Les chercheurs africanistes ont souvent analysé les manières de boire en ne s'intéressant qu'à leurs effets — positifs ou négatifs — sur la cohésion du groupe. Cette vision manichéenne n'a pas épargné les buveurs dogon, présentés d'abord comme des sauvages sombrant dans une commune orgie, puis comme des philosophes s'enivrant pour apaiser les défunts. Le livre réfute de tels stéréotypes. En pays dogon, au Mali, la principale boisson fermentée ne crée pas seulement du "lien social". Par son procès de fabrication, ses dons en chaîne et ses libations successives, la bière de mil modèle les cycles humains, agricoles et calendaires en inscrivant l'homme, les céréales, les villages et les rituels dans un système circulaire. L'auteur montre également que les manières de boire ...
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Les chercheurs africanistes ont souvent analysé les manières de boire en ne s'intéressant qu'à leurs effets — positifs ou négatifs — sur la cohésion du groupe. Cette vision manichéenne n'a pas épargné les buveurs dogon, présentés d'abord comme des sauvages sombrant dans une commune orgie, puis comme des philosophes s'enivrant pour apaiser les défunts. Le livre réfute de tels stéréotypes. En pays dogon, au Mali, la principale boisson fermentée ne crée pas seulement du "lien social". Par son procès de fabrication, ses dons en chaîne et ses libations successives, la bière de mil modèle les cycles humains, agricoles et calendaires en inscrivant l'homme, les céréales, les villages et les rituels dans un système circulaire. L'auteur montre également que les manières de boire sont aujourd'hui au cœur des stratégies individuelles et des mécanismes de distinction identitaire.