Rodolphe Alexandre, Jean-Pierre Bacot et Denis Riquier – Avant-Propos
Présentation
I La Guyane pendant la guerre
Le vie quotidienne
La situation des étudiants guyanais en métropole
Les produits d'exportation
Espions et espionnite
La dure vie dans les bagnes de Guyane
Le sentiment national
Sans être au front, travailler pour la victoire.
II Les Guyanais à la guerre
La conscription des Guyanais
La mobilisation
Les prémices de la guerre
La mobilisation
15 janvier 1915 : départ des réservistes
15 mars 1915 : conscrits de la classe 14 et engagés volontaires
Les Guyanais vivant en métropole
Les bagnards et l'engagement dans la bataille.
Les soldats guyanais de 1914-1918
Soldats nés en Guyane
Soldats guyanais nés au Contesté franco-brésilien
Soldats guyanais nés en Guadeloupe
Soldat guyanais né à Saint-Martin
Soldats guyanais nés en Martinique
Soldat guyanais né à La Réunion
Soldat guyanais nés en Nouvelle-Calédonie
Soldats guyanais nés en France hexagonale
Soldats guyanais nés à l'étranger
Soldats guyanais dont le lieu de naissance n'a pas été déterminé.
Les Guyanais sur les théâtres d'opération
Les lieux de la guerre
Les blessés
Les prisonniers
Les " cités " et les décorés.
Les soldats guyanais " morts pour la France ", 1914-1918
Notes biographiques (soldats nés en Guyane).
Des parcours singuliers
Henri Auduit : le vieux " colonial "
Léon Becker : un Sinnamarien au sommet de la gloire
Edward Benjamin : consul de France à Tchen-Tou
Hector Bernard : tombé à la deuxième bataille de la Marne
Roger Bertrand : mourir à dix-sept ans
Auguste Boudinot : l'homme droit
Georges Casca : de la Grande Guerre aux combats de la France Libre
Claude Chandon : le planteur guyanais
Albert Darnal : le poilu versé en politique
Alexandre Decomis : de la médecine aux huileries
Albert Eutrope : du XV de France au Cameroun
Ange Gaffory : le mutualisme ancien combattant
Charles Gaspard : le cultivateur de Tonnégrande
Paul Goudet : l'orphelin de l'Oyapock devenu infirmier
Camille Hérard : le centralien
Etienne Latulippe : de Mana à Brazzaville
Henry Le Boucher : un médecin dans la guerre
Maurice Leefson : le tirailleur sénégalais
Raymond Léopold-Léger : le juriste courageux
Joseph Margry : une jeunesse passée aux armées
Maurice Mayen : de Montsinéry à la Méditerranée et à Saut-Tigre
René Michel : l'insoumis mort pour la France
Pierre Monnerville : médecin-auxiliaire au front
Pierre Rejon : un as de l'Escadrille des coqs
Victor Rey : le gouverneur engagé volontaire
Maurice Thiébaut : les missions internationales
Marcel Vignol : les blessures du corps.
La fin de la guerre
L'armistice du 11 novembre 1918
Le retour des blessés et des " gueules cassées "
Le " Foyer du retour " 229
Les Noirs des " vieilles colonies " en France
Après la guerre : vie politique et vie quotidienne en Guyane
Des déportés de guerre à l'île-du-Diable
" Gueule cassée " et bagnard
Pierre Bougrat
" Adoption " de Bazailles : amitié et entraide transatlantiques.
III La construction de la mémoire : dire la guerre et dire la mort
Les lieux de mémoire guyanais
– Cayenne : collège Eugène-Nonnon, plaque commémorative, 1914-1919 – monument aux morts de la Guyane, place du Coq – cimetière d'Estrée, monument funéraire – cimetière d'Estrée, carré militaire, tombe de Saint-Just Borical – toponymie (noms de rues).
– Iracoubo : monument aux morts, place Edmé-Lama (mairie) – toponymie.
– Kourou : plaque commémorative, place de l'église – toponymie.
– Mana : monument aux morts (vers la mairie) – toponymie.
– Régina : monument aux morts – toponymie.
– Saint-Georges : monument aux morts – toponymie.
– Saint-Laurent : monument aux morts – toponymie – un lieu de mémoire involontaire : l'Edith Cavell.
– Sinnamary : monument aux morts – toponymie.
Les lieux de mémoire en France et à l'étranger
– Les nécropoles nationales
– Carrés militaires de cimetières.
Les associations d'anciens combattants
La jeunesse et la mémoire de la Grande Guerre
De l'émotionnel à l'éducatif
Les " Petits artistes de la mémoire "
Un " 11 novembre " au collège.
Les troubles de la mémoire : le " cas " Borical
Un soldat cayennais
La découverte
L'invention d'un héros
En guise de conclusion : le temps de la recherche
Chronologie
Sources
Bibliographie sommaire
Index
Lexique
Crédits iconographiques
En novembre 2013, le président de la République a annoncé pour 2014 l'ouverture des célébrations nationales consacrées au centenaire de la Première Guerre mondiale, qui auront lieu jusqu'en 2018, et se prolongeront probablement jusqu'en 2019 pour tenir compte du Traité de Versailles.Les historiens, archivistes, chercheurs et enseignants, sont de plus en plus dubitatifs, voire clairement hostiles, face aux commémorations historiques, notamment en réaction aux différents textes mémoriels dont le législateur – c'est, avec les amendements de circonstance ou de blocage, sa grande spécificité de parlementaire français – nous a gratifié ces dernières décennies. Et, depuis que sont également instituées des " célébrations nationales ", les journées " historiques ", les commémorations " émouvantes " et les paroles de repentance pleuvent comme à Gravelotte…Il en est autrement pour le Centenaire de la Grande Guerre. Pour la France, elle n'a pas concerné une communauté particulière, mais l'ensemble d'une nation, avec tous les peuples qui la constituaient, et tous les groupes sociaux. Elle a été mondiale, tant par l'étendue et la diversité des théâtres d'opération, que par les pays qui y ont pris part. Et puis, il y a le temps, l'ancienneté du " fait " historique. Il n'existe plus d'acteurs de cette période, peu de leurs propres enfants sont encore vivants. La phase mémorielle a eu lieu principalement dans l'Entre-deux-guerres, et s'est en partie éteinte après Vichy. Enfin, les relations entre les états du Vieux continent ont changé, et les anciens pays de l'Axe ne sont plus depuis longtemps ressentis comme hostiles; ils ont pour la plupart noué des liens d'amitié solides avec les démocraties européennes et, pour certains d'entre eux, sont des régimes exemplaires en matière de démocratie, de libertés individuelles et collectives. La Grande Guerre, ses acteurs, sa mémoire, ne constituent plus un enjeu politique, même mineur, au plan national ou au plan européen.Le temps de l'Histoire est venu, et la commémoration du Centenaire de 1914-1918 est l'occasion pour les chercheurs de tenter, par leurs travaux, de répondre à une demande sociale bien légitime de connaissance sur cette période essentielle de notre histoire.La part prise par les colonies à la Grande Guerre n'a pas échappé à l'historiographie classique, et ce, dès la fin même des hostilités. Une grande place a été faite, dans beaucoup d'ouvrages, sur la contribution de la France tout entière – l'Hexagone et l'Empire – au premier confilt mondial. Pourtant, et la production des historiens n'y échappe pas, c'est surtout la contribution africaine, c'est-à-dire essentiellement l'Algérie et l'Afrique noire, dont la connaissance est partagée: zouaves et tirailleurs symbolisent à eux-seuls l'ensemble des colonies.Certes, il ne s'agit pas là d'une illusion d'optique, mais bien d'un regard biaisé par une réalité numérique: les " vieilles " colonies françaises – Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique – faiblement peuplées, ont fourni un nombre de soldats de très loin inférieur à la contribution de l'Algérie et du Sénégal, pour ne citer que ces deux territoires. Mais, l'Histoire est là: en plus des zouaves algériens, et des tirailleurs sénégalais de la " Force noire "1, il y eut, venus de l'Atlantique et de l'océan Indien, des soldats créoles; il y eut également des bataillons d'Indochinois, d'Indiens (Etablissements français de l'Inde), de Kanak (Nouvelle-Calédonie) et de Tahitiens (Polynésie).La Guyane, terre française d'Amérique du Sud, si lointaine des champs de bataille, a vécu la Première Guerre mondiale. A partir d'août 1914, des jeunes hommes – et d'autres plus âgés – se sont engagés, ou ont été mobilisés, et sont allés combattre en France, en Belgique, en Orient, en Afrique. Et les corps de près de trois cents d'entre eux reposent à Seddul-Bahr, Zeitenlick, Alexandrie, au Cameroun, ou dans les nécropoles nationales de Belgique et de France2.Nous avons cherché, à travers de nombreux documents d'archives et témoignages sur cette époque, et dans les limites d'un ouvrage modeste, à mieux comprendre comment la colonie de la Guyane, loin du bruit des canons, a vécu cette période clé du xxe siècle, quelle fut la part prise par ses habitants, plus particulièrement les soldats, dans l'épreuve de la Grande Guerre.Nous avons tenté également de suivre quelques parcours individuels de combattants guyanais, autant que la documentation archivistique pouvait les renseigner. Ils ont été choisis en partie pour la diversité des " morceaux de vie " qu'ils représentent.Enfin, nous nous sommes attachés à voir comment s'est construite la mémoire de la Grande Guerre en Guyane, à travers les monuments commémoratifs, les hommes, les actions éducatives et les choix politiques. Et la mémoire est ici étudiée comme un objet d'histoire.Cette publication n'a pas l'ambition d'être une étude exhaustive sur la Guyane dans la Grande Guerre, d'ailleurs illusoire en l'état des sources documentaires disponibles. Il est d'ailleurs intéressant, si l'on veut s'enrichir d'angles d'approche différents (et complémentaires), de ne pas omettre la lecture d'autres ouvrages récemment parus sur la même période.Les auteurs seraient largement récompensés si les pages qui suivent apportaient aux lecteurs de Guyane quelques connaissances complémentaires sur l'histoire de leur région, si elles faisaient connaître ailleurs la part prise par cette lointaine terre de France dans la Première Guerre mondiale, ou si elles donnaient le goût à des étudiants en Histoire d'aller explorer quelques fonds d'archives encore vierges – leur nombre est insoupçonnable – et qui n'attendent que leurs analyses.P. Guyot, M.-C. Gardiennet et L. Champesting