiquement hétérogènes des Habsbourg se pratique depuis un certain temps déjà face, son élargissement aux zones limitrophes de la France est novateur. L'analyse, dans une perspective comparatiste, de cette presse régionale frontalière qui a paru avant la Première Guerre mondiale, entre autres dans la France septentrionale et rhénane et dans l'Autriche-Hongrie slovénophone et germanophone, permet de relativiser la portée des discours sur les problèmes d'identité nationale, d'ethnicité et de territorialité.
HiMA 14, 2025 rassemble 15 articles, dont 11 composent un dossier thématique sur " The Limits of Conquest and Transformations of Roman Imperial Frontiers/ Les limites de la conquête et les transformations des frontières impériales romaines ". Dans ce dossier en langue anglaise, des chercheurs de plusieurs nationalités font le point sur les significations et les évolutions de cette frontière militaire du monde romain. Deux articles " Varia ", deux autres " Regards passés/présents " et des comptes rendus d'ouvrages complètent ce numéro.
Abolition et antiesclavagisme du XVIIe au XIXe siècle
Ce numéro de la Revue du Philanthrope est essentiellement consacré à de nouvelles approches de l'Abolition de la traite et de l'esclavage atlantiques et de leurs mémoires. Des contributions de Marie-Jeanne Rossignol, Simon Ferelloc, Germaine Lemétayer et Fernando Marques traitent de thèmes aussi variés que le maintien de la défense de la cause abolitionniste sous le Directoire, les conditions d'apparition des thèses abolitionnistes dans le mouvement quaker, la place qu'elles occupent dans la mémoire protestante, les stratégies discursives adoptées par les militants abolitionnistes et la complexité des relations entre l'antiesclavagisme et des milieux philanthropiques emblématiques comme la franc-maçonnerie. Il s'achève par des contributions sur les libres de couleur dans le plus grand port de traite français (Nantes), sur les positions du judaïsme devant l'esclavage et les premiers planteurs de Guadeloupe.
Dans cette histoire du Brésil d'avant le Brésil, d'avant sa colonisation donc, l'archéologue brésilien Eduardo Góes Neves déconstruit l'image commune de l'Amazonie, trop souvent perçue comme une forêt vierge dépourvue de culture en périphérie sud-américaine.Pour ce faire, il retrace l'occupation humaine du bassin amazonien, dont l'histoire commence il y a plus de 11 000 ans, et ce jusqu'aux premières conquêtes européennes. Grâce à une approche historico-culturelle, Neves, grandement aidé par ses nombreux collaborateurs, nous présente une Amazonie au cœur du développement de son continent, lieu de regroupements de populations variées qui y ont vécu et qui auraient échangé avec des peuples lointains, issus même, pour certains, des hauts plateaux de la cordillère des Andes.En s'appuyant sur plus de 30 années de recherches, l'auteur fait revivre chronologiquement les femmes et les hommes qui ont peuplé l'Amazonie sous diverses manières, et qui ont été à l'origine de nombreuses innovations techniques et culturelles.Eduardo Góes Neves, en repensant l'histoire du bassin amazonien, nous invite surtout à reconsidérer ces peuples anciens qui, délibérément, auraient refusé de s'organiser en État et nous offre, ainsi, une vision décloisonnée des trajectoires humaines.
The seventeenth volume of European Studies in Sport History is devoted to one of the most debated and interdisciplinary themes in sports historiography: the relationship between sport and politics. This issue brings together a selection of studies that reflect the diversity of approaches and chronologies.
The 18th issue of ESSH joins a long-standing and dynamic academic conversation on the intersection of sport and religion, offering a historical perspective that spans from the 19th century to the present day. Across this period, profound shifts in cultural and social practices have redefined how societies experience ritual, faith and the body.
Peu avant 1200, alors qu'émerge une pensée originale de la Nature au croisement de la théologie chrétienne et de la philosophie gréco-arabe, une nouvelle forme de décor commence à se répandre dans la sculpture et les vitraux des églises comme dans les arts précieux. La tradition des artistes médiévaux avait emprunté bien des motifs à la Nature comme aussi à l'art de l'Antiquité, mais en les soumettant à d'infinies transformations stylistiques. Au XIIIe siècle surgissent sous la main des artistes arbres, fleurs et surtout feuilles imitant des formes naturelles scrupuleusement observées. Le style "naturaliste" éclos en France, greffé sur les édifices du Gothique rayonnant, a ensuite été disséminé en Europe pendant un bon siècle. Profondément ancré dans les grands chantiers de l'époque gothique, ce mouvement fut pourtant éphémère: dès le tournant du XIVe siècle, il en sortit de nouvelles stylisations, longtemps répétées jusqu'à ce que les artistes de la Renaissance, à leur tour, se mettent à l'école de la Nature. Neil Stratford invite tous ceux qu'intéressent les monuments et l'art du Moyen Âge à explorer cette saison méconnue à travers une riche sélection d'œuvres, commentées de près sous les regards croisés de l'historien et du botaniste.
Ce septième numéro de Football(s) explore les représentations des ballons ronds et parfois ovales au cinéma, entre fiction, documentaire et récits médiatiques. Du regard stylisé de Paolo Sorrentino à l'engagement de Ken Loach, en passant par les déclinaisons culturelles du " football ", les articles interrogent les usages narratifs et symboliques du football à l'écran. Football féminin, stars médiatiques, miracles sportifs ou formes hybrides comme le football-rugby: ce dossier révèle la richesse d'un sport devenu objet cinématographique, reflet des sociétés, de leurs passions et de leurs enjeux.
Le second volume des Cahiers de l'inarchivable est consacré au surréalisme qui fête son centenaire par la publication en 1924 du premier Manifeste du surréalisme. Il s'agit de réfléchir au paradoxe suivant: si les expériences surréalistes existent, ne sont-elles pas intrinsèquement inarchivables ? Quelles sont les traces de ce rapport spécifiquement surréaliste au temps de la production dans l'immédiatement du geste et son archivage rétrospectif ?Anne Foucault analyse la difficulté, voire l'impossibilité d'un archivage global du mouvement surréaliste, désir porté par une partie des acteurs du surréalisme d'après-guerre, mais qui ne rencontra que peu de résonance institutionnelle. Antoine Poisson met à jour les effets de champs littéraires et politiques qui sont des enregistreurs autant qu'ils sont eux-mêmes enregistrés ; ils laissent des traces qui éclairent des processus empêchant (et inversement au contraire permettant) que des productions artistiques puissent advenir. Richard Walter montre que si le surréalisme est a priori rétif à sa mise en archive, symbole de patrimonialisation mortifère, il a pourtant préparé sa mise en archives en documentant sa propre production. Emmanuel Bauchard se penche sur l'étude du milieu intellectuel et artistique caraïbéen pendant les années 1940 et les manques archivistiques qui caractérisent les conditions de circulation et de communication du réseau surréaliste exilé en Amérique. Enfin, Célia Stara questionne la place des artistes surréalistes femmes en exil pendant la Seconde Guerre mondiale en retraçant les vestiges d'un patrimoine constellé afin d'envisager les conséquences de sa dispersion sur la réception et la valorisation des femmes surréalistes, dans leur pays d'accueil comme dans leurs pays d'origine.Ces cinq contributions montrent à la fois l'ambition de ce numéro, mais aussi la multiplicité des approches que l'inarchivable convoque et suscite: entre dispersion, destruction, invisibilisation, oubli, et sauvetage, sélection, conservation, exhibition, patrimonialisation.
Fernand Braudel, grand historien du xxe siècle, a profondément renouvelé notre manière de penser l'histoire, les sciences sociales et le monde." L'histoire n'est peut-être pas condamnée à n'étudier que des jardins clos de murs. Sinon ne faillirait-elle pas à l'une des tâches présentes, qui est aussi de répondre aux angoissants problèmes de l'heure ", écrit-il en mai 1946, dans la préface de La Méditerranée. Bien connu de ses lecteurs, c'est sur des cahiers d'écolier entre les murs d'un Oflag où il est prisonnier qu'il écrit ce grand texte. Ce que l'on sait moins, c'est qu'au même moment il prononce devant ses codétenus L'Histoire, mesure du monde, une série de conférences, long plaidoyer en faveur d'une forme d'histoire, la recherche d'une méthode pour s'écarter des remous créés par les évènements et se concentrer sur une histoire profonde (la longue durée) ; pas seulement celle du passé, mais celle qui mène à la connaissance de la condition humaine. Pour cela l'histoire ne peut se passer des autres sciences, aussi insiste-t-il sur l'importance du décloisonnement et de l'interdisciplinarité, allant jusqu'à envisager une nouvelle forme plus globale que serait la géohistoire.
Né en 2000, le séminaire "Histoire culturelle du cinéma" a contribué à un véritable changement de paradigme en matière d'histoire du cinéma, en œuvrant activement, suivant une méthodologie résolument historienne, à la prise en compte de ce dernier par la recherche comme un fait social global.L'histoire culturelle du cinéma s'est intéressée très tôt au spectacle cinématographique, aux publics ainsi qu'aux diverses modalités de réception des films, sans négliger pour autant les auteurs (de scénarios), les producteurs, les métiers du cinéma, ni les institutions cinématographiques. Diversification des terrains de recherche, élargissement des territoires d'étude à d'autres espaces que la France, reconfiguration des questionnements offrent aujourd'hui à l'histoire culturelle du cinéma de nouveaux horizons.En donnant la parole à treize chercheurs et chercheuses internationaux, à tous les stades de leur carrière, et en reflétant la dynamique caractéristique du séminaire qui l'a inspiré, cet ouvrage associe les interventions d'historiennes et d'historiens se revendiquant de l'histoire culturelle du cinéma et celles d'autres collègues aux méthodologies et aux regards proches souhaitant y contribuer. Représentations et formes filmiques, actrices et acteurs sociaux, transmission et patrimonialisation sont autant de voies que les directeurs et directrices d'ouvrage invitent à emprunter pour appréhender, grâce à cette sélection d'études, le cinéma comme fait social et culturel.
Ce recueil explore les pratiques de célébration des illustres et les modes de fabrication de la renommée durant le long XVIIe siècle. Loin de se restreindre aux écrits biographiques ou encomiastiques, il se concentre également sur la dimension visuelle de ces pratiques à travers onze articles qui examinent différentes formes de célébration, qu'elles soient littéraires, picturales ou hybrides en cherchant à identifier aussi bien leurs interactions que leurs spécificités. En mettant en lumière la diversité des critères de sélection qui déterminaient la notoriété d'un individu, ce recueil analyse comment se sont formés les différents régimes de célébrité à l'aube de la modernité.