Cette réimpression rend de nouveau et intégralement disponible (version abrégée aux éd. Seuil) l'ouvrage pionnier de Michelle Perrot. Elle rappelle également "un temps où la classe ouvrière dessinait l'horizon du monde et portait ses "grandes espérances"" (M. Perrot), et un temps, de retour, où les sciences humaines, ici l'histoire, décortiquent les "choses" sociales avec des instruments à la précision mathématique (statistiques, séries, coefficients de corrélation et de covariation). Le livre se range dans cette lignée et conduit une étude de sociologie historique, envisageant la grève comme un phénomène social, à un moment donné. Ce n'est pas à proprement parlé une histoire des grèves qui fournirait une suite de monographies exemplaires. Les 2923 cas de grèves recensés, traités mécanographiquement, amènent à représenter au plus près de la réalité le phénomène (déclenchement, fluctuations, compositions des grévistes…) ; à le rapporter au contexte politico-économique de la Troisième République ; et à clore l'étude sur une date inhérente au sujet lui-même, une date qui rend compte de sa propre histoire. En effet, le 1er mai 1890 est le première tentative de mouvement général à l'échelle du pays, l'histoire des grèves atteignant ainsi un nouveau stade. Le défrichement d'une période radicalement nouvelle dans l'histoire du monde ouvrier, allié à une mise en forme novatrice du matériau, fait de l'ouvrage une pièce maîtresse dans le domaine.