Écrire la frontière consiste d'abord à représenter une zone souvent équivoque car elle est à la fois séparation et contact, mais c'est aussi circonscrire l'œuvre et simultanément s'interroger sur la pertinence des limites génériques et des normes poétiques. Des spécialistes de littérature mais aussi d'histoire et d'art contemporain, proposent un parcours diachronique explorant le déploiement du concept à travers des œuvres variées (Melville, Duras, Vialatte…), qui malgré leurs dissemblances apparentes, semblent souvent se répondre. Toutes confirment une même constitution de l'identité des sujets représentés, des auteurs, de l'œuvre elle-même en tant qu'objet autour de cette idée de frontière, que celle-ci soit revendiquée ou rejetée, comme si l'individuation mais aussi l'inscription dans une communauté, ou la sortie de cette communauté, dépendait avant tout de repères spatiaux qu'il importe de pouvoir tracer. Espace à préserver, à surveiller, et, simultanément, appel irrésistible au franchissement, la frontière pose des limites et invite à leur brouillage : écrire la frontière, n'est-ce pas finalement dessiner un éternel palimpseste qui s'enrichit au fil de lectures croisées et de déchiffrements singuliers, traçant la carte d'identités souvent conflictuelles, mais qui toutes se font écho ?