Michel Foucault est une figure phare de la vie intellectuelle dans le monde entier. Il a été l'un des penseurs qui ont mis la notion de discours au centre de la réflexion des sciences humaines et sociales et il a contribué au développement de champs nouveaux comme les études sur la sexualité, les études culturelles ou encore les études sur la gouvernementalité. Même s'il s'est refusé à se poser en fondateur d'un courant d'analyse du discours, il a aussi été une source constante d'inspiration pour ce champ de recherche alors émergent, en particulier par son livre l'Archéologie du savoir.Ce numéro de Langage & Société ne cherche pas à retracer la déjà longue histoire de l'influence de Foucault sur l'analyse du discours; il ne cherche pas non plus à éclaircir la signification d'un certain nombre de ses concepts (" formation discursive ", " dispositif ", " archive "…). Il s'attache plutôt à mettre en évidence le rôle d'inspirateur qu'il continue à jouer dans l'étude du discours. C'est ce dont témoignent les articles présentés, qui abordent des questions très diverses, à la mesure d'une œuvre protéiforme qui associe une créativité conceptuelle sans cesse renouvelée à un savoir historique considérable.Parmi les objets choisis par les auteurs et les autrices, on compte les discours contemporains du religieux, la discipline des corps, la production journalistique, le débat sur le néolibéralisme et la critique du pouvoir.
Cet ouvrage offre un aperçu de la recherche francophone actuelle sur les langues coréenne et japonaise, encore trop rarement comparées ou contrastées. Il aborde de nombreux domaines de la linguistique, par des auteurs issus de différents champs disciplinaires au sein des sciences du langage, de cadres théoriques variés et de différentes générations.Il intéressera les chercheurs en linguistique coréenne et japonaise, en linguistique générale, mais aussi les étudiants de ces langues, de plus en plus nombreux en France, et plus largement le public intéressé par les langues coréenne et japonaise.
L'analyse du discours francophone en Afrique de l'Ouest – Perspective historique et épistémologique
La contextualisation historique et épistémologique des disciplines est une préoccupation qui revient à intervalles réguliers dans les Suds, en Afrique notamment, sous la forme d'un appel pressant à la décolonisation des savoirs. Ce numéro, inscrit dans ce cadre politico-scientifique, vise à décrire l'histoire, la généalogie et les perspectives de l'analyse du discours dans la sous-région Ouest, tout en examinant ses enjeux épistémologiques. Ce faisant, il répond à une actualité en Afrique, marquée par la création du Réseau africain d'analyse du discours (R2AD) en 2019, qui a stimulé l'intérêt pour structurer le champ de l'analyse du discours francophone, alors peu développé. La problématique centrale de ce dossier est l'urgence de la valorisation des savoirs endogènes, souvent minorés au profit de la " bibliothèque coloniale " témoignant de la domination de la recherche africaine par des institutions et chercheurs et chercheuses de l'Occident.Les auteurs et autrices y élaborent une cartographie de l'analyse du discours en Afrique de l'Ouest en examinant ses trajectoires théoriques, ses terrains et projets ouverts par la jeune recherche, et ses liens avec la sociolinguistique. Le numéro propose enfin une bibliographie raisonnée et commentée.
Ce numéro propose aux chercheurs et étudiants se destinant à la recherche et à l'enseignement de revenir sur la notion de transitivité en croisant les perspectives proposées par différentes langues (anglais, finnois, français, géorgien et vietnamien). Les articles permettent d'explorer des mécanismes très variés de transitivisation et montrent dans quelle mesure les spécificités des langues amènent une révision de la notion de transitivité dans une perspective plus adaptée à la diversité de ses manifestations.
Variations en anthropologie (&) linguistique offertes à Aurore Monod Becquelin, vol. 1
L'ouvrage réunit un ensemble de travaux consacrés aux discours et aux langues d'Amazonie et du monde maya, rédigés par des spécialistes de renommée internationale. Les analyses abordent des thématiques phares de l'anthropologie linguistique, à partir d'études de cas issues d'enquêtes de terrain ou d'archives. Des aspects structurels de certaines langues amérindiennes – portant notamment sur l'espace, le temps ou l'agentivité – sont examinés dans une approche discursive et pragmatique. Différentes formes orales, en particulier celles de registres rituels, mais aussi mythiques ou conversationnels, sont étudiées tant pour leurs qualités poétiques que pour leurs modes spécifiques de significations et d'efficacité. La polyphonie énonciative ainsi que l'intertextualité de ces paroles sont mises en lumière, de même que les usages de la vocalité, de la gestualité et d'autres modes co-expressifs de la communication. L'ouvrage met en valeur les paroles étudiées dans leur langue originale et s'interroge, dans une perspective réflexive à la fois contemporaine et historique, sur les révélations et effets produits par la traduction de langues si éloignées des nôtres. Le livre est dédié à Aurore Monod Becquelin, américaniste et ethnolinguiste dont les contributions essentielles aux différents domaines abordés constituent une source d'inspiration pour les auteurs. L'introduction et le chapitre final offrent une présentation historique inédite du parcours de cette chercheuse et du champ des études qu'elle a largement contribué à fonder et à animer en France, en dialogue constant, depuis plus de cinquante ans, avec ses terrains et ses collègues du proche et du lointain.
Approches processives et dynamiques de la construction du sens
La phrase est généralement considérée par les grammairiens et les linguistes comme un agencement d'unités susceptible d'être modélisé spatialement, sous forme d'arbres ou de structures topo-syntaxiques. Cependant, du point de vue des sujets parlants, qui font l'expérience des énoncés lors de l'activité de parole et d'interprétation, une phrase se déroule dans le temps. La durée opérative qui s'écoule entre l'instant où elle commence et celui où elle s'achève est celle de la construction du sens. De ce point de vue, une syntaxe ne peut être que chrono-syntaxe.Cet ouvrage réunit sous l'appellation " Les ChronosyntaxeS " plusieurs approches théoriques et descriptives impliquant le facteur temps en syntaxe, et confronte leurs complémentarités et divergences. Les différents chapitres s'intéressent aux protocoles de construction du sens de langues aussi diverses que le français, l'anglais, l'espagnol, le portugais, l'arabe, l'allemand, le guarani, le tahitien ou le breton.
Le volume réalise une approche explicitement linguistique et pragmatique des écrits dans l'espace public en Europe et au Japon. La réflexion porte sur un large spectre de formes d'injonction écrite. À travers les nombreuses illustrations, le volume montre toute la complexité et l'omniprésence des panneaux, affiches, flèches et autres messages au sol qui constellent l'espace public et guident ou contraignent ses usagers. L'injonction est ici prise au sens large, allant de l'invitation à voir un film, à acheter une voiture ou des produits bio, aux consignes dans l'espace d'attente d'un centre médical, dans un musée ou en bord de mer. Le guidage spatial en fait partie, tout comme les plaques mémorielles. Les auteurs, de langues et cultures scientifiques différentes, discutent la notion d'injonction au sens grammatical, et plus largement la visée directive en les mettant en rapport avec des notions comme l'énonciation, l'autorité, les savoirs partagés et, sur un autre plan, les moyens sémiotiques.
Loin d'être immuables, les langues ne cessent de se transformer au gré des contacts entre les peuples. Les migrations humaines sont à ce titre un facteur important d'évolution linguistique. Celles des Européens vers les colonies, à partir du XVe siècle, ont donné naissance à de nouvelles variétés et, en particulier, à des créoles. L'histoire de ces parlers apparus au cours de l'époque moderne mérite que l'on s'y attarde, tant leurs processus d'émergence et de différenciation font écho à ceux des langues romanes.Cette leçon inaugurale entreprend d'analyser les dynamiques évolutives des créoles et du français, mettant en évidence les enjeux sociaux, politiques et économiques qui les traversent. Questionnant les préjugés des philologues du XIXe siècle et jusqu'aux idées reçues qui persistent de nos jours, elle montre que la déconstruction des représentations coloniales de la formation des créoles est indispensable pour faire avancer la compréhension du développement des langues romanes.
Contribution à une histoire de l'idée d'épopée d'Hérodote à Tzetzès
En Grèce ancienne, l'épopée, en tant que genre littéraire, a été en grande partie éclipsée par la place prééminente accordée au " divin Homère " dans tous les domaines de la culture. Modèle absolu, non seulement de toute forme de poésie, mais aussi de toute littérature, source de tous les savoirs, Homère est irréductible au genre épique. Or, la dimension d'autorité qui lui est conférée ne laisse guère de place pour d'autres poètes. En outre, contrairement à la tragédie ou à la comédie par exemple, l'épopée n'a pas de nom spécifique: elle est souvent désignée uniquement au moyen du terme poiesis, " poésie ", ou reçoit des appellations diverses liées au vers employé, l'hexamètre dactylique.Toutefois, un certain nombre de grammairiens d'époques impériale et byzantine remettent sur le métier les définitions de la poésie épique. Le présent volume prend le parti de se fonder sur ces conceptions tardives et retrace leur formation à partir des textes plus anciens. Hérodote, Platon et, bien sûr, Aristote proposent déjà des définitions partielles et partisanes, mais déterminantes pour celles qui suivront.Quelles sont les diverses appellations du genre épique? Comment est-il caractérisé? Comment les Anciens le conçoivent-ils au sein des genres littéraires? Analysant la formation des définitions du genre épique et donnant accès à un corpus de textes théoriques traduits ici pour la première fois en langue moderne, l'ouvrage, qui s'adresse aussi à un public non-helléniste, se veut utile à toute personne s'intéressant aux théories de l'épopée, et plus largement, aux théories des genres littéraires.
Au-delà de la pensée " communicante " qui impose ses bien-entendus, ce dossier interroge toute situation de communication comme le territoire d'un malentendu qui offre une ouverture nécessaire aux dires de l'autre. Un malentendu ne serait pas une communication ratée, manquée, ni un échec en attente de réparation, mais une chance (Servais & Servais 2009). À rebours des idées reçues, le malentendu est envisagé dans les pages de ce dossier comme la possibilité pour les locuteurs d'enquêter sur les places qu'ils occupent, les interprétations qu'ils projettent. Il est un concept critique qui interroge nos libertés dans des situation de communication et d'écoutes sensibles.
Forgée aux États-Unis au début des années 1990, la notion de " guerres culturelles " désigne la tendance à la polarisation du débat public sur les enjeux sociétaux et moraux relatifs notamment aux minorités sexuelles, religieuses ou ethno-raciales et aux représentations littéraires, artistiques ou médiatiques les concernant. Grille de lecture de plus en plus utilisée pour rendre compte des transformations des clivages politiques, les " guerres culturelles " constituent aussi une guerre des mots. Le présent dossier entend examiner les dimensions discursives et le potentiel rhétorique et argumentatif de ces guerres culturelles.Les textes réunis dans ce dossier s'intéressent ainsi à différents enjeux au cœur de ces guerres culturelles actuelles tels que les questions de genre, d'insécurité, d'immigration ou les polémiques autour du " wokisme " et de la cancel culture. Ils s'intéressent aux entrepreneurs politiques, intellectuels et/ou médiatiques de ces guerres culturelles souvent situés à l'extrême droite de l'échiquier politique, à leurs cibles et aux moyens rhétoriques, stylistiques et lexicaux mobilisés. Ils questionnent aussi leurs modalités de circulation dans l'espace public national voire transnational, et leurs usages voire leurs effets, notamment dans la compétition électorale.
Les discours sur l'environnement, entre performativité et mise en scène de l'action
Ce dossier thématique de Semen entend interroger la relation entre discours, au sens large de mobilisation intégrée de différents types de ressources sémiotiques, et action en faveur de l'environnement, qu'il s'agisse de pratiques sociales, économiques, culturelles ou artistiques, renvoyant au discours en acte, au registre de la praxis. Sa visée est d'interroger la performativité propre aux discours environnementaux, en mettant en lumière différentes formes prises par cette performativité, à partir du double prisme de l'analyse discursive – envisagée tout particulièrement dans sa dimension rhétorique et argumentative – et sémiotique.