La Société des voleurs

Propriété et socialisme sous Staline
Juliette CADIOT
Résumé
En 1932 puis en 1947, une vague de désordres, vols de grains dans les champs et attaques de trains, irrita Staline qui décida de punir les voleurs de la " propriété publique " de dix ans de camp ou de fusillade. À sa mort en 1953, alors que le Goulag atteignait ses taux d'enfermement les plus élevés (3 à 4% de la population), la moitié des détenus des camps avait été condamnée pour vol. La " propriété socialiste ", autrement dit l'énorme richesse dont l'État était devenu propriétaire au terme de trois décennies révolutionnaires, permettait, dans un contexte de pénurie extrême, de nourrir les échanges informels nécessaires tant à la survie des familles qu'au fonctionnement de l'économie planifiée. Juliette Cadiot explore dans cet ouvrage l'économie souterraine qui condui ... Lire la suite
FORMAT
Livre broché
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Date de première publication du titre 21 mai 2021
ISBN 9782713228858
EAN-13 9782713228858
Référence 125332-01
Nombre de pages de contenu principal 300
Format 14 x 21 x 2 cm
Poids 412 g

Introduction

Chapitre 1. Dépossession, ou Instituer la propriété socialiste, 1917-1939

Chapitre 2. Vols en catastrophe, la guerre et sortie de guerre, 1939-1947

Chapitre 3. Protéger la propriété socialiste. La place de la justice et des polices dans l'après-guerre

Chapitre 4. Les échos d'un scandale. Gardiens de la propriété socialiste et patrons des voleurs

Chapitre 5. Hors plan. La richesse soviétique dans l'économie souterraine

Chapitre 6. Manager soviétique, le vol comme sabotage et le sort des Juifs dans l'après-guerre. L'affaire Khain, Kiev, 1952

Chapitre 7. Les voix des " voleurs " en détention Conclusion

En 1932 puis en 1947, une vague de désordres, vols de grains dans les champs et attaques de trains, irrita Staline qui décida de punir les voleurs de la " propriété publique " de dix ans de camp ou de fusillade. À sa mort en 1953, alors que le Goulag atteignait ses taux d'enfermement les plus élevés (3 à 4% de la population), la moitié des détenus des camps avait été condamnée pour vol. La " propriété socialiste ", autrement dit l'énorme richesse dont l'État était devenu propriétaire au terme de trois décennies révolutionnaires, permettait, dans un contexte de pénurie extrême, de nourrir les échanges informels nécessaires tant à la survie des familles qu'au fonctionnement de l'économie planifiée. Juliette Cadiot explore dans cet ouvrage l'économie souterraine qui conduisit comptables, ingénieurs et directeurs d'entrepôts à faire affaire avec des spéculateurs sans travail et autres petits receleurs; des chapardeurs affamés, venus des champs ou des ateliers, avec des chefs d'entreprises d'État corrompus… Dans ce système d'échange parallèle et de solidarité sociale, une même conviction morale les unissait, considérant que la captation des biens de l'État n'était pas un crime. En réaction à ces vols à grande échelle, les dirigeants staliniens érigèrent le voleur de la " propriété socialiste " en ennemi du peuple: le régime qui avait combattu la propriété privée capitaliste entreprit une lutte féroce contre le vol de la propriété d'État, faisant d'un délit – le vol – un crime économique sévèrement puni.

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