Mauvais genre que celui de la satire, qui se complaît à dégrader les valeurs, à outrepasser les tabous, à recourir aux coups les plus bas et à se rire du bon goût pour ridiculiser ses cibles. Mais genre douteux, la satire l'est aussi sur le plan de la théorie littéraire, depuis que la forme générique en vers a périclité au 18e siècle, laissant le champ libre à des formes mal définies, parasitaires et inventives, aptes à investir - et à subvertir - les genres canoniques : échappant à toute codification, entité fuyante, frondeuse, transgénérique et métamorphique, la satire moderne semble défier les tentatives de conceptualisation critique. Telle est la double raison pour laquelle la satire n'est guère comprise comme une catégorie esthétique.
Apologia — Prologue rhétorique et métacritique : Points de vue contemporains sur la satire
Fredric V. Bogel : Satire et critique moderne : modèles, emprunts et perspectives Pascal Engel : La pensée de la satire
1. À l'aube de la satire moderne : paradoxes et divergences du mode satirique au 18e siècle
Marc Martinez : Le conte du tonneau de Jonathan Swift ou l'anatomie de la satire moderne Michèle Bokobza Kahan : D'une satire qui s'ignore dans le Traité sur la tolérance
2. Poétiques de la réflexivité satirique au 19e siècle : satire de l'écrivain, auto-satire et poésie
José-Luis Diaz : La satire du poète à l'âge du " sacre de l'écrivain " Matthieu Liouville : Romantisme et auto-satire Stéphanie Tribouillard : Musset satiriste, des Lettres de Dupuis et Cotonet à " Dupont et Durand " Sandrine Bazile : " Un Hamlet de moins ! " ou la déroute satirique du poète décadent – Des suites " irrégulières " de la piété filiale… – Jules Laforgue, Moralités légendaires Romain Piana : Théodore de Banville et la satire aristophanesque au 19e siècle
3. Problématiques satiriques de la nouvelle et du roman au 19e siècle : perspectives éthiques
Daniel Grojnowski : " Satire de quoi " : Villiers et le conte cruel Noëlle Benhamou : De qui se moque-t-on ? La satire dans les " contes du prétoire " de Maupassant Gérard Peylet : Césarine Dietrich, roman satirique de George Sand ? Alexandre Gefen : Du défaut de méthode dans les sciences : la satire des savoirs dans Bouvard et Pécuchet Marie-Françoise Melmoux-Montaubin : L'œuvre de Georges Darien ou la satire au péril de la fiction
4. Un mode protéen : polymorphisme et hybridation
Delphine Gleizes : Du texte au dessin : l'écriture satirique hugolienne et ses implications graphiques Françoise Sylvos : Satire et utopie (1800-1850) Sandrine Berthelot : Robert Macaire ou le brouillage satirique Pierre Laforgue : Mœurs et satire chez Balzac (1829-1831) Jean-Marie Seillan : Satire et critique littéraire : Champfleury lecteur de Barbey d'Aurevilly, Bloy lecteur de Zola Elisheva Rosen : Dans le voisinage de la presse : satire et roman chez Balzac et Proust
5. Satire et catégories comiques : ironie, humour et parodie =
Isabelle de Vendeuvre : Satire et regard clinique dans les œuvres de Proust et de James Jonathan Pollock : " Blast humour " : la surenchère satirique du mouvement vorticiste londonien Daniel Sangsue : Parodie et satire. L'exemple de Macbett d'Eugène Ionesco Elisabeth Grodek : Les avatars d'un topos satirique : la danse macabre et le triomphe de la mort au théâtre et à l'opéra (Ghelderode et Ligeti)
6. Un mode en quête de son dépassement : retournement et transfiguration dans la satire narrative du 20e siècle
André Topia : Pourquoi Joyce n'est pas un satiriste Fabienne Rihard-Diamond : Le rigodon du Voyage : la satire célinienne entre danse et silence Nicolas Di Méo : Fascination et contestation : les ambiguïtés du discours satirique chez Paul Morand pendant l'entre-deux guerres Thierry Ozwald : Écriture romanesque et retournement satirique chez Albert Cohen
Épilogue réflexif — Point de vue d'un satiriste contemporain
Philippe Chardin : Alma Mater, théorie et pratique
Mauvais genre que celui de la satire, qui se complaît à dégrader les valeurs, à outrepasser les tabous, à recourir aux coups les plus bas et à se rire du bon goût pour ridiculiser ses cibles. Mais genre douteux, la satire l'est aussi sur le plan de la théorie littéraire, depuis que la forme générique en vers a périclité au 18e siècle, laissant le champ libre à des formes mal définies, parasitaires et inventives, aptes à investir - et à subvertir - les genres canoniques : échappant à toute codification, entité fuyante, frondeuse, transgénérique et métamorphique, la satire moderne semble défier les tentatives de conceptualisation critique. Telle est la double raison pour laquelle la satire n'est guère comprise comme une catégorie esthétique.