"Je ne suis pas moderne", jetait Camus en manière de défi.C'est que le classicisme tragique de l'écrivain donna le vrai ton de notre modernité après Auschwitz. En alerte nouvelle, la méditation de Camus valait de s'inscrire depuis le nihilisme dont, sous le nom d'absurde, il fit le diagnostic et la généalogie sans concevoir de s'y soumettre, d'y sacrifier la joie d'exister ou d'en accommoder le désastre sous quelque promesse de rédemption.Albert Camus prit la mesure d'un âge dominé par un régime de la raison s'autorisant de justifier la terreur au titre d'un progrès inéluctable de l'Histoire. Son souci fut du temps, jamais exactement au rendez-vous des hommes. Haussant cette plainte du temps en interpellation, il y médita l'idée de notre communauté.Aujourd'hui, l'actual ...
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Dolorès Lyotard : Préface : Albert Camus contemporain David R. Ellison — Le dernier Camus et la Méditerranée Raymond Gay-Crosier — De l'homo faber à l'homo ludens : défense et illustration de la pensée de midi — Philippe Sabot — Les mésaventures de la dialectique. Camus critique de Kojève dans L'Homme révolté Maurice Weyembergh — La tentation du " tout est permis ". Camus entre " détour " et " retour " Philippe Forest — Albert Camus et l'infanticide Aliocha Wald Lasowski — Éclats tragiques Gérard Farasse — Ponge et Camus : un dialogue désaccordé Pierre-Louis Rey — Les strates de la mémoire dans Le Premier Homme Dolorès Lyotard — La prose du Jour Gérald Sfez — La voix incendiée
"Je ne suis pas moderne", jetait Camus en manière de défi.C'est que le classicisme tragique de l'écrivain donna le vrai ton de notre modernité après Auschwitz. En alerte nouvelle, la méditation de Camus valait de s'inscrire depuis le nihilisme dont, sous le nom d'absurde, il fit le diagnostic et la généalogie sans concevoir de s'y soumettre, d'y sacrifier la joie d'exister ou d'en accommoder le désastre sous quelque promesse de rédemption.Albert Camus prit la mesure d'un âge dominé par un régime de la raison s'autorisant de justifier la terreur au titre d'un progrès inéluctable de l'Histoire. Son souci fut du temps, jamais exactement au rendez-vous des hommes. Haussant cette plainte du temps en interpellation, il y médita l'idée de notre communauté.Aujourd'hui, l'actualité de l'oeuvre de Camus fait symptôme pour notre époque : les auteurs lisent ensemble essai et poème, interrogent les signes rompus et précurseurs d'une démocratie à venir. Ils saluent une oeuvre radicale, qui arpente les figures du mal, demande que l'homme réenchante le visage de la terre, nous aide à requalifier notre présent.