Introduction, par Pascale Bonnemère et Irène Théry
Différence des sexes et distinction de sexe : propriétés et relations
Irène Théry —Pour une anthropologie comparative de la distinction de sexe
Laura Lee Downs — Si " femme " n'est rien de plus qu'une catégorie sans contenu, alors pourquoi ai-je peur de rentrer seule le soir ? Les politiques de l'identité saisies par le sujet post-moderne
Pascale Bonnemère — Du corps au lien. L'implication des mères dans les initiations masculines des Ankave-Anga
Anne-Christine Taylor — Corps, sexe, parenté. Une perspective amazonienne
Cécile Barraud — Régimes de temporalité et de localité. Conjoints et germains de sexe opposé en relation
Anne Verjus — " Rétablir les mœurs par la police domestique ". "Influence des femmes" et "organisation sociale" dans la pensée de Pierre-Louis Roederer à l'issue de la Révolution française
Christelle Taraud — Genre, classe et "race" en contexte colonial et post-colonial Une approche par la mixité sexuelle
Sexe/genre, âme/corps : la personne et la question de la dualité
Jérôme Baschet — Distinction des sexes et dualité de la personne dans les conceptions anthropologiques de l'Occident médiéval
Sylvie Steinberg — Sexe et genre au 18e siècle. Quelques remarques sur l'hypothèse d'une " fabrique du sexe "
Pierre-Henri Castel — Distinguer sexe et genre. De l'exigence empirique à l'impasse conceptuelle : le moment stollérien
Agnès Fine — La production du féminin. L'exemple de l'écriture de soi
Dominique Guillo — Les théories naturalistes du sexe et du genre. Éléments d'analyse interne
L'Occident a conçu la distinction de sexe d'une manière très particulière : la femme est l'être qui porte par définition, dans son esprit et dans son corps, la " différence " sexuée et sexuelle ; les sociétés sont composées d'individus de deux sexes. L'observation des sociétés traditionnelles, où les corps masculins et féminins sont fabriqués rituellement, a révélé la dimension relationnelle de l'individu. Admettre qu'il existe une dimension sexuée de la vie sociale permet d'échapper à l'alternative entre étudier " l'individu " (universel mais asexué) ou les " rapports hommes-femmes " (sexués mais séparés).Dans cette perspective novatrice, le genre est considéré comme une modalité des relations, et non un attribut des personnes. Et loin de n'organiser que des relations de sexe opposé, le genre organise simultanément des relations de même sexe, de sexe indifférencié, et même de sexe combiné. Les sciences sociales doivent appréhender les personnes sexuées non pas à partir d'un ensemble de propriétés et d'attributs substantiels, mais à partir des modes d'action et de relation. De là le titre de ce livre. Il veut indiquer que ces deux notions, du genre et de la personne, s'éclairent mutuellement : chacune sort redéfinie de la confrontation à l'autre.En renouant avec une anthropologie comparée et historique, les sociologues, anthropologues, historiens et philosophes réunis invitent à revenir sur ce que nous entendons par un individu, une société, une action, une passion ou encore une relation spécifiquement humaine.