La fonction utopique que l'œuvre de Theodor W. Adorno attribue à la littérature dessine l'horizon d'une " langue sans terre ", au-delà de la " dialectique de la raison " et de l'autodestruction de la Raison. Tandis que le discours philosophique a sans cesse reproduit dans son appareil conceptuel la violence mythico-rationnelle à l'encontre du singulier non-identique, la langue littéraire semble indiquer la possibilité d'aller avec le concept au-delà du concept. Cet enjeu utopique de la pensée comme dialectique négative n'est pas seulement épistémique: il est bien éthico-politique, lié à la possibilité d'établir des rapports à l'autre libérés de la contrainte de l'identité.Dans les œuvres littéraires dont il entreprend la lecture – qu'il s'agisse de celles d'Eichendorff, ...
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I. Préambule au retour II. Une utopie revenante III. " Sans image " IV. Identité et différence V. Constellations VI. Idéologie et utopie VII. Sauver les apparences VIII. L'ineffable, l'absolu, l'indemne IX. Mimétismes X. Construction – d'une hantise XI. Vers un art informel XII. Le récit déchaîné XIII. Une langue sans terre XIV. Retour d'exil ? XV. De l'interprétation XVI. Rhétorique de l'essai XVII. Modèles
Deuxième partie. L'expérience proustienne de la littérature
Lectures I. Ars inveniendi II. Petit portrait du philosophe en lecteur III. Literatur als Wunschbild
Tact – L'expérience proustienne de la littérature I. Le partage de l'intime II. D'un tact paradoxal III. Le snob… IV. … et l'enfant V. Un souvenir d'enfance de Walter Benjamin VI. Mémoire épidermique VII. L'homme sans peau
Syncopes – Les sauvetages de la poésie I. Héritages critiques II. Actualité de l'inactuel III. Sauvetage de l'éphémère IV. Naufrage du sujet V. Murmures et romances sans parole VI. Constellations paratactiques VII. Syncopes VIII. Les larmes des Sirènes
Cendres – Ce qui reste de la littérature I. Caput mortuum II. Scories III. Soustractions IV. Silences V. Métaphores
Épilogue. Lueurs d'utopie I. " Petite lampe menteuse " II. Résistances III. Sans fin IV. Chemins utopiques
La fonction utopique que l'œuvre de Theodor W. Adorno attribue à la littérature dessine l'horizon d'une " langue sans terre ", au-delà de la " dialectique de la raison " et de l'autodestruction de la Raison. Tandis que le discours philosophique a sans cesse reproduit dans son appareil conceptuel la violence mythico-rationnelle à l'encontre du singulier non-identique, la langue littéraire semble indiquer la possibilité d'aller avec le concept au-delà du concept. Cet enjeu utopique de la pensée comme dialectique négative n'est pas seulement épistémique: il est bien éthico-politique, lié à la possibilité d'établir des rapports à l'autre libérés de la contrainte de l'identité.Dans les œuvres littéraires dont il entreprend la lecture – qu'il s'agisse de celles d'Eichendorff, de Hölderlin, de Proust, de Valéry, de Beckett ou encore de Kafka – Adorno – aussi ne cherche pas une figure concrète de l'utopie, mais la trace de " ce qui nous appartient en propre et qui a été laissé en blanc " - aussi bien dans les textes que dans l'Histoire.L'auteur expose les enjeux philosophiques, esthétiques et politiques de la littérature dans la pensée adornienne, puis procède – et c'est là le cœur de l'ouvrage – à une " lecture de lectures ", à une traversée des essais qu'Adorno consacra, tout au long de sa vie, aux textes littéraires, pour trouver en ceux-ci les indices de l'utopie à l'œuvre.