Langue minoritaire et communauté autour du Mont-Blanc
Un ensemble de variétés linguistiques à cheval sur trois États européens, la France, la Suisse et l'Italie, est identifié depuis la fin du XIXe siècle sous le nom de francoprovençal. Cette langue romane minoritaire, appréhendée ici à divers échelons, régionaux, nationaux et transfrontaliers, reçoit aussi de la part de ses locuteurs ou promoteurs d'autres dénominations telles que celles de patois, savoyard ou arpitan. Aujourd'hui, le francoprovençal est juridiquement reconnu comme une langue à part entière dans les trois pays concernés, et une politique linguistique transfrontalière se développe en faveur de son statut et de sa valorisation.L'ouvrage se concentre sur l'analyse critique du discours de différents acteurs sociaux qui participent à l'émergence d'une communauté linguistique à la base d'un ensemble de pratiques communicatives disparates et de représentations identitaires souvent conflictuelles. Il est issu de neuf années de travail de terrain dans les trois pays concernés, privilégiant la méthode de l'observation participante et mené majoritairement en francoprovençal.
La CAG 38/4 est une refonte totale de la CAG 38/1, Isère (arrondissements de Grenoble et de Vienne, sans Vienne) publiée en 1994 et épuisée. Cette CAG permet d'actualiser la documentation de ce riche département après la publication de la CAG 38/2 (Nord Isère) en 2011 et la CAG 38/3 (Vienne) en 2014. Ce travail était d'autant plus nécessaire que, dans les années 1990, les chantiers de construction de la ligne TGV Lyon-Valence et de l'autoroute A 49 entre Grenoble et Valence ont fait l'objet de nombreuses prospections et de fouilles dont les résultats sont restés inédits. La recherche avait aussi beaucoup progressé à la fois par l'étude des mosaïques avec le Recueil général des mosaïques de la Gaule (III-Narbonnaise, 3) d'Henri Lavagne, en 2000 et pour l'épigraphie avec les trois volumes sur la Cité de Vienne publiés sous la direction de Bernard Rémy (ILN, Vienne, V.1-2-3) en 2004-2005.Ce travail a été dirigé par François Bertrandy, professeur émérite d'Histoire romaine à l'Université de Savoie Mont-Blanc. Jean-Pascal Jospin, conservateur en chef du musée Dauphinois et directeur du Musée archéologique de Grenoble Saint-Laurent, s'est chargé de la notice consacrée à Grenoble, à partir des dossiers qu'il avait constitué sur la ville et sur le secteur de Saint-Laurent. Denis Gonin (archéologue au SRA Rhône-Alpes) s'est engagé dans des campagnes de prospections-inventaires diachroniques sur les plaines de la Bièvre et du Liers.Jean-Pierre Moyne (docteur en Histoire médiévale) a étudié les sites de la cluse de Grenoble et le pays voironnais,Guillaume Varennes (conservateur du Patrimoine) a beaucoup parcouru les secteurs de la Bièvre et de la Valloire, ainsi que la commune de Revel-Tourdan.
À l'heure où le pouvoir central a décidé d'entamer une réforme nationale de la carte territoriale, décision a été prise de fondre, en 2015, la région Rhône-Alpes avec la région Auvergne. Il est donc nécessaire, pour la communauté historienne, de porter un regard rétrospectif sur ce qui a construit un espace régional depuis deux siècles, dénommé autour d'un fleuve, le Rhône, et d'un espace de montagne, les Alpes. Il y a là une volonté de proposer aux citoyens un travail de mémoire sur le cadre spatial et les dynamiques qui ont donné une identité à ce territoire. C'est pourquoi une quinzaine d'historiens et d'historiennes appartenant aux pôles universitaires lyonnais, grenoblois et stéphanois se sont rassemblés pour proposer un ouvrage inédit, accessible à tous, structuré autour d'une vingtaine d'entrées thématiques.
Massif préalpin savoyard, les Bauges s'intercalent entre la vallée de l'Isère, le lac du Bourget et le lac d'Annecy. Au cœur de cette forteresse calcaire où l'on accède par des cols et des gorges, s'étend un petit pays de montagne, profondément humanisé, partagé aujourd'hui entre agriculture, artisanat et tourisme. Le canton du Châtelard qui lui donne son armature administrative est l'avatar d'une ancienne châtellenie du comté de Savoie née autour d'une forteresse aujourd'hui disparue. Pour l'historien médiéviste, ce petit pays offre la caractéristique d'être remarquablement documenté pour le 13e et le 14e siècle. Fonds monastiques et sources administratives du comté de Savoie se complètent pour éclairer de nombreux aspects de cet univers de montagne. Apparaît alors une société fortement encadrée par la seigneurie et l'État princier ; une société paysanne où les communautés d'habitants sont discrètes mais néanmoins bien présentes et où s'affirme une petite élite de notables ; une société où les communautés monastiques, pourtant bien pourvues en terres, ne jouent pas le rôle central qu'on leur prête. Dans cet univers où l'arbre reste omniprésent, les villages actuels tapissent déjà les vallées. Au-dessus les défrichements se poursuivent activement par la hache et le feu jusqu'à la veille de la Grande Peste. Plus haut encore, moines et paysans s'affrontent pour le contrôle des alpages.
Contribution des travaux du TGV-Méditerranée à l'étude des sociétés rurales médiévales
Trois cents kilomètres de transect traversant des secteurs archéologiquement très sensibles, en particulier le couloir rhodanien, l'un des principaux axes de circulation de l'Europe occidentale depuis la Préhistoire : le projet de TGV entre Lyon et Marseille constituait un défi scientifique. Une opération préventive sans précédent par son ampleur et sa complexité l'a relevé, dont l'auteure nous présente les résultats pour la période médiévale. Apportant une éclairage nouveau sur les habitats écartés habituellement si difficiles à repérer, cet ouvrage réactualise le tableau géographique et environnemental de la moyenne vallée du Rhône, repose la question d'une césure entre l'Antiquité tardive et le Moyen Âge, et précise l'évolution de l'organisation des campagnes.
Table ronde en l'honneur du professeur René Neboit-Guilhot
Géographes, paléoenvironnementalistes, historiens et archéologues se sont réunis, autour de René Neboit-Guilhot, pour revisiter une problématique scientifique qui lui est chère : les rapports complexes et multiformes existant au sein du triptyque société, climat et érosion. L'ouvrage présente cinquante-six contributions regroupées autour de trois questions clefs. La première concerne les difficultés méthodologiques posées par le déchiffrage et l'interprétation des archives sédimentaires comme indicateurs des paléoenvironnements et des paléodynamiques holocènes. La deuxième soulève le problème des dialectiques homme/climat et insiste sur leur inégale perception selon les acteurs scientifiques, les échelles d'analyse et les contextes morphoclimatiques. En troisième lieu, enfin, est proposée une mise au point sur les acquis et les perspectives des recherches géomorphologiques et géoarchéologiques dans le monde méditerranéen.
Renaissance littéraire et renaissance linguistique en pays de langue d'oc aux 19e et 20e siècles
Le 19e siècle a été, en Europe, "le siècle des renaissances" littéraires et linguistiques. Des langues connaissent alors des formes d'institutionnalisation dont elles n'avaient jamais bénéficié jusque-là, et, de ces langues accédant ainsi à la légitimation culturelle et politique, des traditions littéraires surgissent ou resurgissent. L'urgence des temps s'accompagnait alors d'une résurgence des mots. La renaissance littéraire occitane a fait partie de ce mouvement multiforme, avec ses caractéristiques propres. Elle n'est pas renaissance à partir de rien, mais retour sur une histoire déjà ancienne : celle de ses origines et de ses splendeurs médiévales, dont le souvenir a cependant très tôt été considéré bien davantage comme le signe d'une disparition que comme celui d'une continuité à restaurer. De Fabre d'Olivet, son théoricien, jusqu'à Frédéric Mistral, en passant par le Bordelais Antoine Verdié ou l'Agenais Jasmin, ce manque s'est transformé en désir d'écriture sans relâche travaillé par la question lancinante de la transmission des mots et de son interruption. Au 20e siècle, des écrivains comme Joseph d'Arbaud, Antonin Perbosc ou, plus près de nous, Max Rouquette et Bernard Manciet, ont ancré leur écriture dans cet exil des origines qui est ainsi devenu la forme première de leur expression et de leur imaginaire.
L'ouvrage réunit tout ce qu'il faut savoir de l'ancien occitan pour lire les troubadours et les textes de la littérature occitane du Moyen Âge. Les auteurs ont voulu qu'il soit surtout pédagogique, simple, clair et facile à consulter, afin que la découverte et l'apprentissage de la langue occitane ancienne soient plus agréables et plus efficaces/Recampa çò que cal saber de l'occitan ancian per legir los trobadors e los tèxtes de la literatura occitana de l'Edat Mejana. Los autors l'an volgut sustot pedagogic, simple, clar e de bon consultar per tal que la descobèrta e l'aprendissatge de la lenga occitana anciana foguèsson mai agradius e mai eficaces.
Lettres d'Albert Blanc à François Buloz, 1858-1861
Le volume rassemble vingt-huit lettres adressées de 1858 à 1861 par Albert Blanc (1835-1904), futur haut fonctionnaire, ambassadeur et ministre du royaume d'Italie, à François Buloz, le directeur de la Revue des deux mondes. Présentées et annotées par Christian Sorrel, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Savoie, elles éclairent, de réflexions générales en anecdotes, l'état d'esprit d'un jeune libéral savoyard en quête d'une carrière entre littérature, journalisme et diplomatie et dessinent, à grands traits, le théâtre sur lequel se joue le destin croisé de la Savoie, de la France et de l'Italie à l'heure de la guerre de libération contre l'Autriche, de l'unification de l'Italie et de la cession de la Savoie à la France.