Pour les institutions comme pour les " experts ", faire autorité, c'est produire un discours marqué du sceau de la crédibilité ou même de la véracité, lesté du poids de la compétence ou de la connaissance, émis pour rencontrer " spontanément " la reconnaissance et recueillir " naturellement " l'assentiment. Contre Pierre Bourdieu (Ce que parler veut dire, 1982), qui affirmait que " l'autorité vient au langage du dehors ", ce dossier de Mots. Les langages du politique invite à explorer la dimension langagière qui alimente cet effet d'évidence. Nous faisons ici l'hypothèse que dans toute institution – au sens large de " groupement social légitimé " (Mary Douglas, Comment pensent les institutions, 1999) – coexistent des discours qui entretiennent des rapports différents à ...
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Michèle Monte, Claire Oger, " La construction de l'autorité en contexte. L'effacement du dissensus dans les discours institutionnels " ; Stefano Vicari, " Construction de l'ethos d'autorité dans les discours de l'Académie " ; Aude Dontenwille-Gerbaud, " L'effacement énonciatif des grands leaders républicains. Le paradoxe des discours sur le suffrage universel " ; Anne Régent-Susini, " Le 'glaive nu'. Rhétorique de l'évidence et autorité religieuse dans la France de la première modernité " ; Emilie Devriendt, Michèle Monte, " L'exposé des motifs : un discours d'autorité. Le cas des lois françaises de 2003, 2010 et 2014 sur les retraites " ; Thierry Guilbert, " Autorité et évidence discursives. Autovalidation dans les éditoriaux et chroniques du Point " ; Isabelle Huré, " Des magistrats sans autorité face aux victimes. Le cas des débats télévisés sur la récidive criminelle " ; Alice Krieg-Planque, " Construire et déconstruire l'autorité en discours. Le figement discursif et sa subversion ".
Varia
Annabelle Seoane, " Couac. Un levier pragmatico-énonciatif dans le discours journalistique ".
Résumés
Pour les institutions comme pour les " experts ", faire autorité, c'est produire un discours marqué du sceau de la crédibilité ou même de la véracité, lesté du poids de la compétence ou de la connaissance, émis pour rencontrer " spontanément " la reconnaissance et recueillir " naturellement " l'assentiment. Contre Pierre Bourdieu (Ce que parler veut dire, 1982), qui affirmait que " l'autorité vient au langage du dehors ", ce dossier de Mots. Les langages du politique invite à explorer la dimension langagière qui alimente cet effet d'évidence. Nous faisons ici l'hypothèse que dans toute institution – au sens large de " groupement social légitimé " (Mary Douglas, Comment pensent les institutions, 1999) – coexistent des discours qui entretiennent des rapports différents à l'altérité et à la conflictualité : échanges réputés symétriques obéissant à un " modèle conversationnel ", échanges ouvertement conflictuels des débats, polémiques et controverses, mais aussi discours apparemment consensuels et homogènes, qui tendent à imposer des normes de pensée et d'action, naturalisées au nom d'une tradition, d'une expertise, de garants incontestables… C'est ce dernier type d'organisation discursive qui sera interrogé dans ce dossier, tant dans les institutions publiques que dans les sphères médiatiques ou religieuses.