Le numéro encourage le dialogue interdisciplinaire entre deux champs d'étude qui se sont longtemps tourné le dos, les sciences sociales et la littérature, afin de réfléchir sur ses modalités dans l'espace romand et sur les profits heuristiques que l'on peut espérer en tirer. Ce dialogue est loin d'être facile à établir, car il se fonde sur un arrière-plan souvent polémique. D'un côté, c'est la littérarité même des œuvres qui semble d'emblée les soustraire à l'investigation des sciences sociales. Pour les littéraires, le texte acquiert sa légitimité en tant qu'objet d'étude par le biais d'un primat donné à la visée esthétique, qui l'extrait du même coup du champ des discours sociaux et lui confère un caractère de singularité irréductible. D'un autre côté, les chercheurs ...
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R. Baroni, J. Meizoz et G. Merrone, " Littérature et sciences sociales : dialogue de sourds ou mariage de raison ? " ; D. Maingueneau, " Les deux cultures des études littéraires " ; D. Maggetti, " La littérature romande n'existe pas… sauf en sciences sociales ! " ; C. Cerny, " Un regard ethnocritique sur l'œuvre de Ramuz : l'exemple du légendaire " ; S. Pétermann, " Ramuz paysan, patriote et héros : construction d'un mythe " ; K. Schulz, " Neutralité et engagement : Denis de Rougemont et le concept de la "neutralité active" " ; J. David, " Sur un texte énigmatique de Pierre Bourdieu " ; A. Petitat, " Fiction, pluralité des mondes et interprétation " ; L. Bonoli, " Écrire et lire les cultures : l'ethnographie, une réponse littéraire à un défi scientifique " ; R. Baroni, S. Pahud et F. Revaz " De l'intrigue littéraire à l'intrigue médiatique : le feuilleton Swissmetal ". Document : G. Merrone et A.-J. Rapin, " Jean Chauma écrivain : le milieu du banditisme par l'un des siens ". Entretien : P. Casanova et J. Meizoz, " Littérature française et littérature romande : effets de frontière. Entretien mené par Pascale Debruères ".
Le numéro encourage le dialogue interdisciplinaire entre deux champs d'étude qui se sont longtemps tourné le dos, les sciences sociales et la littérature, afin de réfléchir sur ses modalités dans l'espace romand et sur les profits heuristiques que l'on peut espérer en tirer. Ce dialogue est loin d'être facile à établir, car il se fonde sur un arrière-plan souvent polémique. D'un côté, c'est la littérarité même des œuvres qui semble d'emblée les soustraire à l'investigation des sciences sociales. Pour les littéraires, le texte acquiert sa légitimité en tant qu'objet d'étude par le biais d'un primat donné à la visée esthétique, qui l'extrait du même coup du champ des discours sociaux et lui confère un caractère de singularité irréductible. D'un autre côté, les chercheurs en sciences sociales peuvent avoir tendance à traiter l'objet littéraire comme n'importe quel objet culturel, sans saisir alors l'intérêt de ce champ d'étude particulier pour leurs propres travaux, notamment sous l'angle de la problématisation des questions concernant l'écriture et la lecture des textes. Exemples à l'appui, le volume souhaite montrer les profits qu'il y a, pour tout spécialiste, à s'affranchir des limites "ininterrogées" de sa propre boîte à outils.