Sous une trame faussement historique située à l'époque du roi Nabuchodonosor lors de la conquête de la Judée, le Livre de Judith met en scène le général Holopherne qui assiège la ville de Béthulie. Une riche et jeune veuve appelée Judith, connue pour ses vertus, prend alors l'initiative de pénétrer dans le camp ennemi en se faisant passer pour une transfuge. Profitant de l'ivresse du général, elle le décapite et revient triomphante en exhibant la tête d'Holopherne. L'armée assyrienne abandonne la cité. Derrière son allure narrative, le texte, qui est classé parmi les "?apocryphes?" dans le canon juif et protestant, délivre un message théologique et didactique, et illustre la présence divine au côté de son peuple persécuté.Le vingt-troisième volume de la collection Graphè rassemble douze études. À partir d'une analyse détaillée du récit biblique sont retracées les grandes étapes du destin littéraire de Judith, au fil des siècles, dans des genres littéraires différents (écrits rabbiniques, paraphrases, commentaires catholiques et protestants, théâtre, poésie et roman). Il apparaît que Judith, allégorie du peuple juif, personnifie dans un premier temps la résistance face à l'envahisseur. Puis, au XIXe siècle, son entreprise est davantage motivée par le désir. À la Judith sainte ou guerrière succède la figure d'une femme aux intentions plus ambigües. Les dernières œuvres contemporaines inspirées par le Livre de Judith illustrent encore cette féconde dualité.