L'auteure réussit à nous convaincre que le pictural est, pour le regard difficile de Beckett, ce qui fonde poïétiquement son activité fiévreuse. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la peinture n'est pas un art "rétinien" (pour parler comme Duchamp) — pas plus que le théâtre. Beckett supportait mal qu'on puisse "regarder" ses pièces… Le pictural, dans la peinture et ailleurs, somme les yeux d'aller plus loin que les apparences. Il perce la membrane eidétique du sensible, pour démarquer la morphè, structure secrète du réel. C'est en ceci que la "chose" devient cosa mentale. Murphy est-il une chose ? Il est la morphè de l'humain, selon Beckett. La structure intime et indiciblement complexe de la réalité (choseté ?) humaine, — si malléable, en fait, dans sa complexité ...
Lire la suite
L'auteure réussit à nous convaincre que le pictural est, pour le regard difficile de Beckett, ce qui fonde poïétiquement son activité fiévreuse. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la peinture n'est pas un art "rétinien" (pour parler comme Duchamp) — pas plus que le théâtre. Beckett supportait mal qu'on puisse "regarder" ses pièces… Le pictural, dans la peinture et ailleurs, somme les yeux d'aller plus loin que les apparences. Il perce la membrane eidétique du sensible, pour démarquer la morphè, structure secrète du réel. C'est en ceci que la "chose" devient cosa mentale. Murphy est-il une chose ? Il est la morphè de l'humain, selon Beckett. La structure intime et indiciblement complexe de la réalité (choseté ?) humaine, — si malléable, en fait, dans sa complexité, qu'elle est ouverte, comme toute œuvre, à sa propre création.