En 1924, le prince héritier et futur empereur d'Éthiopie, ras Täfäri, en visite à Jérusalem, appelle quarante orphelins arméniens rescapés du génocide de 1915 à former la fanfare royale de son pays. Le chef d'orchestre, lui aussi Arménien, composera le premier hymne officiel de l'État éthiopien.Tirant le fil de cet événement à forte charge symbolique, et suivant l'histoire de la petite communauté arménienne en Éthiopie, Boris Adjemian montre combien elle a agi aux marges de la société politique, se dissimulant dans ses interstices, préférant l'intimité et la loyauté discrète à l'éclat de la politique ouverte. Le rôle surprenant des Arméniens dans le pays d'accueil s'incarne dans l'amitié que les rois leur portaient, thème qui rejaillit souvent dans les récits de vie rec ...
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Préface de Gérard Noiriel Introduction – De la part sédentaire des diasporas à l'histoire de l'État-nation Première partie – Genèse d'une tradition politique éthiopienne. Essai d'histoire régressive Chapitre premier – La cire et l'or : le rôle politique insoupçonné de la fanfare royale Chapitre II – Le temps long d'un événement :de Jérusalem à Jérusalem Chapitre III – Des immigrants et des rois : vers une nationalisation symbolique Deuxième partie – L'amitié des rois. La logique en action d'une autobiographie collective Prélude à l'histoire d'une mémoire collective Chapitre IV – Un passé qui engage le présent : les enjeux sociaux de la fabrique des héros Chapitre V – Arméniens de Ménélik. De l'accueil vécu à la sédentarisation d'un imaginaire Chapitre VI – Arba ledjotch : apothéose logique d'une destinée collective Troisième partie – La sédimentation de l'insaisissable. Configuration et usages d'un espace de l'entre-deux Chapitre VII – De la liminalité à l'interstitiel :un espace de sociabilités décloisonné Chapitre VIII – Entre apatride et national : la Belle Époque d'un entre-deux juridique Chapitre IX – Entre färändj et habäsha : représentations et pratiques sociales de l'hybridité Conclusion Chronologie sommaire de l'histoire d'Éthiopie Glossaire Remerciements Sources et bibliographie Index (lieux , noms, notions)
En 1924, le prince héritier et futur empereur d'Éthiopie, ras Täfäri, en visite à Jérusalem, appelle quarante orphelins arméniens rescapés du génocide de 1915 à former la fanfare royale de son pays. Le chef d'orchestre, lui aussi Arménien, composera le premier hymne officiel de l'État éthiopien.Tirant le fil de cet événement à forte charge symbolique, et suivant l'histoire de la petite communauté arménienne en Éthiopie, Boris Adjemian montre combien elle a agi aux marges de la société politique, se dissimulant dans ses interstices, préférant l'intimité et la loyauté discrète à l'éclat de la politique ouverte. Le rôle surprenant des Arméniens dans le pays d'accueil s'incarne dans l'amitié que les rois leur portaient, thème qui rejaillit souvent dans les récits de vie recueillis auprès de leurs descendants.Mettant au jour l'importance politique et culturelle d'une communauté longtemps méconnue et qui s'est effacée, cette enquête mobilise la mémoire collective de l'immigration arménienne. L'auteur plaide pour une approche sédentaire de la diaspora, pour une socio-histoire de cet enracinement collectif qui remonte au xixe siècle, place les immigrants à mi-chemin du national et de l'étranger, tout en révélant la faculté des individus à se jouer des identités ou des appartenances.Une exploration originale de la construction sociale du national et de l'étranger en Afrique ou ailleurs.