Le sexe est-il politique ? Non, répondait-on naguère en France : il relève des moeurs. Le sexe n'est-il donc pas politique ? Si, dit-on au contraire dans les années 2000. La liberté et l'égalité sexuelles seraient les emblèmes de la démocratie.Tel est le renversement qu'analyse ce recueil.Rythmé par les va-et-vient entre deux sociétés - les États-Unis et la France-, entre disciplines, entre savoir scientifique et représentation sociale, il retrace le parcours d'Éric Fassin et en souligne toute la cohérence.En partant des controverses qui touchent au genre et à la sexualité dans deux sociétés - États-Unis et France - Éric Fassin analyse l'histoire du concept de genre et sa construction dans l'espace public. Il revient sur la représentation des questions sexuelles, leur mise en discours par le travail politique et juridique, mais aussi scientifique, religieux et littéraire. Il y est question du viol et de harcèlement sexuel, d'amour hétérosexuel et de mariage homosexuel, de reproduction et de famille. On y rencontre Michel Houellebecq et Christine Angot.Ce recueil démontre aussi le choix assumé et revendiqué scientifiquement d'un chercheur engagé, soucieux de l'articulation entre savant et politique, et attentif aux usages des sciences sociales. " Mais c'est ignorer, montre Fassin de la manière la plus convaincante, que la politisation des questions sexuelles, si elle fut bien l'une des constantes essentielles de la vie politique et médiatique américaine durant les années 1980 et 1990, ne se réduit pas aux stéréotypes que nous aimerions y voir. Bien plus, qu'elle n'est pas sans intérêt pour comprendre ce qui survint, en France, à la fin des années 1990. N'oublions pas, en effet, que si les débats autour du foulard islamique, lors du bicentenaire de la Révolution, tournaient autour des valeurs de laïcité et d'universalité, en 2003, la même question prit un tour bien différent : le voile est alors dénoncé comme une forme de viol symbolique imposé par l'homme, dont la violence atteint même celles qui refusent de le porter en les rejetant du côté des filles légères. " Le Monde, 15 janvier 2010.